Critique Bath Salt Zombies
Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 30 mai 2013 à 22h56
Street Trash Zombies
Fraichement débarqué dans le vaste monde du cinéma indépendant américain, Dustin Mills, scénariste, réalisateur et producteur (et bien d’autres choses), s’est gentiment fait connaitre en 2010 avec The Puppet Monster Attack, un film d’animation prometteur (mais non sans défaut!) qui démontrait déjà son gout prononcé pour l’expérimentation visuelle et le mélange des techniques (prises de vue réelles, animation 3D, modelling...). Depuis, toujours épaulé par la même bande d’amis fidèles (Brandon Salkil, Ethan Holey, Josh Eal et son égérie Erin R. Ryan), Dustin Mills a atteint un rythme de travail effréné puisqu’en cette année 2013 ce n’est pas moins de trois films et un court-métrage qu’il offre aux amateurs de cinéma... peu ordinaire.
Bath Salt Zombies fait partie de cette dernière fournée. Très friand d’histoires de morts-vivants, Dustin Mills, aidé au scénario par Clint Weiler, tente ici une relecture du genre à partir d’un script qui évoque les films gore italiens des années 80 (plus L'avion de l'apocalypse que L'Au-delà). Dans Bath Salt Zombies, l’armée américaine a mis au point une redoutable arme chimique qui, produite sous forme de drogue (the Bath Salt, littéralement, le sel de bain), a contaminée une partie de la population du sud et du middle-west des Etats-Unis. Le gouvernement a réagi rapidement mais n’a pu empêcher une partie des stocks d’être déplacée par une organisation criminelle (les Dragons) vers le nord et la ville de New-York. Pire, au moment où démarre réellement l’histoire, un apprenti chimiste s’est pris de l’envie de booster cette drogue et la présenter sous forme de cigarettes, afin de ravitailler les junkies de la ville...
Avec Bath Salt Zombies, Dustin Mills revendique son statut de cinéaste autorisant déjanté mais sympathique. Jouant d’ouverture la carte de l’humour noir, il débute son métrage par un rigolo petit film d’animation prouvant que le Bath Salt (autrement dit, la drogue) est l’œuvre du Malin et que, sous son emprise, un fils autrement respectable est capable de tuer n’importe qui, même sa mère. Puis, après ce petit hors d’œuvre, le cinéaste démarre véritablement le développement du récit en présentant les principaux protagonistes: un agent de la DNA aux méthodes très expéditives (il se rend compte un peu tard qu’il est difficile d’interroger des cadavres), un junkie qui, à force de consommation de Bath Salt, va se transformer en un mutant cannibale à la force herculéenne et le duo de dealers, deux jeunes abrutis qui ne pensent qu’au fric. L’intrigue se déploie ainsi sous la forme de trois petits récits qui vont finir par se recouper en un final en apothéose. Trois récits où Dustin Mills prend bien soin d’exploiter les deux éléments qui font la force du cinéma underground: le sang et le sexe.
Du sang. Il y en a un paquet. Principalement numérique, mais aussi par le biais de quelques maquillages (très perfectibles, force est de l’avouer). Sous l’emprise du Bath Salt, le junkie se transforme, non pas en zombie comme le titre pourrait le laisser penser, mais en un démon meurtrier aux yeux rouges et aux sourire diabolique. Deux de ses amis le suivront dans sa démence, et sèmeront la mort dans un night-club. Bref, transformé en monstre, le junkie écorche les visages, égorge, arrache tripes et nichons, décapite et démembre. Très généreux, Dustin Mills use de tous les moyens dont il dispose (donc, faibles) pour donner une étiquette gore à son métrage tout en masquant au mieux ses limites. Effets vidéo, animations et puppets ridicules (très drôle, le chien mutant!) sont donc utilisés au gré des séquences. La scène la plus réussie, dans ce domaine, est celle où le junkie se retrouve confronté à un commando du SWAT, et qui mêle plans réels et traitement infographique pour un résultat à la fois très drôle, très violent, très dynamique et… très classe.
Du sexe, enfin, plutôt de la nudité, il y en a aussi. Dans trois scènes. La première est un long striptease amateur aux plans bien explicites (je ne vous cache pas que les captures d’image réalisées pour illustrer cette critique ont été très agréables à faire) qui va se terminer de manière tragique. Du moins, pour la stripteaseuse. La deuxième est une succession de plans brefs sur les seins d’Erin R. Ryan, qui va subir le même sort que la fille précédemment citée. La troisième, la plus marrante, est une fellation castratrice (involontaire) dont quelques plans ne sont pas sans évoquer une célèbre scène de Piranha 3D, traitée à rebours, quand une jeune femme, face caméra, recrache le pénis sectionné qu’elle avait en bouche. Marrant et de très mauvais gout. J’aime.
Si, du point de vue de l’interprétation, Dustin Mills doit faire avec les moyens du bord, c’est à dire un jeu d’acteur frisant souvent l’amateurisme, techniquement, seul maître à bord, l’homme fait montre d’une belle maitrise. Multipliant les cadrages inventifs, pensant sa photographie, usant d’un montage sophistiqué et d’une bande originale hard rock et punk de bonne facture, le cinéaste finit par donner à son œuvre un bon rythme et une cosmétique générale respectable. Un degré d’application qui contrebalance heureusement une production qui accuse sévèrement son manque de moyens. Ainsi, les décors intérieurs, constitués de bâches tendues, sont misérables; le bureau du chimiste ressemble à celui d’un élève d’école primaire; les flingues sont des répliques d’air soft et les costumes de mecs du SWAT sont constitués de bric et de broc en plastique (mention spéciales aux optiques remplacées par des lunettes de soleil). Le seul décor qui fasse réaliste est celui du night-club. Normal, il s’agit d’un vrai. Mais là, gros problème, la capture s’est faite en son direct et la musique sature à mort (le seul véritable défaut technique qui pouvait être évité). Quand à matérialiser à l’écran la transformation finale du junkie en un hideux super vilain, Dustin Mills s’est contenté de fournir au comédien un masque en latex qui évoque à la fois la tronche de Mask et les extraterrestres ringards d’Astro-zombies.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Bath Salt Zombies
Film indépendant fauché, Balt Salt Zombies pèche par une interprétation approximative, des FX cheap, des décors misérables et des accessoires en toc. Dustin Mills parvient toutefois à compenser ces faiblesses par une réalisation très soignée et pleine d’inventivité et un humour noir qui fait souvent mouche. On peut également apprécier que le cinéaste ait réussi à marier esprit fun et cinéma expérimental, ce qui le place en une position avantageuse par rapport à bon nombre de ses confrères, qui fautent souvent par excès de prétention.
On a aimé
- Une réalisation appliquée et inventive
- Du cinéma expérimental ET amusant
- Du sang et du sexe
- Quelques belles idées
On a moins bien aimé
- Un scénario un peu bancal
- Un manque de moyens évident
- Une interprétation perfectible
- Des effets spéciaux cheap
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