Critique Paul [2011]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 17 juin 2011 à 17h23
Un troisième type pas ordinaire
Graeme et Clive, deux geeks anglais, réalisent enfin un vieux rêve: assister à la fameuse convention de San Diego - le Comic-Con - qui réunit les plus grands noms du comic book et de la culture SF. Ils en profitent également pour présenter leurs travaux. Hélas, sans grand succès. Sur le chemin du retour, les deux amis décident de faire un tour du coté de la zone 51, lieu bien connu de tous les amateurs d'ufologie. Et c'est alors qu'ils traversent le désert du Nevada, essayant d'échapper à un duo d'autochtones un brin irascibles qu'ils vont rencontrer un troisième type ; Paul...
Paul est un alien, un petit gris comme l'on voit sur les couvertures de comic books et les cartes Topps. Un véritable cliché vivant. Normal, car Paul est sur Terre depuis plus de 60 ans, détenu dans le plus grand secret par le gouvernement américain. Mais cette tenue au secret cela n'a pas empêché les fuites, ni même certaines communications officielles avec l'extérieur, comme celle avec un certain Steven Spielberg. Par contre, si physiquement, Paul colle parfaitement à l'image que l'on se fait communément des extra-terrestres, il en est tout autrement de son intellect. Graeme et Clive vont rapidement se rendre compte que, malgré un crane démesuré qui amène à croire que l'on a affaire à une intelligence supérieure, Paul est un mec comme les autres. Il fume comme un pompier (et pas que du tabac), boit comme un trou et jure comme un charretier. En plus, il n’est pas très adroit. Par exemple, vous imaginez les aliens experts dans la conduite d'engins spatiaux? Et bien, Paul n'arrive même pas garder une voiture sur la route - ce qui, il y a environ 60 ans, n’a pas manqué de lui attirer quelques ennuis.
Tout d'abord décontenancés par son attitude, Graeme et Clive vont finir par prendre conscience que Paul est un gars vachement cool. Ils décident donc de l'aider à échapper à ses poursuivants: les agents des services secrets. Car oui, Paul s'est échappé de sa prison et n'aspire désormais plus qu'à une seule chose: rentrer chez lui après avoir téléphoné maison. Commence alors une grande histoire d'amitié, pleine de rebondissements...
Séparés d'Edgar Wright (attaché au projet Scott Pilgrim vs. the World), les deux comiques Simon Pegg et Nick Frost nous offrent avec Paul une histoire qui leur correspond vraiment: l'improbable rencontre entre deux vieux geeks immatures et une créature extra-terrestre. On imaginait donc bien, avant d'avoir vu une seule image du film, une succession de gags hilarants, basée sur un comique de situation efficace. Et la première bande annonce, qui nous dévoilait les circonstances rocambolesques de la rencontre entre les deux amis et l'ET, nous confortait dans l'idée que l'on tenait peut-être là une sacrée comédie déjantée. Hélas, force est d'admettre que l'on sort du visionnage un peu déçu.
Ce n'est pas que le film soit mauvais, loin de là. Le personnage de Paul est bien marrant, les deux comédiens sont excessivement sympathiques, l'adversité est bien présente, les gags ne manquent pas - avec une grosse présence d'humour référentiel. Seulement, le scénario s'appuie sur une mécanique comique moult fois exploitée dans le cinéma parodique (on travaille un personnage selon un profil que l'audience jugera absurde, donc drôle - les vieux principes de l'anthropomorphisme a la Disney) et la réalisation de Greg Mottola (apparemment plus à l’aise avec le trivial ado américain – Supergrave – qu’avec l’absurde britannique) manque trop de folie pour rendre le défilé de gags totalement efficace. On sourit donc à certaines bonnes idées (comme le fait que Paul doit être nu pour rester invisible et surtout arriver à retenir sa respiration, ce qu'il ne parvient pas toujours à faire) au lieu d'en rire aux éclats. Même constat pour les clins d'œil (à E.T., l'extra-terrestre, Starman, Rencontres du troisième type, Men in black, Star Trek, etc.) qui sont nombreux, souvent pertinents, mais assez mollement mis en situation, comme si le cinéaste confondait flegme britannique et manque de ressort. Au niveau du rythme et de l'esprit fun, Paul tient par exemple assez difficilement la comparaison avec Men in Black.
On peut également un peu reprocher à Mottola de ne pas assez exploiter l'aspect road movie du scénario. Avec un trio qui devient un quatuor (par l'adjonction d'un élément féminin un peu terne), le récit se transforme en une course poursuite aux multiples participants (les agents du gouvernement, les deux rednecks, le père fanatique) qui aurait pu, si traitée de manière plus débridée, être aussi enthousiasmante et délirante qu'un épisode des Fous du volant. Là, on avance le frein à main de la déconne tiré, ce qui est fortement dommageable quand l'on prétend vouloir mettre en forme une comédie potache, destinée principalement à un public de geeks. On en vient à souffrir un peu en constatant toutes les occasions ratées de faire de Paul un spectacle aussi mouvementé que désopilant, et à se demander ce qu'aurait été le même film réalisé par Edgar Wright.
Pourtant généralement bien toniques, Simon Pegg et Nick Frost subissent également les conséquences de ce manque de punch. Même si, dans l'ensemble, les deux comédiens parviennent à nous amuser, ils apparaissent parfois comme anesthésiés, victime du manque de rythme de la séquence. Heureusement pour eux (et pour nous !), leur capital sympathie est si énorme qu'il semble inépuisable. Plus gênante, la voix française de Paul, confiée à Philippe Manœuvre. Une voix chaude et relax, qui correspond finalement assez bien au personnage (qui, soit dit en passant, est excellemment bien modélisé et animé) mais - désolé - avec moi, cela ne fonctionne pas du tout. Un avis évidemment très subjectif qui n'entre pas en ligne de compte pour établir la note finale de cette critique.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Paul [2011]
En ma qualité de vieux geek fan de SF et avide d’humour potache, j’attendais peut-être trop de Greg Mottola (j’avais de plus apprécié Supergrave et Adventurland) et du duo Frost – Pegg. Au final, même si le spectacle est loin d’être honteux, et parfois même assez drôle, je ressors du visionnage assez déçu, notamment par le manque de folie d’un réalisateur qui avait tout en main pour nous offrir un spectacle aussi mouvementé que désopilant. Dommage.
On a aimé
- Des acteurs sympathiques
- Une ambiance bon enfant
- Quelques bons gags
On a moins bien aimé
- Une réalisation sans ressort
- Un humour en demi-teinte
- Un manque de folie
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