Critique Le Testament d'Alceste [2019]

Le Testament d’Alceste ou la Nouvelle Phères mnémonique est un roman vertigineux et envoûtant du barcelonais Michel de Palol. Il est traduit du catalan pour la première fois par les Editions Zulma qui avaient déjà proposé un autre de ses romans, Le Jardin des Sept Crépuscules, déjà salué par la critique.

Le manoir d’Agnulla, nommé par les locaux le Mas-d’en-Haut, est une splendide bâtisse espagnole du XVIème siècle qui a été agrandie et remaniée au fil des siècles pour devenir une demeure extravagante dans laquelle il est aisé de se perdre. Son propriétaire, Toti Costagrau, un homme âgé ayant côtoyé les plus grands de ce monde, décide d’y officier un jeu exceptionnel connu sous le nom de Nouvelle Phères mnémonique ou jeu de la Fragmentation. Il invite ainsi des dizaines d’amis à participer, hommes et femmes, en couple ou célibataire, plus ou moins jeunes.

Les premiers participants arrivent et pour certains découvrent ce lieu grandiose. Les discussions s’animent, le jeu n’a pas commencer mais on parle politique, géopolitique ou encore philosophie. On s’observe, on se séduit… Mais le Jeu n’a toujours pas officiellement commencé qu’Aloysia, une jeune femme invitée est découverte sans vie sur son lit. Alors qu’appeler un médecin ou la police aurait été censé, voilà que les participants au Jeu décide de le mener à bien et de faire d’Aloysia le but : il faut réussir à ressusciter la jeune femme. Pari fou, ridicule ou leurs connaissances de l’occultisme et des rites anciens suffiront-elles ? En parallèle se pose la question de savoir si cette mort est naturelle, la jeune et jolie femme semblait en excellente santé… Ils ont cinq jours pour arriver à leur fin.

Suivant le point de vue d’un narrateur amoureux de la victime, entre autres, le lecteur parcoure les pièces de cette maison si particulière et converse avec des personnages haut-en-couleur. Le jeu de le Fragmentation est une sorte de jeu de rôle où chaque participant enchaine des histoires qui s’entremêlent pour former une construction géométrique complexe vertigineuse. Le roman devient alors polyphonique même si la voix du narrateur reste présente pour la vie dans le Mas-d’en-Haut. Cette œuvre est difficile à appréhender à cause d’une introduction descriptive aux phrases très longues et le lecteur devra s’accrocher et accepter d’être désorienté. Mais l’écriture dense de Miquel de Palol s’éclaircit pour trouver un rythme soutenu dès la mort d’Aloysia. Les histoires sont enchâssées et le lecteur s’y perd avec bonheur. Les thèmes abordés par cette œuvre sont riches et variés de la conspiration financière à l’affaire criminelle glauque en passant par diverses extravagances sexuelles. Le roman est donc labyrinthique est c’est pourtant un plaisir d’être perdu dans ce dédale philosophique.