Critique Crossed 1 [2011]
Avis critique rédigé par Benoît F. le lundi 27 février 2012 à 08h54
Le Survival Horror en pire...
Vous avez moins de 18 ans? Vous êtes fragile psychologiquement parlant? Alors ne laissez personne vous remettre un exemplaire de Crossed entre les mains. Vous êtes prévenus, ce comic book va jusqu'au bout des choses et même au-delà...
Tout est dit...
Crossed est une série issue de l'esprit dérangé de Garth Ennis (Preacher, The Boys) et de la palette graphique de Jacen Burrows. Paru initialement chez Avatar Press, l’éditeur francophone Milady nous en propose une version française brillamment traduite par Philippe Touboul. Comme à son habitude Mr Ennis nous présente un récit cinglant, dérangeant et extrême. Il l'avait déjà prouvé avec Preacher et c'était d'ailleurs fait connaître grâce à cela. Cet auteur britannique nous vient de la fameuse écurie 2000 AD, un périodique d'outre-manche que l'on peut aisément comparer à notre Métal Hurlant national. Tout çà pour dire que Mr Ennis n'a pas été élevé dans la tradition des "Martine à la plage" et consorts...
L’histoire se déroule aux Etats-Unis, de nos jours. Le scénario met en scène des personnages banals auxquels les lecteurs pourront aisément s’identifier. Ici, point de super-gars en collant ou de type en pyjama noir. Sur ce point, Crossed nous rappelle fortement un certain Walking Dead dans son approche « commune » des protagonistes.
Ce premier tome de la série nous narre la survie d’un petit groupe de gens faisant face à une apocalypse aussi soudaine qu’effroyable. En effet, du jour au lendemain, certaines personnes son devenues folles, tuant, pillant, violant, parfois les trois en même temps… Bref, ces individus sont devenus une menace pour ce que l’on pourrait appeler le reste de l’humanité. Ces « infectés », dont seule l’apparence peut encore les qualifier d’humain, possèdent tous une brûlure en forme de croix plaquée sur le visage, d’où le titre de la série, Crossed. Ce premier opus ne fournit aucune explication sur l’origine de ce mal. Les survivants, comme le lecteur, ont autre chose à faire que de se poser des questions métaphysiques sur ce châtiment infligé à l’humanité. Avec Crossed, toute tentative de philosophie positiviste est balayée d'un revers de la main par un réalisme outrancier.
Bien entendu, la lecture de ce premier tome de Crossed vous fera inévitablement penser à Walking Dead : un petit groupe d’individus tentant de survivre dans un monde particulièrement hostile et constamment menacés par des êtres pas si éloignés d’eux-mêmes. Le cadre est posé et on aurait pu s’attendre à une resucée de l’œuvre de Robert Kirkman et Charlie Adlard. Et bien mesdames et messieurs, Garth Ennis et Jacen Burrows vont bien plus loin que cela quitte à en dépasser les limites. Dans Crossed, l’ultra-violence est omniprésente, autant dans les images que dans le langage. Là où Walking Dead met ses zombies en retrait pour se consacrer à la survie d’un groupe, Crossed prend le parti du grand déballage. Les scènes de barbarie sont monnaie courante et n’entendent rien cacher aux lecteurs qui seront plus d’une fois dérangés par cette surexposition de violence. On peut le dire, les méchants de Crossed font vraiment peur car ils sortent de l’anonymat « zombiesque » habituel. Ils parlent, réfléchissent et représentent ce qu’il y a de plus malsain dans l’être humain. De quoi faire des cauchemars même pour les adeptes du gore…
Dérangeant, voici le qualificatif le plus juste que l’on pourrait attribuer au premier tome de Crossed. Le duo Ennis-Burrows y est pour beaucoup et fonctionne à merveille. Par son trait réaliste et plutôt classique, Jacen Burrows permet au lecteur de s’identifier aux personnages de l’histoire, à la manière d'un Charlie Adlard ou d'un Steve Dillon. De son côté, Garth Ennis nous sort le grand jeu avec un scénario d’une violence inouïe dans lequel le manichéisme n’a aucunement sa place. Le récit est dur voire extrême et l’expérience en vaut clairement le détour pour le lecteur averti.
Cependant, cette fuite en avant de la violence pourra en rebuter plus d’un. Certaines scènes sont véritablement choquantes et vous serez en droit de vous demander si tout cela est bien nécessaire. Cette surenchère n’est-elle là que pour tenter de se hisser à la hauteur d’un certain Walking Dead en poussant encore un peu plus le curseur ? Et bien peut être, mais Garth Ennis nous avait déjà habitué à ce genre de crudités bien avant l’arrivée de Rick Grimes et de sa bande.
La conclusion de Benoît F. à propos de la Bande Dessinée : Crossed 1 [2011]
Le tome 1 de Crossed pose un cadre qui paraît sans limite. Le récit est bien mené et vous attendrez ardemment la suite. L'excès sous toutes ses formes est présent à chaque page et la lecture de Crossed sera vécue comme une expérience inoubliable, de tous les points de vue. A l’image de Zombies d’Olivier Péru et Sophian Cholet, Crossed parvient à trouver sa place dans le domaine des récits de survie aux côtés de l'énormissime Walking Dead. Sans parler de morts-vivants, le premier tome de Crossed revêt tous les aspects du genre. Les ficelles demeurent les mêmes, seule la façon de les tirer diffère et Garth Ennis sait les tirer jusqu'au bout...
On a aimé
- Une réflexion sur la survie poussée à l'extrême
- Des personnages bien sentis
- Dérangeant
- Le style réaliste de Jacen Burrows
On a moins bien aimé
- Une surenchère dans la violence dont on aurait pu se passer
- Dérangeant et potentiellement traumatisant
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