Critique Les Uchronautes #2 [2018]

Les temps Assassins est une saga fantastique teintée d’uchronie. Menée avec finesse par Pierre Leauté, cette trilogie mélange personnages fictifs célèbres et personnages historiques. Le second volet de cette saga s'intitule Les Uchronautes et nous dévoile le passé d'un personnage aperçu précédemment. La scène d'introduction très mouvementée nous plonge en 1936 à bord du Zeppelin Hindenburg en compagnie de la belle et vénéneuse Charlotte Backson, le personnage principal de Rouge Vertical, premier volet de la trilogie. Nous ne la recroiserons que trop peu dans ce roman. 

Dans ce second tome, nous suivons cette fois le destin d’un homme mystérieux croisé dans le premier volet. Darwen Longville est le leader de l’Horloge mais sa vie a commencé il y a fort longtemps. Il est né au XIème siècle en Angleterre, une époque violente où il vécut avec douleur la mort de son jeune frère. Suite à ce drame, sa vie bascula. Il fut enlevé et son père mourut en essayant de le sauver. Le Saxon quitta alors les terres de sa famille pour la France et plus précisément la Normandie. Il intégra l’armée d’un certain Guillaume et combattit pour lui. Sa mort sur le champ de bataille d’Hastings lui sembla irréelle et un immortel vint bientôt l’aider : Alistair allait devenir ainsi son mentor au sein d’Analetka. Cette société d’immortels est la plus importante. Elle est régie par des lois strictes et Darwen Longville devient rapidement un très bon élément : un bellatores chargé de punir les traitres et les manquements aux règles. C'est l'occasion de découvrir la formation de ces exécuteurs impitoyables qui nous ont tant effrayés dans le premier tome.

Ce volet des Temps Assassins dépeint ainsi la vie de Darwen Longville le renégat et comment celui-ci trahit Analetka pour fonder l'Horloge. Nous découvrons le fonctionnement interne d'Analetka, les motivations des différentes factions et certains personnages prennent de l'épaisseur. L'univers s'étoffe donc et on y découvre que des compas permettent de voyager dans le temps selon des restrictions cohérentes.

Comme dans le premier tome, Pierre Léauté nous fait voyager au cœur d'événements historiques cruciaux avec une précision extrême. Le style est toujours aussi prenant, les personnages travaillés et profonds. Abby Fierce revient dans ce tome non plus comme mentor et amie de Charlotte Backson mais comme alliée et amante de Darwen Longville. De nouveau, cette femme nous surprend avec une complexité et un destin tragique passionnant. Darwen est quant à lui très charismatique et son point de vue amène le lecteur à réfléchir sur le fait d'agir ou non pour changer le cours de l'histoire. Aucun manichéisme ici, au contraire, le lecteur est libre de se faire son opinion.

Comme pour le premier volet, l'édition est superbe. Illustration qualitative et couverture rigide pour une œuvre qui le mérite.