Critique Goldorak l'aventure continue [2018]
Avis critique rédigé par Nathalie Z. le lundi 24 septembre 2018 à 08h30
Goldorak un vieil ami !
Grâce aux presses universitaires François Rabelais, vous pouvez désormais décoder des séries cultes. Dans cet opus de la collection Sérial, les chercheuses Sarah Hatchuel, Marie Pruvost-Delaspre et leur équipe se sont attaquées à l’anime culte qui a bercé mon enfance : Goldorak.
Goldorak n’évoque peut-être rien pour vous, mais si vous avez plus de trente ans, vous ne pouvez pas être passé à côté de cet animé devenu un classique. Diffusé pour la première fois en France en 1978 sur Récré A2 (On dit merci pour le coup de vieux !), ce dessin animé de la Toei abordait des thèmes SF à la mode au Japon mais novateurs en France. Nous sommes un an après la sortie cinéma de Star Wars et chez nous, le succès du dessin animé est immédiat. Les aventures d’Actarus contre le Grand Stratéguerre passionnent les enfants et agacent une certaine frange de la population qui y voit des japoniaiseries. A partir des années 80 et avant 2000, le mot Goldorak a servi à désigner toutes les productions animées japonaises et souvent avec une connotation péjorative. Les décennies suivantes et l’implantation de la culture manga en France auront donné tort aux médisants.
Pour ceux qui n’ont pas connu ce classique (Vous étiez dans quelle galaxie ?), Actarus, prince d’Euphor, est un charmant jeune homme aux sourcils épais qui vient d’une autre planète et a trouvé refuge sur Terre après l’anéantissement de son monde par Véga. Il est recueilli par le professeur Procyon, directeur d’un centre de recherche spatial (coup de bol !). Mais notre planète est alors également menacée et à l’aide de son robot géant/vaisseau spatial Goldorak, Actarus va affronter seul, puis avec une team d’alliés, les forces de Véga qui se sont repliées sur la face cachée de la Lune. (Dans cette version, aucun Nazi ne s’y trouve). Actarus lutte alors contre les Golgoths (robots géants télécommandés) et contre les Antéraks (robots pilotés).
Goldorak est un des premiers robots célèbres. Grâce au mode série, Actarus, à chaque épisode « devient » son robot et affronte le danger. Le robot prolonge le corps qui se retrouve avec de nouvelles capacités (Fulguropoing !) et le spectateur découvrait avec émerveillement le genre du mechas : un sous-genre de la SF très présent dans la culture japonaise qui renvoie à la présence d’armures robotisées ou de robots géants pilotés par des personnages humains.
Goldorak est également un moment clé de l’histoire de l’animation japonaise. On quitte l’époque d’Astroboy. Goldorak est une œuvre hybride imprégnée de la culture occidentale tout en restant fondamentalement japonaise. Les thèmes abordés reflètent une époque avec des emprunts à la culture western notamment et un parcours initiatique pour le héros, Actarus, proche de celui de Superman. Minos rappelle Boris Karloff dans le film, la fiancée de Frankenstein de 1939 et Monstrogoth Alpha est une copie de King Kong. Un autre thème de l'anime est la nostalgie d'un paradis perdu après une catastrophe qui évoque le spectre du nucléaire (blessure radioactive d’Actarus, champignons nucléaires dans plusieurs épisodes…). Certains aspects du dessin animé sont très sombres : le génocide de la planète d’origine du héros, le trauma vécu qui ressort dans des flashbacks et dans ses cauchemars, et l’importance de la notion de survie. D’autres en avance sur leur temps : la question de l’écologie, par exemple, posée tout au long de la série. La beauté de la nature est mise en avant comme élément de paix. Ainsi d’un côté, l’aspect occidental de Goldorak a aidé et accéléré la diffusion internationale de l’œuvre et en même temps le propos plaçait l’œuvre dans l’histoire japonaise, le traumatisme d’Hiroshima entre autres.
Parlons un peu de la version française du dessin animé puisque c’est celle que nous avons connu. Goldorak est la contraction de Goldfinger (Le méchant de James Bond qui se prend pour le roi Midas) et de Mandrake (le magicien qui tient son nom de la mandragore). Le travail d’adaptation a dépassé le stade de la traduction pure. En effet, des choix de modifications de sens ont été fait : dans la version originale, les Terriens portent des noms japonais et les extraterrestres des noms à consonance anglo-saxonne (Le Japon a été occupé si longtemps par les Américains !). Dans la version française, Gatineau a choisi des noms à consonance spatiale (Procyon, Alcor…) emprunté à l’astronomie et des noms à consonance mythologique (Phénicia, Minos…), créant ainsi de nouvelles références. De même, les noms d’attaque en français relèvent de l’imaginaire et s’éloigner du vocable guerrier. Pour ce qui est des accusations de coupe dans les animes de l’époque, elles ne datent pas des premières diffusions mais des rediffs des années 90 (Club Dorothée) et en enlevant des éléments superflus, elles mettaient en exergue les scènes d’action, de combats, renforçant au final la violence de certaines scènes.
Goldorak est une source d’inspiration, la nostalgie d’une époque, la culture du jouet et celui qui a ouvert la porte à Albator, X-Or, Bioman… L’étude vous montre aussi les réactions de la presse française à l’époque, l’emballement médiatique surprenant. Elle ne cache pas non plus les défauts de la série. Ainsi, Goldorak n’affronte le plus souvent qu’un seul méchant par épisode alors qu’il est nettement en difficulté face à deux ou trois… Véga est censé vouloir la destruction de la terre, pourquoi ne sont-ils pas venus tous d’un coup ? Vous en apprendrez plus sur la paternité de l’œuvre qui n’est pas seulement le fruit de la créativité de Go Nagai, sur l’utilisation très japonaise du son et de la musique dans les animes…
Goldorak reste un excellent souvenir même si à revoir aujourd’hui l’œuvre a bien vieilli. Mais la répétition et l’itération de l’anime créait l’attente du plaisir et le jeu : moins rassurant que les programmes traditionnels pour enfant de l’époque, il nous faisait vibrer ! Il favorisait les jeux de rôle, d’imitation et de pronostics : quelle route Goldorak va –t-il prendre pour sortir de sa base, quelles armes va-t-il utiliser… cette ritualisation d’ailleurs était le cœur du programme et les enfants de l’époque l’ont bien compris.
Cette étude passionnante à lire n’est pas destinée aux plus jeunes car elle est assez dense même si le style est clair. Je n’ai fait ici qu’effleurer le contenu de cette lecture intelligente et fun. Les références sont nombreuses et il faut un peu de culture de l’animation japonaise pour s’y repérer. Il est fort et réjouissant de voir que des universitaires peuvent s’intéresser à de la culture populaire sans la rejeter comme pauvre ou inintéressante. Cet ouvrage est dans la même collection 'serial' que celui sur la série Game of Thrones.
Et pour le plaisir, le générique !
La conclusion de Nathalie Z. à propos du Livre : Goldorak l'aventure continue [2018]
Les presses universitaires François Rabelais proposent une collection d'ouvrages sur vos séries préférées. Ce mois-ci, c'est le dessin animé culte Goldorak qui a droit à son analyse. Tout est décortiqué : structure narrative, musique, version française, accueil des critiques et du public, impact sur la société, thèmes sous jacents, création de l'oeuvre... A la fois intelligente et agréable, cette lecture vous en apprendra plus sur un des robots les plus célèbres de la galaxie ! Si vous avez aimé Goldorak, foncez ! Si vous ne connaissiez pas, c'est l'occasion de mieux comprendre comment la culture de l'anime est arrivée chez nous.
On a aimé
- Ecriture claire et illustrations
- Etude très complète sur un moment clé de l’animation au Japon
- Pas seulement pour les fans
On a moins bien aimé
- Etude universitaire donc complexe à lire pour les plus jeunes
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