Avis sur Brazil [1985]

Avis critique rédigé par Christophe B. le mardi 13 juillet 2004 à 21h11

Quand le rêve devient un refuge

La conclusion de à propos du Film : Brazil [1985]

Auteur Christophe B.
78

Imaginez un monde futuriste décalé tel que l'univers de "1984" peut le représenter, c'est-à-dire une société au top-niveau de l'organisation informatisée et aseptisée, mais dans un décor de début de siècle.
Terry Gilliam s'est inspiré de l'œuvre d'Orwell en écrivant "Brazil" mais il lui donne un ton totalement personnel. Il ajoute à l'esprit d'Orwell une dimension humoristique dont le livre manquait singulièrement. Car l'arme imparable du réalisateur c'est de réussir à faire rire des situations cauchemardesques de cette société. Un rire jaune, des gags tragiques qui laissent un arrière goût d'indignation.
Tout comme dans le classique de la littérature anglaise, Gilliam a situé son action sous un régime totalitaire et a pris le parti de nous décrire un petit employé : Sam. Il mène une existence aussi paisible que le permet un monde décadent secoué, à tous moments, par des attentats terroristes sanglants. Sam est un homme modeste, soumis, effacé, qui n'a qu'une ambition : Ne surtout pas en avoir ! Autrement dit, rester pour toujours un tâcheron minable et zélé dans un ministère. Mais ne croyez pas pour autant que Sam soit un idiot, bien au contraire. Il préfère le doux cocon de ses rêves érotiques à la course à la réussite et à l'éternelle jeunesse qui obsède tant ses semblables. Un jour, pourtant, la femme de ses rêves déboule dans sa vie, il commence alors à s'interroger sur le bien-fondé des décisions de ceux qui le gouvernent. Mais les questions ne sont pas de mise dans un univers autoritaire se chargeant de briser l'individu qui remet ses bases en questions. Pour l'homme détruit, il ne reste plus qu'à se réfugier dans le rêve, qui l'entraîne bien loin sur les accents joyeusement ironiques d'une mélodie brésilienne.
Gilliam nous montre la société écrasante dans une formidable allégorie : l'aspect de la métropole ne vise en fait qu'à rapetisser le citoyen et lui faire encore mieux prendre conscience du dérisoire de son existence en tant qu'individu. C'est dans la forme et dans le surdimensionnement de l'espace architectural qu'on finit par se retrouver fondu dans la masse.
Gilliam veut croire, que l'homme est naturellement bon, et que l'honnêteté et la justice triomphent toujours. Mais, et c'est là que le bonheur prend un goût amer : à force de ne pas vouloir regarder le monde tel qu'il est, on devient la victime désespérée de ce qu'il est devenu.
Gilliam rend le monde qu'il dépeint bien plus crédible en l'adaptant à nos phobies modernes. La chirurgie esthétique, la famille étouffante et une technologie incompréhensible ont remplacé Big Brother . Seuls la tristesse et l'isolement sont restés à l'ordre du jour. Loin de nous soulager par des bouffées d'air pur, l'humour qui préside au déroulement du film ne fait qu'accentuer le côté désespéré de "Brazil".
Des effets spéciaux superbes, des mouvements de caméra et des plans comme on ne sait plus en faire sont aussi de la fête, ce qui ne gâche rien. Ce film est d'une telle intensité visuelle et émotionnelle qu'il en est devenu mythique.

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