Critique Frankenweenie [2012]

Avis critique rédigé par Vincent L. le mardi 11 décembre 2012 à 13h17

Le petit retour de Tim Burton...

Autrefois réalisateur génial, Tim Burton s'apparente désormais, au fil des années et des longs-métrages, à un metteur en scène paresseux dupliquant à l'infini une formule invariable. Ainsi, là où l'on s'extasiait autrefois devant chacune de ses créations, toutes plus originales et plus réussies les unes que les autres (réussissant même le périlleux exercice du biopic avec Ed Wood), on est aujourd'hui nettement plus sceptique sur la propension du metteur en scène à proposer quelque chose d'un tant soit peu nouveau sur le plan artistique. Ainsi, chacun de ses derniers films n'a finalement été que le pâle reflet de ses premières créations, et le niveau qualitatif a commencé à dangereusement décroître avec les années, et ce jusqu'à un Dark Shadows de bien triste mémoire en ce début d'année 2012 (peut-être même plus mauvais que La planète des singes, mais ça se discute...).

A ce titre, Frankenweenie possédait le potentiel pour être le film du grand retour, d'une part parce qu'il est l'adaptation d'un de ses premiers courts-métrages, d'autre part car c'est encore dans l'animation que Tim Burton a montré le plus de renouvellement ces dernières années (son premier long-métrage animé, Les noces funèbres, étant probablement ce qu'il a fait de mieux depuis Sleepy Hollow). Restait simplement à savoir si, en triplant la durée du métrage, Burton allait réussir à l'agrémenter d'ajouts judicieux et pertinents aptes à en faire un film de qualité. Au final, force est malheureusement de constater que si Frankenweenie est très clairement la meilleure création de Tim Burton depuis un paquet d'années, il n'en demeure pas moins décevant sur nombre d'aspects, s'apparentant à un long-métrage tout juste correct n'évitant que de très peu la redite.

On ne peut en effet que constater la grande faiblesse de la construction scénaristique de Frankenweenie qui, peut-être sous couvert d'être un film d'animation familial, se dote d'un script qui ne cherche pas à expliquer les divers événements (donc ne se donne aucune cohérence) et enchaine les séquences sans qu'il n'y ait de véritable fil conducteur. Au bout du compte, Frankenweenie ressemble ainsi plus un "emboitement" plus ou moins maladroit de deux courts-métrages en un seul film, chacune des parties s'avérant presque étanche vis à vis de l'autre. Certes, la rupture de ton présente au milieu du film est surprenante - s'apparentant presque intrinsèquement à un changement de genre - mais elle n'est pour ainsi dire ni vraiment amenée, ni réellement expliquée, comme si Burton s'était dit "après tout, on s'en fiche, ce n'est qu'un film d'animation !".

Il est également regrettable de s'apercevoir que les personnages n'ont pour ainsi dire pas du tout été travaillés. Qu'il s'agisse du héros ou des nombreux personnages secondaires, ils sont malheureusement lisses, fades, et ne parviennent jamais à susciter la moindre empathie du spectateur. A ce titre, le protagoniste le plus charismatique et le plus attachant du long-métrage est bel et bien Sparky, le chien revenu à la vie, qui, en jouant sur des attitudes animales mignonettes, parvient à contrebalancer la laideur de son apparence physique et s'avère plus attachant (et plus complexe) que les personnages humains. On a en fait presque plus l'impression que la seule chose qui intéressait Tim Burton, plutôt que de raconter une histoire, était de coller un maximum de références sur les films de son enfance (l'aspect référentiel est d'ailleurs surabondant, pas toujours justifié, et amené sans une once de subtilité).

Avec cette histoire possédant tous les stigmates de son cinéma, Tim Burton reste encore et toujours dans le même domaine, ne cherchant encore une fois pas à se renouveler. Avec les années, on peut au moins lui accorder une chose : la parfaite maîtrise de son univers. Cela aurait pu être très redondant (donc encore très ennuyeux), mais avouons que le parti-pris du film d'animation apporte un minimum d'inédit à la formule (n'ayant jusqu'ici été exploitée que dans un seul film). Ainsi, le design typiquement burtonnien et l'animation en stop-motion permettent de donner au film un esthétisme qui sort des canons habituels des films d'animation. Techniquement, le film est d'ailleurs un sans fautes : lumière, musique, doublage, animation, tout tend vers un grand professionnalisme rendant Frankenweenie, au moins sur la forme, plutôt plaisant.

Mais au final, ce qui permet au film de vraiment sortir la tête de l'eau et de s'imposer comme un spectacle correct, ce sont quelques passages épars tendant à démontrer que, malgré tout ce que l'on peut lui reprocher, Tim Burton reste un cinéaste capable de véritables éclairs de génies. A ce titre, en guise d'exemple, on mettra notamment en avant toute la séquence de la réunion parents-professeur, véritable petite merveille cinématographique, tant sur le fond que sur la forme ; une idée par plan, des dialogues percutants, des idées et des sous-entendus réjouissants, tout ce qui fait le charme, la folie douce-amère et le génie de Tim Burton sont contenus dans ces quelques minutes de longs-métrages. Le preuve que sous ces artifices de facilité, bien caché dans son confort, le petit génie de Burbank somnole et ne demande qu'à se réveiller.

La conclusion de à propos du Film d'animation : Frankenweenie [2012]

Auteur Vincent L.
60

Si Frankenweenie peut se vanter d'être ce que Tim Burton a fait de mieux ces dernières années, il n'en demeure pas moins un spectacle terriblement convenu, dupliquant sans une once d'originalité une formule cinématographique devenue exangue avec les décénnies. On notera toutefois que si le long-métrage est globalement moyen, certains passages méritent malgré tout le coup d'oeil et tendent à démontrer que Burton a encore des choses à dire, pour peu, bien sur, qu'il parvienne à se guérir de son incurie et de sa propension à se laisser aller à la facilité.

On a aimé

  • Histoire sympathique,
  • Quelques passages remarquables,
  • Animation de qualité,
  • Techniquement sans fautes,
  • Le meilleur Tim Burton depuis bien longtemps...

On a moins bien aimé

  • Scénario mal construit,
  • Personnages lisses et peu attachants,
  • Un happy-end qui fait tâche,
  • Aspect référentiel surabondant,
  • ... mais du Tim Burton pas très original.

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