Critique Le Gecko #1 [2018]

Nous sommes au début du XXème siècle aux Etats-Unis. Le jeune Albert, afro-américain, grandit dans un monde dur, raciste, où il a du mal à trouver sa place. Une nuit qu’il vagabonde, il met la main sur un étrange objet brillant. Il décide de l’offrir à sa mère mais son père conscient que l’objet est bien trop précieux pour que son fils ait pu l’acquérir honnêtement, le fait ramener chez ses propriétaires présumés, de riches blancs. Devant la violence de la réaction du vieil homme blanc, le père d’Albert réagit. Il doit alors partir amenant sa famille loin de là.

Ils vivent désormais à Chicago, dans la pauvreté toujours. Pour Albert qui a grandi c’est insupportable, d’autant plus qu’il a gardé de son contact avec l’étrange objet des compétences très particulières. Ses doigts accrochent les revêtements comme ceux d’un gecko. Il devient alors tentant de céder à la facilité et à la cambriole. Mais le racisme les rattrape…

Nous sommes désormais à l’époque de la prohibition, toujours à Chicago, Albert est un homme fait désormais à la double identité : serveur en extra lors de soirées mondaines, il est aussi le voleur connu sous le nom de Gecko. Il est un mutant même si son époque n’a pas de mot pour ce qu’il est. Friand de beaux objets, il s’attaque un jour à la mauvaise proie : un riche chasseur sanguinaire, Linas, collectionneur et sadique. Alors qu’une enquête de police a lieu, la chasse à l’homme commence et le Gecko est l’une des cibles. Un jeune homme du cirque voisin semble aussi attirer l’attention sur ses capacités.

Cette bande dessinée est à la fois une histoire de super héros dans les années 20-30 et une critique sociale de cette même époque : misère, racisme, exclusion, cruauté d’une société tant rurale qu’urbaine. Avec l’ambition de créer une histoire classique de super-héros, le scénario dévoile les grandes étapes de la construction du personnage : enfance difficile, traumatisme de l’adolescence, choix de l’utilisation des pouvoirs à l’âge adulte. Mais le gecko est-il vraiment un super-héros ? Il est un bon gars mais il vole, subtilise et dérobe tout ce qui brille. A l’inverse, Linas a tout du super vilain et le personnage du cirque est plutôt attachant. Avec quelques maladresses de narration sur l’enchainement des événements, quelques digressions inutiles, cette œuvre reste très agréable à lire.

Le format est franco-belge mais dans le dessin et le découpage, on retrouve le dynamisme des comics US. Cela donne un beau rythme qui accompagne bien avec les acrobaties du héros. Les mouvements sont fluides, affutés, les scènes de bagarre et de poursuite sont les plus réussies. Le dessin et la colorisation sont beaux, assez classiques et respectent parfaitement le thème de la bande dessinée.