Critique Shark Week

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 10 octobre 2013 à 23h11

Requin chagrin

Tiburon a la rancune tenace, et quand on lui fait des crasses, il ne manque pas d’imagination pour concevoir les plans de vengeance les plus tordus. Il faut dire que pour mettre en forme ses plans machiavélico-débilos, Tiburon (un Patrick Bergin sous acide) ne manque ni de moyens, ni d’inspiration. Sachez en effet que ce truand au nom de Teletubbies est l’un des parrains de la mafia locale, spécialisée dans le trafic de stupéfiants, et que cette activité lui a permis de s’acheter, à défaut d’une santé mentale, une île trouée, une belle fournée d’hommes de main (qui vont toutefois disparaitre comme par magie en fin de métrage) et une petite armée de requins numérisés (ou tirés de stockshot de docs animaliers) en tout genre. Quand à l’inspiration, il la trouve autant dans le regard déjantée de sa femme junkie (Yancy Butler) que dans les films d’horreur de série Z, genre dont il est apparemment très friand.

Tout ça pour vous dire qu’il ne faut pas faire chier Tiburon. Et encore moins être impliqué dans la mort de son fils. C’est ce que vont vérifier une brochette de crétins hauts placés, tous jugés responsable du décès accidentel de junior, abattu lors de son interpellation par la police. Kidnappés, réunis au bord d’une piscine, ils se voient expliquer les règles du jeu: livrés à eux-mêmes sur une île déserte cernée par des bancs de requins, ils doivent trouver une échappatoire. Vous me direz «qu’est-ce qui les oblige à aller dans l’eau? Il n’ont qu’à rester en sécurité sur la terre ferme.». Oui, mais se faire cette réflexion, c’est oublier que ces candidats ont été triés sur le volet, des vrais performers dans le registre crétin absolu! Donc, en conséquence, ils s’obstinent à crapahuter dans des galeries obscures et inondées, infestés de requins, bien entendu. Remarquez, les rares fois où ils se hasardent à s’aventurer à l’air libre, ils tombent bêtement sur des pièges mis en place par Tiburon, qui les renvoient illico dans les tunnels à demi-submergés de cette île gruyère. Le plus étrange reste que Tiburon exerce en permanence une survaillance vidéo sur eux, où qu'ils soient, sans que l'on puisse comprendre comment il s'y prend.

Evidemment, au sein de ce groupe hétéroclite (un procureur, une avocate, une journaliste, un flic, un ancien homme de main, etc.) des alliances vont se former, des personnalités vont se dégager, des frictions vont se créer... Oui, c’est comme dans Koh Lanta. Les personnages les plus inutiles et les moins typiques vont rapidement disparaitre (bouffés par les requins), pour laisser la vedette à cinq survivants aux profils antithétiques, interprétés par des comédiens qui ont oublié le sens du mot justesse. Ça roule des mécaniques, ça joue les gros durs (festival de fonçage de sourcil du aussi musculeux que peu talentueux Frankie Cullen), ça cabotine, ça fait dans l’hystérie (ça, c’est les filles bien sûr), ça joue excessivement mal. On croirait presque visionner un passage des Ch’tis ou autre bouse télévisuelle. Bon, à leur décharge, force est de préciser que la nature stupide du scénario ne les encourage pas à l’excellence, comme lorsque le groupe traverse un champ de mine en essayant d’éviter de marcher sur l’une d’elle (car, on le précise, elles sont ultra sensibles). Mais quand le dernier de la petite colonne pose malencontreusement le pied sur une mine, déclenchant une réaction en chaine, on voit l’un des candidats en fuite saisir l’une des mines et... continuer à courir en la portant sous le bras! A croire que ces explosifs ne réagissent qu’à l’odeur des pieds. Signalons également que cette mine, désormais jalousement conservé par le héros, servira plus tard à sortir le groupe de la mouise. Ils sont trop forts ces scénariste de The Asylum, ils pensent vraiment à tout.

Et les requins, là-dedans ? En fait, la plupart des plans nous exposant ces redoutables prédateurs marins ne les montre pas en action. Normal ; c’est juste des extraits piqués sur différents supports et utilisés comme de vulgaires plans de coupe. Par contre, pour matérialiser les séquences d’attaques, le réalisateur Christopher Ray (c’est le digne fils de son père mais on l’a quand même connu plus inspiré) s’est contenté de cadrer au ralenti des plans sous-marins à la mise au point défaillante. Cela se résume en général en un bouillon d’écume rougeâtre dans lequel on devine la forme d’un squale numérisé. Bref, c’est totalement nase et pas effrayant pour un sou.

Enfin, vers le final, le film ose même faire dans le mythe de la femme forte en nous présentant une Ripley plagiste (Erin Coker) qui, prenant du poil de la bête, se retourne contre ses tortionnaires au lieu d’essayer de fuir. Oui, quand même. Il était temps d'y penser. Cela nous donne l’occasion d’assister à un girlfight - assez pathétique, il faut bien l’avouer - et l’une des explosions les plus ridicule que j’ai eu l’occasion de voir. Patrick Bergin, lui, finit en yakitori. Une scène qui sonne comme un bouquet final concluant l’un des plus mauvais films jamais produits par The Asylum. C’est dire le niveau.

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Shark Week

Auteur Nicolas L.
10

Après quelques nanars bien désopilants, The Asylum replonge dans les abysses du navet avec ce triste Shark Week, un produit mal foutu, ennuyeux et stupide. Rien à sauver dans cette bouse filmique qui matérialise à elle seule tout ce qui se faire de pire dans le cinéma de série B.

On a aimé

  • Un bel exemple de tout ce qu’il ne faut pas faire

On a moins bien aimé

  • Tout ce qu’il ne faut pas faire

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