Philip K. Dick : Le génie halluciné ! > La grande révélation et... la fin d'une vie.

1974/1982

C'est le 20 février 1974 que Dick a sa grande « révélation ». Une révélation mystique alors qu'il est cloué chez lui par une rage de dent (et oui, tout peut arriver). C'est la pharmacienne qui en est le vecteur. Alors qu'elle vient lui livrer des médicaments pour atténuer ses problèmes dentaires, Philip est complètement hypnotisé par le pendentif qu'elle porte autours du cou: un poisson en or, le symbole des premiers Chrétiens. Impossible de dire ce qui se passe dans l'esprit malade de l'écrivain. Toujours est-il que le « Talisman » réveille en lui une nouvelle révélation : il est comme ces premiers Chrétiens, gardien d'un secret à communiquer au monde. Reste à savoir lequel.
Il retrouve d'un coup toutes ses phobies dans une folie mystique et Chrétienne. Il improvise chez lui un hôtel dédié à la Vierge, baptise secrètement lui-même son fils (pour que le FBI ne le sache pas). Sa vie redevient vite un enfer. La radio lui envoie des messages de menace (même éteinte !). Il fait des rêves étranges dans lesquels il fait parti des premiers Chrétiens pendant la période gréco-romaine. Il pense être en contact avec des télépathes soviétiques. Il croit décrypter un message de menace dans la lettre d'un fan Estonien (Il envoie cette lettre au FBI pour la faire expertiser). Il acquiert la certitude d'être possédé par une entité spirituelle immortelle..
Au printemps 1974 cette Entité lui fait faire des choses extraordinaires : il soigne son apparence, renouvelle sa garde-robe, trie son armoire à pharmacie et jette tous les produits psychotropes, règle son contentieux avec le FISC, gère impeccablement ses affaires et sauve la vie de son fils en découvrant lors d'un « flash » qu'il est atteint d'une maladie congénitale (une hernie étranglée), ce qui incroyablement s'avère exacte. Il sait qui est cette Entité. C'est Ubik, l'Entité homonyme de son propre roman.
Dick essaie de se remettre à l'écriture. Durant les huit dernières années de sa vie, il amasse plus de 8000 pages de notes, d'hypothèses diverses et variées sur le monde qui l'entoure et sur les hypothèses de ses flashs mystiques. Il dit lui-même qu'il devient « une machine à penser qui ne sait plus rien faire d'autre ». Il ne s'arrête littéralement plus d'écrire jour et nuit, car il vient de comprendre une autre chose : ses précédentes oeuvres sont prophétiques. Il pense que le moment venu, l'Entité reviendra pour l'aider à faire le tri dans ses notes et découvrir une nouvelle vérité qui convertira l'humanité entière.
En 1975 Tessa quitte l'écrivain, excédée par son mode de vie. Il fait une nouvelle tentative de suicide et passe trois semaines en hôpital psychiatrique. A sa sortie de l'hôpital il se met en ménage avec Doris, une jeune Chrétienne fraîchement baptisée et atteinte d'un cancer, qu'il avait rencontré quelques mois plus tôt. Leur relation ne tient pas très longtemps. En 1977 il rencontre le tout dernier amour de sa vie : Joan Simpson. C'est le coup de foudre immédiat. La venue de Joan redonne vie à Dick. Lui qui ne sortait de son appartement que pour se rendre au supermarché du coin, chez Tim Powers son ami (et écrivain de SF lui aussi) et chez son Psychiatre. Philip K Dick, l'homme de toutes les phobies, se met à voyager dans tout le pays. Il part même en France, à Metz, pour une convention de Science Fiction...
Joan à son tour quitte l'écrivain, mais sans heurt cette fois. La mère de Dick décède, les droits cinématographiques de Blade Runner lui rapportent beaucoup d'argent. Il en donne une grande partie à des œuvres charitables et achète une maison pour Tessa et Christopher. Il continue d'aller deux fois par semaine chez son psy et chez Tim Powers. Il se remet à l'écriture. Il boucle deux romans : L'invasion Divine et La Transmigration de Timothy Archer.
Le 05 mars 1982, après plusieurs attaques cérébrales, Philip Kindred Dick meurt à l'hôpital. Il est enterré auprès de sa soeur jumelle Jane.