Critique Contamination [1981]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le dimanche 16 juin 2013 à 23h42
Explosive Eggs from Mars
Un navire sans équipage pénètre dans le port de New-York. Alertée, la police envoie des agents de NYPD l’inspecter. Les cinq officiers de police vont alors découvrir que tous les membres d’équipage sont morts, horriblement mutilés. Descendant dans la cale, ils vont trouver d’étranges œufs verdâtres, qui semblent animés d’étranges pulsations. Quand l’un des policiers a l’imprudence de toucher l’un des œufs, celui-explose, contaminant trois des agents qui, à leur tour, explosent dans des gerbes de viscères et de sang… Beurk.
Solide artisan du cinéma transalpin, le brave Luigi Cozzi (alias Lewis Coates) a, au cours de sa carrière, touché à presque tous les genres, du giallo au film d’horreur, en passant par la comédie et la science-fiction. Surfant sur les modes, ce cinéaste, qui n’a jamais réussi à sa faire une place au soleil aux cotés de Lucio Fulci (son mentor), Umberto Lenzi ou Dario Argento, a pourtant offert au cinéma italien quelques séries B jouissives, comme le cultissime Starcrash en 1978 (avec l’appétissante Caroline Munro) qui se pose comme une version pop acidulée de Star Wars. Les amateurs de nanars se souviennent, eux, que Luigi Cozzi est le géniteur de deux sacrés perles du genre : Hercule, et sa suite Hercule II, avec Lou « Hulk » Ferigno dans le rôle du demi-dieu. Quand à Contamination, sorti dans les salles italiennes en 1980, c’est assurément son meilleur film.
Grossièrement, Contamination pourrait être présenté comme la transposition du pitch d’Alien dans un environnement terrestre (ou terrien, c’est comme vous voulez). D’ailleurs, on y trouve les mêmes œufs extra-terrestres que dans le film de Ridley Scott, et les contaminés explosent comme s’ils étaient victimes d’un accouchement de chestburster, mais version intestinale. Plus, une visite sur Mars nous présente une « caverne à œufs » qui n’est pas sans rappeler la soute du vaisseau du space jockey. Cependant, contrairement à tous ces ersatz sans imagination et sans talent qui ne sont que de vulgaires copiés-collés moisis du chez d’œuvre de Ridley Scott, le film de Luigi Cozzi explore des sentiers inattendus. Autant film d’horreur que film d’espionnage et d’aventure exotique, Contamination nous propose une histoire mouvementée (et capillotractée, force est de le dire) qui évoque les aventures de James Bond ou de Coplan, avec ses tentatives d’assassinat, ses combats musclés, sa base secrète, etc. Et si le métrage débute de manière traditionnelle, il va ensuite nous entrainer en Amérique du Sud, à la recherche d’un fou mégalomane dirigeant une armée de mercenaires qui, au final, se trouve être contrôlé par une créature extraterrestre sortie tout droit d’un nanar des années 50 (on pense aux envahisseurs de la planéte rouge).
Très habile à tirer le maximum de budgets serrés, Luigi Cozzi a soigné tous les aspects de son métrage. A commencer par des effets gore rustiques (par exemple, des ballons remplis de sang et de matière louche sont utilisés pour matérialiser les ventres des victimes des œufs aliens) mais extrêmement efficaces et surtout très violents. Un traitement très poussé graphiquement qui fait que même si le "cyclope alien » de la séquence finale affiche un look résolument kitch, son aspect craspec et baveux suffit à rendre le spectacle horrifique. Le suspense est également assez bien entretenu lors les quelques scènes de tension, comme lorsque le colonel Stella Holmes (Louise Marleau) se retrouve enfermée dans la salle de bain en compagnie d’un œuf alien. On peut ajouter un coté aventureux assez sympathique dans la deuxième partie, avec de jolis paysages, et une très jolie séquence martienne qui n’a rien a envie aux blockbusters de l’époque. Enfin, le casting, de composante internationale (un italien, un anglais, une québécoise, une slovaque et un allemand dans les rôles principaux), se montre à la fois concerné et enthousiaste. On appréciera plus particulièrement le jeu tout en décontraction de Marino Masé, dans la peau d’un lieutenant de police dragueur et bon vivant. Enfin, la musique de Goblin, géniale et atypique, appuie de manière efficace les passages les plus inquiétants. Tout cela contribue à faire de Contamination une série B très agréable à visionner.
Mais bon, tout n’est pas parfait dans Contamination. Loin s’en faut. On peut tout d’abord regretter que le film soit excessivement bavard (une manie chez Luigi Cozzi) et donc assez souvent chiant et en déficit de rythme. Ainsi, la longue séquence consacrée aux explications fumeuses des scientifiques est ennuyeuse à mourir, d’autant que l’on ne comprend pas grand-chose (tout comme l’auditoire, d’ailleurs, si on se fie à leurs regards de poissons fris). Et comme, la plupart du temps, les lignes de dialogues ne brillent guère par leur finesse, on bascule en dans ces moments là entre bâillements d’ennui et rires moqueurs. Ensuite, le scénario n’est pas avare en incohérences – le processus qui fait que l’explosion des œufs influe sur le bide des humains est assez opaque – et se montre assez avare en explications. On s’étonne ainsi de voir que Hamilton (Siegfried Rauch) a réussi à mettre en place, en toute discrétion, un véritable trafic d’œufs alien dans une plantation de café. Enfin, concernant le casting, si Ian McCulloch (L'enfer des zombies, La terreur des zombies) et Marino Masé (Ténèbres) sont impeccables, on peut trouver la performance de Louise Marleau un peu trop en retenue, assez loin de l’archétype de la femme forte qu’elle essaie d’incarner. Il est vrai, qu’à sa décharge, la comédienne québécoise, qui a fait toute sa carrière dans le drama télé, n’était peut-être pas l’actrice idéale pour ce genre de rôle.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Contamination [1981]
Un peu tombé dans l’oubli suite à une retraite prématurée, Luigi Cozzi a pourtant fait souvent horreur à la série B italienne. Avec Contamination, son meilleur film, on a un beau témoignage de son habileté à offrir des spectacles divertissants à moindre cout. Et même si le métrage souffre parfois d’un manque de rythme et s’attarde de trop dans des séquences de dialogue sans intérêt, le cinéaste compense ses faiblesses par des effets gore explosifs (dans les deux sens du terme) et quelques belles séquences.
On a aimé
- La belle séquence de Mars
- Des effets gore saisissants
- Un aspect horrifique efficace
- Un scénario qui mêle les genres
On a moins bien aimé
- Un manque de rythme
- Des dialogues sans intérêt
- Des incohérences
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