Critique Les Orphelins #1 [2010]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 18 novembre 2010 à 18h33

Engagez-vous, qu’il disait, vous verrez des limaces

Nous nous ruâmes vers le hangar des quartiers-maîtres pour échapper au froid comme si nous étions en train de débarquer sur Omaha Beach. C'était un batiment d'un seul tenant, divisé dans sa longueur par un comptoir qui nous arrivait à la taille. Derrière ce comptoir se traînaient des hommes au regard vide en treillis olive. Dans leur dos se dressaient des étagères croulant sous des vêtements et des équipements tout aussi ternes...

Jason Wander est un jeune homme dont rien ne disposait à faire une carrière dans l'armée. Oui, mais voilà, les limaces, en attaquant la Terre, en ont décidé autrement. Engagé dans l'infanterie, Jason Wander finit par être choisi pour faire partie du premier corps expéditionnaire interplanétaire. Sa destination: Ganymède, satellite de Jupiter; son objectif: détruire le poste avancé de ces créatures extra-terrestres qui ont décidé de la destruction de l'humanité.

Voilà, en ces quelques lignes, résumée l'intrigue des Orphelins, premier tome (sur les cinq déjà parus en version originale) du cycle de Jason Wander. Avec un style très simple, à la rigidité quasi militaire, Robert Buettner nous propose dans ces quelques 320 pages une grande aventure humaine via le regard d'un petit délinquant se construisant, au fil des pages, un profil de héros de guerre. Pouvant être décomposé en deux parties bien distinctes, ce premier opus puise tellement, par sa structure et son thème, son inspiration dans le film de guerre (on pense particulièrement à Full Metal Jacket et au Maître de guerre), où le roman Etoiles, garde à vous ! (Starship Troopers au cinéma) que le récit ne peut éviter le déluge de clichés et la sensation de déjà-vu. Ainsi, les rapports humains qui se tissent autour du personnage de Jason Wander restent extrêmement prévisibles et le traitement tire parfois vers un pro-militarisme et un prosélytisme qui peut sembler excessif. La morale, qui vante les valeurs de l'armée (l'armée transforme les larves en hommes, blablabla...) et la mise en avant des bénéfices amenés par les guerres à notre civilisation sont des concepts qui peuvent (même si l'on ne peut nier qu'ils contiennent une grande part de vérité) gêner les lecteurs les moins bellicistes. Pourtant, pourtant, malgré cela et un ensemble manquant de finesse, force est de dire que Les orphelins est un ouvrage assez divertissant...

Une décompression explosive nous projeta à travers le sas comme des bouchons de champagne. Nous jaillîmes dans le vide éclairé par le soleil, à douze mètres au-dessus de la surface lunaire. Baveuse ouvrit la voie, je la suivis, battant des bras et criant tel Superman poursuivant une courgette à réaction...

L'une des principales raisons d'un tel niveau d'intérêt qui pourrait apparaitre comme un paradoxe: la sensation de réalisme. Il faut dire que Robert Buettner, cet ancien officier des renseignements militaires américains, quand il se penche à nous décortiquer le fonctionnement de l'armée, il sait de quoi il parle. L'Orphelin nous abreuve ainsi de détails techniques et de précisions faisant la crédibilité de l'histoire, et cela qu'elle se déroule dans le très réaliste camp d'entrainement d'Indiantown Gap ou qu'elle nous emporte dans le domaine de la pure science-fiction militaire. Le romancier a d'ailleurs eu la bonne idée de poser son histoire, non pas dans un environnement hight tech, mais dans un futur proche présentant une armée qu'il connait bien. Autre point positif : Buettner prend le temps de développer son histoire et il s'attache à bien nous familiariser avec les personnages et leur environnement (l'action proprement parlé ne commence qu'au chapitre 16). A coté de cela, si l'intrigue est traitée de manière très sérieuse, l'humour fait de temps à autre une petite apparition - ce qui apporte un bénéfique second degré - et je n'ai pu m'empêcher de sourire à la description des fantassins aliens. En effet, tous les lecteurs amateurs de jeux vidéo ne pourront s'empêcher de penser à Worms en découvrant ces limaces dressées revêtus d'armure, coiffés de casques et armés de fusils. Mais attention, si leur apparence peut sembler ridicule, ces créatures, qui réagissent comme s'ils n'étaient que les pièces d'un unique et redoutable organisme dénué d'émotion, sont suffisamment redoutables pour anéantir l'élite des troupes terrestres.

Au final, en un peu plus de trois cent pages, Robert Buettner nous emmène sur une Terre sombrant dans un hiver et une obscurité apocalyptique, nous fait revivre une mission Apollo précipitée (donc périlleuse) avant de nous parachuter sur le sol gelé de Ganymède, qui va se transformer en un horrible champ de bataille où l'esprit d'initiative, le sens du devoir et l'amitié (et l'amour) seront des valeurs salvatrices....  Des valeurs, bien entendu, que ces saletés d'aliens sont loin de posséder.

La conclusion de à propos du Roman : Les Orphelins #1 [2010]

Auteur Nicolas L.
70

Si vous êtes amateur de science-fiction militaire, ce premier tome du cycle de Jason Wander est apte à vous satisfaire. En effet, sens de l’honneur, force de l’amitié, esprit de sacrifice sont les valeurs humaines misent en exergue par ce roman qui structurellement se présente comme une sorte de Full Metal Jacket privé de son élément critique. Bref, si ce best-seller de la littérature SF américaine (récompensé par un Quill Award en 2004) peut sembler manquer de personnalité et faire preuve d’un pro militariste excessif, il reste de très agréable lecture et riche en péripéties et actes héroïques.

On a aimé

  • Pour les fans de SF militaire
  • Un récit ne manquant pas d’éléments intéressant
  • De lecture facile
  • Une intrigue assez fouillée
  • Un univers réaliste et violent

On a moins bien aimé

  • Peu original, bourré de clichés
  • Un récit sans finesse
  • Un pro militarisme qui peut sembler excessif

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