Critique Le Maître de la mort #2 [1988]
Avis critique rédigé par Manu B. le mardi 20 avril 2010 à 22h28
Uhlumé
"Narasen, la reine-léopard de Merh, se tenait à sa fenêtre et regardait Dame Calamité qui arpentait les rues de la cité. Dame Calamité portait sa robe jaune, car la maladie était une fièvre jaunâtre, jaune comme la poussière qui s'élevait en tourbillons des plaines, masquait la ville de Merh et l'étouffait, jaune comme la boue puante qu'était devenu le large fleuve de Merh..."
Au commencement était la Terre plate et elle reposait sur un océan de chaos. Alors qu'Ajrarn, le prince des démons règne sur Druhim Vanashta et s'amuse avec l'humanité qui peuple les terres intermédiaires, son non-cousin Uhlumé accomplit son éternelle tâche. Le maître de la mort apporte le repos aux agonisants et prend dans son royaume certaines âmes pour mille ans. Son oeuvre inexorable est perturbée le jour où Narasen reçoit la visite d'un magicien chétif et pourtant détenteur de sorts d'illusion très puissants. La fière reine-léopard de Mehr refuse d'accéder à la requête d'une nuit en sa compagnie. C'est la mort qui le trouve mais il réserve ses deniers souffles de vie pour cracher une malédiction à l'attention de Narasen...
Suite des histoires de la Terre Plate (rassemblées dans l'intégrale Le Dit de la Terre Plate aux éditions Mnémos), Le Maître de la mort complète l'univers déjà esquissé dans le premier volet de la série (Le Maître des ténèbres).
Sur le plan narratif, c'est le jour et la nuit.
Chaque volume est censé mettre en lumière l'un des maîtres démons. Paradoxalement, le maître de la mort Uhlumé n'est pas le personnage principal. C'est peut-être aussi pour cela que le roman est plus intéressant. En fait, Uhlumé n'est pas un seigneur démon aussi charismatique qu'Ajrarn malgré son apparence intimidante. Il a la peau noire et les cheveux blancs. Ses habits sont également blancs. Son visage ne laisse transparaître aucune émotion; ses yeux sont deux puits insondables.
Les véritables héros sont deux enfants a priori sans aucun lien mais à la destinée convergente. L'un, Jirem est le fils bâtard d'un roi. Sa beauté atypique attire la jalousie de ses demi-frères. Sa mère affolée conclut avec une sorcière un pacte qui assurera à l'enfant de ne pouvoir mourir. Ce sera aussi sa malédiction. L'autre, Simmu est la fille de la reine Narasen. Abandonnée à la naissance, elle sera recueillie pendant quelques années par deux Eshva, l'initiant à la magie.
Les destins croisés de ces deux-là forment une très belle histoire. Du moins, elle aurait été très belle si les seigneurs démons Uhlumé et Ajrarn ne s'en étaient pas mêlés. Evidemment, Ajrarn ne pouvait rester en dehors. De son côté, Uhlumé, occupé par sa mission de rassembler les morts, doit déroger à son rôle su seul fait de la vanité d'une défunte: Narasen. Contrairement à son roman Le Maître des ténèbres, Tanith Lee a du mal à se débarrasser de ses personnages. Et c'est tout curieusement qu'on retrouve tous les protagonistes principaux au bout de l'aventure.
Au final, c'est comme si ce roman était un négatif du précédent. Ce qui n'est pas pour déplaire au lecteur.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Le Maître de la mort #2 [1988]
La quasi totalité des défauts du Maître des ténèbres a été gommée dans ce roman. L'histoire de Simmu et Jirem s'avère compenser les quelques longueurs qui demeurent néanmoins. Ici la comparaison avec l'univers de Terremer prend du sens. Un très beau roman.
British Fantasy Award 1980.
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