Critique Contracted #1 [2013]
Avis critique rédigé par Vincent L. le samedi 23 novembre 2013 à 10h40
Une ode à l'abstinence et à l'hétérosexualité...
Nonobstant la qualité générale du film, force est de constater que le point de départ du film s'avère efficace, tant dans son propos que dans son traitement esthétique. La réalisation ne cède pas aux sirènes voyeurisme ou du trash pour trash, et prend le temps de se poser pour proposer quelque chose de sobre qui ne sombre pas dans l'exposition gratuite (ce qui, vu la thématique du film, aurait été extrêmement facile). Les premières transformations physiques de l'héroïne se situent ainsi à un juste milieu entre un hors-champ qui confine à la pudeur et suffisamment d'effets de styles graphiques qui appuient le propos sans le dénaturer. Pendant quinze à vingt minutes, le travail d'Eric England tient parfaitement la route et, s'il ne fait preuve d'aucune véritable fulgurance, parvient à ne pas souffrir des comparaisons instinctivement faites avec le travail de Cronenberg.
Et puis, passée cette exposition convaincante, le film se vautre de bout en bout. La mise en scène ne fait que reproduire et dupliquer en boucle les mêmes idées, sans vraiment apporter d'eau à son moulin. Un défaut qui, clairement, aurait eu moins d'importance si le scénario s'était avéré un minimum bien écrit, notamment dans la construction de ses divers protagonistes et surtout de son héroïne. La clé de voute d'un tel long-métrage tient en effet dans l'implication du spectateur vis à vis du calvaire du personnage principal. Mais en en faisant une grosse Gourde (oui, oui, avec une majuscule) agissant de manière aussi incohérente qu'incompréhensible, le script d'Eric England ne parvient jamais à susciter la moindre empathie du public vis à vis de l'héroïne, donc du calvaire enduré par cette dernière au cours du film.
Ainsi, la terrible transformation physique n'est, d'un point de vue psychologique, jamais crédible. A un moment donné, la décrépitude physique est telle qu'il devient totalement inconcevable pour le spectateur que l'héroïne ne se rende pas immédiatement dans un hôpital. Sans cette logique de comportement absolument indispensable, toute forme d'identification est réduite à néant, pire, remplacée par un agacement de plus en plus fort. A côté de cela, le caractère du personnage n'est en plus jamais clairement posé (on a presque l'impression que pour England, le simple fait que l'héroïne soit présentée comme une ancienne droguée indique implicitement tout ce que l'on doit savoir sur le personnage), et ses relations avec les autres protagonistes sont floues et trop rapidement expédiées (on ne comprend pas pourquoi elle ne parle pas clairement à son entourage de ce qui lui arrive).
Du coup on finit progressivement par se désintéresser complètement de ce qui peut arriver à cette "gourdasse modèle géant", rendant la partie dramatique du film (pourtant centrale) complètement inefficiente (alors que, normalement, dans un tel type de long-métrage, la puissance dramatique se doit de monter crescendo). On se console donc comme on peut avec un aspect technique réussi (les diverses transformations et modifications physiques de l'héroïne sont impeccables), bien que complètement vains vis à vis de l'intérêt que le film peut présenter, ainsi que quelques scènes tellement gratuites qu'elle finissent même par devenir vaguement amusantes (le plan final, par exemple, s'avère finalement assez fun). De fait, le long-métrage s'avère donc très moyen, et aurait pu en rester là s'il n'était pas en plus paré d'une morale exécrable.
Parce que Contracted est à la fois extrêmement puritain dans son propos, et excessivement lourd dans sa manière d'asséner son message au public. En cela, deux personnages font office d'accusateurs et tendent à traiter l'homosexualité de l'héroïne comme une déviance sexuelle, signe d'une vie dissolue. On va trouver d'un côté une mère bigotte qui va passer son temps à évoquer le Seigneur (à la rigueur, pourquoi pas), mais également un médecin, sorte de caution rationnelle du film qui va abonder dans le même sens. Tout ceci aurait pu avoir un autre sens si la maladie et la dégénération de l'héroïne n'étaient pas en plus traitée comme une punition, un châtiment divin venue la punir de ses choix de vie. En cela, les défauts formels de Contracted deviennent vite secondaire, et seul reste, au bout du compte, l'impression d'avoir été martelé d'un discours puritaniste pronant l'abstinence et l'hétérosexualité.
La conclusion de Vincent L. à propos du Film : Contracted #1 [2013]
Contracted n'est pas qu'un mauvais film, c'est également (et surtout) un film au propos détestable. Ainsi, en dépit de ses quelques qualités, on ne retient au final de ce long-métrage que son aspect extrêmemement moralisateur. Puritain de bout en bout, Contracted est une véritable ode à l'abstinence et à l'hétérosexualité, malmenant son héroïne de bout en bout sous couvert d'une punition quasi-divine la chatiant pour sa vie dépravée et ses "déviances sexuelles". Excessivement lourde dans sa construction, cette morale insupportable finit par prendre le pas sur tout les autres aspects du film, qui, de toute façon, n'étaient déjà pas extraordinaires. Au final, on jettera donc un voile pudique sur ce film, artistiquement raté à plus d'un niveau, moralement plus que douteux quant au message qu'il essaye de faire passer.
On a aimé
- Un début sympathique, qui laissait espérer bien mieux.
- Techniquement soigné.
On a moins bien aimé
- Une morale désagréable, à la limite du détestable,
- Une réalisation qui ne parvient jamais à traiter son sujet,
- Un scénario qui tourne rapidement à vide,
- Aucune cohérence dans la construction de l'histoire,
- Un personnage principal bien peu crédible.
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