Critique Lone Ranger - Naissance d'un héros [2013]
Avis critique rédigé par Richard B. le lundi 5 août 2013 à 13h12
Il était une fois... Tonto et le Lone Ranger.
Alors qu'il visite un parc d'attractions, un jeune garçon habillé en cow-boy s'immobilise devant la reconstitution d'un campement indien. En ce lieu peu habituel pour faire des rencontres, il fait la connaissance d'un vieux Comanche au comportement assez illuminé prénommé Tonto. L'Indien se met à lui conter l'aventure méconnue qui transforma John Reid, un avocat maladroit d'une droiture exemplaire, en un justicier légendaire luttant contre le crime et la corruption. ..
Apparu tout d'abord en 1933 dans un feuilleton radiophonique écrit par Fran Striker, Lone Ranger s'est très vite décliné en sérial avec Lee Powell (1938) puis Robert Livingston (1939) puis en une série télévisée qui cartonna de 1949 à 1957 et qui entraina - avec le même casting - un premier film pour le cinéma en 1956, puis un second en 1958. Deux téléfilms virent le jour respectivement en 1981 et en 2003, sans oublier que 18 romans furent publiés entre 1936 et 1956, de même que furent éditées plusieurs générations de comics. Puis, pour la petite anecdote de comptoir, sachez que la série culte avec Bruce Lee "le Frelon vert" était elle-même pensée comme un spin-off de Lone Ranger. Bref Lone Ranger n'est pas vraiment nouveau. Il était même dans les intentions de Disney de le réadapter depuis 2010, mais le film fut annulé une première fois en raison d’un budget estimé trop important au regard du potentiel commercial. Il faut dire que, de nos jours, le western est très loin d'être à la mode, même si Pirates des Caraïbes avait prouvé qu'un genre peut toujours revenir dans les bons papiers du public. De plus, l'échec du pourtant très sympathique Cowboys et Envahisseurs n’a pas dû motiver les troupes et l’on sent bien que Disney à tout mis en œuvre pour que ce Lone Ranger présente quelques petites similitudes avec la formule appliquée sur la trilogie de Gore Verbinski : même réalisateur, deux scénaristes en commun, même compositeur et quasiment la même équipe de production. On est juste surpris de voir que la direction de la photographie soit passée de Dariusz Wolski à Bojan Bazelli (Le Cercle, L'apprenti sorcier). Par contre, si l'humour de la trilogie des Pirates est conservé, la dose de "fantastique" est revue à la grande baisse et est surtout représentée par quelques touches subtiles plutôt bienvenues.
Cependant, même si l’aspect « recette de cuisine Hollywoodienne » est prédominant, ce Lone Ranger prend des risques assez étonnant pour un Blockbuster. En premier lieu, en adoptant un parti pris favorable aux amérindiens, rappelant que l'homme de l'ouest était un occupant sans aucun scrupule et que les chemins de fer se sont construits dans le sang. Ensuite, la narration elle-même peut apparaître comme déstabilisante puisque l’histoire de Lone Ranger est contée par Tonto (Johnny Depp) à la manière d’une légende. Il n'y a donc pas toujours de la cohérence dans ce qui nous est raconté, on y trouve facilement quelques trous, mais au final, il n'y a là aucune importance, l'histoire étant ranimée via un personnage étant lui-même quelque peu farfelu. Enfin, dernière surprise, la présence d’une triple exposition, l’une situant le récit dans le futur (les années 30), la seconde nous familiarisant un personnage de Lone Ranger hors-la-loi, et enfin la troisième présentant les véritables enjeux de l'histoire. De toute évidence, il y a donc une réelle prise de risque de l'équipe du film à ne pas suivre le canevas habituel du blockbuster. On peut que saluer l'initiative, même si le rythme du film en subit quelque peu les conséquences. Prise de risques aussi dans le ton lui-même puisque le réalisateur hésite pas d'offrir aux spectateurs des séquences tragiques et particulièrement violentes (même si cette violence n'est pas visible à l'écran) alors que d'autres sont traitées avec un humour particulièrement enfantin. On repense à la séquence de pendaison de Pirates des Caraïbes Jusqu'au bout du Monde qui était complètement déconnectée vis-à-vis de l'ambiance générale du reste du film, excepté que dans Lone Ranger ces types de passages sont donc plus nombreux. Il apparait clair que les spectateurs peu habitué à être désarçonné vont devoir, pour une fois, faire un petit d'effort, car oui, le ton de Lone Ranger est pluriel et il lui faudra faire l'effort de s'adapter. On est clairement pas dans du fast-food filmique!
Du point de vue de la mise en scène, Lone Ranger tient toutes ses promesses. Gore Verbinski dirige son film via une image réellement classieuse. On profite grandement des décors naturels et les trente dernières minutes sont quasi anthologiques, même si en plus d'un découpage exemplaire, la musique y est aussi pour beaucoup. En effet, Lone Ranger profite d'un score de grande qualité - peut-être le meilleur travail de Zimmer depuis quelques années – excepté que nous sommes quelque peu obligés de dire que le compositeur doit beaucoup à "Guillaume Tell", un opéra en quatre actes de Gioachino Rossini dont Zimmer utilise grandement l'ouverture. Et, surtout, si on se renseigne quelque peu, on peut découvrir que cette même ouverture était déjà utilisée par le passé, en fait dès les sérials, comme le thème du Lone Ranger. Reste que la modernisation opérée par le compositeur est de toute beauté.
Après Lone Ranger n'est pas parfait, outre le problème de rythme déjà évoqué, on peut regretter que le réalisateur n'ait pas su complètement insuffler de l'émotion à des moments qui pourtant apparaissaient comme opportuns. On peut aussi regretter que l'aspect comique se retrouve à la fois chez le héros par sa maladresse et chez l’acolyte Tonto qui n'est pas sans rappeler le personnage de Jack Sparrow. Reste que si Johnny Depp semble se répéter quelque peu dans son rôle, Armie Hammer a quelque chose de très attachant. Faudra par contre nous expliquer pourquoi Ruth Wilson n'est pas sur l'affiche alors que son personnage et son temps de présence sont bien plus importants qu’ Helena Bonham Carter, qui voit son nom et son portrait mis au même niveau que les deux stars.
La conclusion de Richard B. à propos du Film : Lone Ranger - Naissance d'un héros [2013]
Si Lone Ranger est incontestablement un blockbuster - on y retrouve tout les ingrédients - il n'est pas pour autant un "fast-food movies". Au contraire, les prises de risques pour désarçonner le spectateur sont évidentes et rien que pour cela, on ne peut que saluer la production. Le film est-il parfait ? De toute évidence, non ! Lone Ranger mérite-t-il d'être vu en salle ? Mille fois oui ! En plus des trente minutes finales qui ne peuvent pas laisser de marbre en terme de spectacle, Lone Ranger bénéficie d'une approche réellement peu conventionnelle et dans un paysage où tout semble se ressembler, c'est déjà en soit une belle réussite!
On a aimé
- Les prises de risques.
- Les trente minutes finales.
- La musique.
On a moins bien aimé
- Le rythme.
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