Critique L'Amiral prend la porte #4 [2009]

On pensait, après leur victoire éclatante sur les armées klygonites, que le capitaine Bleûten (promus au grade d’amiral après son brillant fait d’arme) et son équipage allait pouvoir couler des jours heureux, loin du NHL2987 Survivaure, ce fer à repasser spatial  qu’ils ont dû trainer au fin fond  de la galaxie.  D’ailleurs, le première page de ce tome 4 nous conforte en ce sens. On y retrouve Bleûten, confortablement installé dans son spacieux bureau, taillant le bout de gras avec son fidèle second, le commandant Johnson. Mais cela ne va pas durer. Quand l’amiral McGregor leur apprend que le souverain klygonite est encore vivant et qu’il prépare sa revanche, les deux héros n’hésitent pas une seconde et acceptent une nouvelle mission… Sans se douter qu’ils vont être piégés par une invention krygonite au fonctionnement quelque peu erratique, qui va les transbahuter dans un univers multidimensionnel et loufoque.

Pendant space opera de la célèbre série Le donjon de Naheulbeuk, Les aventuriers du NHL2987 Survivaure a toujours fortement souffert de ce comparatif. Un constat cruel qui n’est pas forcément injustifié. En effet, si les scénarios des précédents tomes ne manquent pas de références geek, de gags potaches et de situations rocambolesques, on ne peut nier que, au fil des épisodes, l’élan comique de la saga s’est rapidement essoufflé pour terminer sur un troisième volet extrêmement poussif. Par conséquent, la parution d’un nouvel album n’apparaissait pas comme un évènement forcément notable. Heureusement, ici, Frank Guillois et Marion Poinsot nous surprennent avec un album nettement plus réussi que le précédent.

Traversant de multiples portes dimensionnelles,  poursuivi par un policier aussi coriace que têtu, Bleûten et Johnson vont visiter des mondes parallèles étonnants, rencontrer leurs dopplegangers, affronter Pac-Man, la Révolution Française, les pièges de Super Mario et même se retrouver face à Dark Vador ! Alors, certes, dans le registre comique, tout n’est pas excellemment réussi (l’univers des lilliputiens) mais force est d’admettre que l’on sourit souvent, notamment à la vue des visages stupéfaits et les expressions crétines de nos héros, toujours aussi bien dessinés par Marion Poinsot. On retrouve également avec plaisir le roi klygonite et ses congénères abrutis qui, toujours aussi gluants, bêtes et méchants, tentent de construire une nouvelle armée en usant de tous les moyens, quitte à y mettre de leurs personnes (et de leurs tentacules).

Les dernières planches nous permettent de retrouver le Survivaure et ses autres membres d’équipage pour une expédition en territoire klygonite. Une manière de « boucler la boucle » et de poser les bases d’un nouvelle série d’aventures, que l’on espère plus enthousiasmantes que les précédentes.