Critique Les monstres de la préhistoire [1978]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 29 octobre 2011 à 01h11

La critique du staff

Une jeune femme, au regard hagard, recouverte de plaies, est recueillie par une équipe de forestiers à la lisière d’une forêt située au pied du mont Fuji. Fortement choquée, elle parle de cavernes, de monstres terrifiants et d’oeufs géants. Aussi incroyable que puissent paraître ces propos, ils marquent le début d’une longue série d’évènements extraordinaires, qui va trouver son paroxysme quand deux dinosaures, surgis du fond des ages, vont s’affronter sur les pentes du célèbre volcan...

Les monstres de la préhistoire, film réalisé par l’illustre inconnu Junji Kurata, est en fait le résultat du mariage entre deux genres. Le premier est bien entendu le kaiju eiga, grandement à la mode au Pays du Soleil Levant depuis les débuts des années 50... et un certain Godzilla. On retrouve donc dans ce métrage l’affrontement entre de colossales créatures antédiluviennes, réveillées ici, non pas par une explosion nucléaire, mais par l’activité tellurique du mont Fuji. Face au danger va alors se monter une coalition, composée de scientifiques et de militaires, chacun voulant imposer sa méthode, qu’ils considèrent comme la meilleure. Le deuxième genre exploité est moins fréquemment rencontré dans le cinéma japonais: le thriller horrifique animalier (et qui fait de cette petite série B une oeuvre atypique). En effet, produit en 1977, Les monstres de la préhistoire tente de surfer sur le gigantesque succès des Dents de la Mer. Le scénario introduit donc des éléments bien présents dans le film de Steven Spielberg, avec une station balnéaire qui se retrouve menacée par de redoutables prédateurs, et Junji Kurata n’hésite pas à récupérer à l’identique certaines séquences.

Le scénario des Monstres de la préhistoire tourne autour du personnage d’Ashizawa.  Scientifique peu conformiste, il a pour obsession de rétablir l’honneur de son père, qui prétendait de son vivant que les lacs du mont Fuji cachait des fossiles préhistoriques. Le récit délirant de la jeune femme, relayé dans tous les médias, l’encourage donc à se rendre sur place. Il découvre que, non seulement les cavernes du volcan dissimulent des restes de dinosaures, mais que, de plus, sous l’effet de l’activité volcanique, des oeufs parfaitement conservés ont donné naissance à ces monstres du passé. Ashizawa met alors de coté sa quête d’honneur (thème chéri du cinéma japonais) et s’engage dans une lutte acharnée contre les monstres. Il est aidé dans ce combat par son amie Akiko, qui amène une touche de charme féminin à cette aventure mouvementée.

La première créature à surgir des eaux du lac est un plésiosaure. Présenté comme une version très belliqueuse de Nessie, il s’attaque au village de vacances situé sur la côte et perturbe fortement les activités festives qui s’y déroulent. Cela met en péril, bien entendu, l’économie de la région, entraînant des réactions pleines de mauvaise fois des autorités locales, qui cherchent à minimiser le danger... du moins, dans un premier temps. Pour ce qui est du choix de traitement, on peut être surpris par la violence graphique qui accompagne ces attaques. Cette démarche horrifique est d’ailleurs l’un des éléments qui fait que Les monstres de la préhistoire n’entre pas totalement dans la catégorie des kaiju eiga. Le monstre amphibie ne se contente pas de reverser des barques et noyer des baigneurs, il les déchiquette et les démembre dans des grands effets gore. Surprenant! On croirait presque visionner un thriller animalier italien des années 80. Cependant, force est d’admettre que l’impact horrifique des scènes d’agressions n’est guère remarquable. La faute à des effets spéciaux vraiment médiocres.

En effet, même si la décision répondait en partie à des impératifs techniques (l’un des monstres est un amphibien, l’autre un reptile volant),  en remplaçant les habituels figurants en costumes évoluant au milieu de décors miniatures par des incrustations de marionnettes filmées en stop-motion, Kurata a peut-être choisi la mauvaise voie.  Tout le monde n’est pas Ray Harryhausen et la Toei, studio producteur de ce film, ne comptait pas l’équivalent parmi ses techniciens. Au final, le cinéaste a beau jouer des cadres pour masquer la misère (un gros plan sur une mâchoire, un œil, etc.), l’on se retrouve devant un spectacle qui dépasse à peine le réalisme d’un affrontement de jouets en plastique, à peine articulés, mené par deux gamins dans une cour de récré. Evidemment, avec le recul, cet aspect cheap se révèle plutôt amusant, mais l’effet horrifique s’en retrouve complètement annulé, même en se replongeant dans le contexte de l’époque. Le passage le plus ridicule est probablement celui où, touché par un plésiosaure à la souplesse arthritique, le ptérodactyle s’écrase au sol, sur le dos. On se rend compte, à ce moment, que les techniciens n’ont même pas pris la peine de doter la figurine de quelques articulations.

Le final des Monstres de la préhistoire se veut spectaculaire, avec la mise en place d’un combat entre les deux créatures du film, qui se déroule sous un déluge de feu causé par une éruption volcanique. Le tout se déroulant sous les yeux d’Ashizawa et Akiko, qui se retrouvent coincés entre deux feux, si j’ose dire. L’effort est louable, et se traduit par une réalisation efficace et une convaincante démonstration pyrotechnique. On assiste même à la naissance d’une sorte d’atmosphère légèrement anxiogène, les héros se retrouvant dans une situation très inconfortable. Mais, hélas, ce final est gâché par des monstres toujours aussi ridicules.

La conclusion de à propos du Film : Les monstres de la préhistoire [1978]

Auteur Nicolas L.
40

Les monstres de la préhistoire n’atteint jamais le niveau d’un film de Honda. La Toei n’est pas la Toho, et Kurata n’a pas l’once du talent et du sens de la poésie du maître du kaiju eiga. Le film n’est cependant pas inintéressant, principalement parce qu’il se pose comme un porduit atypique, à mi-chemin entre le film de monstres géants et le thriller horrifique animalier.

On a aimé

  • Un kaiju eiga pas comme les autres
  • Parfois involontairement drôle
  • Un final spectaculaire

On a moins bien aimé

  • Des FX ridicules
  • Un scénario peu imaginatif
  • Un mélange de genre hétérogène

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