Gérardmer 2011: Jour 3 et 4
Un Père-Noël, des trolls, une vengeance et de l’esbroufe
Vendredi 28 janvier
Pour cette troisième journée de Fantastic Arts, les pays Nordiques étaient à l'honneur. Nous entamons la journée par une escale finlandaise avec « Rare Exports : a Christmas Tale », le premier long-métrage de Jalmari Helander.
Dans le grand nord Lapon, une équipe de recherche américaine étudie des échantillons de forage au sommet d'une montagne et pense avoir découvert un ancien monticule funéraire... La veille de Noël, des centaines de rennes rongés jusqu'à l'os gisent dans la neige. Les explosions entendues des mois durant semblent avoir rendu fous les loups de la région. Le fils d'un chasseur de renne local est quant à lui convaincu que ce n'est pas l'œuvre des loups...
Bénéficiant d'une photographie à tomber jouant habilement sur le contraste entre l'ambiance chaleureuse et feutrée de Noël et la froideur glaciale du nord finlandais, le film recèle d'incroyables trésors techniques qui lui permettent d'agripper son spectateur dès les premiers plans en lui laissant envisager un voyage à la fois confortable et dépaysant. Dépaysant, c'est peu dire, c'est carrément à un voyage spatio temporel auquel le spectateur a droit. Direction les années 80, Joe Dante et les productions Amblin ! Et ouais, rien que ça. Rare Exports nous propose ainsi une variation ultra jouissive sur le thème du « gamin enquêteur » : le petit Pietari (génial Onni Tommila), huit ans, portant tout au long du métrage un déguisement farfelu qu'il a lui même confectionné, réussit là où les adultes échouent parce que lui seul possède encore les yeux du rêveur...
Bref, la plupart des festivaliers semblaient conquis par ce film qui mélange avec une certaine magie humour, émotion et fantastique, culminant dans un final frénétique qui risque de résonner longtemps dans les têtes.
19h30 : projection du film norvégien The Troll Hunter. De prime abord le film s'apparente à un Blair Witch-like qui aurait troqué sa chasse à la sorcière contre une chasse au Troll – ces êtres géants issus des contes et légendes scandinaves, le métrage respectant le cahier des charges à la lettre (ou en alignant les poncifs du genre, c'est selon) avec : son filmage caméra à l’épaule en mode first person shooter, son trio d’étudiants à la recherche d’un sujet chaud bouillant et de sensations fortes, ses errances en forêt, ses passages en night vision, etc.
Mais il n’en est rien. Le film, aussi impressionnant soit-il avec ses Trolls somptueux, dépasse rapidement le cadre étriqué de son pitch horrifique en s’intéressant avant tout à son pays, d’un point de vue autant mystique que géographique. Il utilise ainsi joliment l’excuse du film fantastique pour dresser un portrait réaliste, un poil cynique, et à forte teneur sociale de la Norvège, le Troll Hunter se plaignant par exemple à plusieurs reprises de la précarité de son « job de merde » (et c'est justement la raison pour laquelle il laisse l’équipe video le suivre). Ce qui explique sans doute l’incroyable succès du film dans son pays d’origine...
Samedi 29 janvier
La matinée a débuté avec J'ai rencontré le Diable, un thriller sans concession de Kim Ji-woon (Deux soeurs, Bittersweet Life et Le bon la brute et le cinglé). Nous y découvrons, certes, une énième histoire de vengeance, mais celle-ci oppose les deux grandes stars coréennes du moment que sont Byung-hun Lee et Choi Min-sik qui vont se livrer une véritable guerre psychologique qui donnera tout son intérêt au long-métrage. Elle deviendra même par moment particulièrement insoutenable tant certaines scènes sont d'une rare violence. Au final, J'ai rencontré le Diable se distingue par une réalisation très soignée, à la limite de la perfection, mais comporte tout de même quelques longueurs. Il s'agit sans aucun doute du film le plus violent du réalisateur et sûrement le plus percutant du festival.
Début d'après-midi : nous poursuivons avec la compétition des courts-métrages...
- Le Vivier, réalisé par Sylvia Guillet : Ce premier court bénéficie d’une photo soignée ainsi que de maquillages prosthétiques très réussis, effectués par CLSFX l’équipe d’Olivier Afonso, mais pâtit clairement d'un scénario plombé par une foultitude de symboles plus métaphoriques les uns que les autres et, il faut l'avouer, se termine... en queue de poisson.
- Bloody christmas 2, la révolte des sapins, réalisé par Michel Leray : débile et drôle, sympa et fun, on n'en attend pas moins. Ni plus.
- Mandragore, réalisé par Fabrice Blin : Directement inspiré des épisodes au fantastique barré de la quatrième dimension, le scénario mélange deux ambiances, deux époques et confrontent la magie du monde forestier des Contes à un élément perturbateur futuriste ! Restent cependant de vrais défauts, plombant la magie du métrage, notamment l'utilisation omniprésente d'une musique calamiteuse et des effets visuels qui ne sont pas à la hauteur de ces jolies ambitions.
- No face, réalisé par Matilde Arnaud et Jean-Yves Arnaud : un début très prometteur avec cette homme mystérieux qui semble interagir avec le comportement des couples lorsqu'il les photographie surfant ainsi sur le registre du conte fantastique. Mais malheureusement l'originalité s'arrête là et l'histoire redevient vite un simple film de séquestration.
- Cabine of the dead, réalisé par Vincent Templement : Si l'image s'avère très travaillée et que l'histoire s'oriente vers une comédie horrifique efficace, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un énième film de zombies.
- Le miroir, réalisé par Sébastien Rossignol : sûrement le court le plus impressionnant de la sélection tant en raison du travail sur la réalisation, la photo, le jeu des acteurs. Le scénario est intelligent mais aurait mérité d’être développé davantage.
- Red Balloon, réalisé par Damien Macé et Alexis Wajsbrot : Projeté dans une qualité particulièrement médiocre, ce court a tout de même pour qualité des plans techniquement complexes et recherchés. Malheureusement, l'histoire ne suit pas et s'avère un peu bancale avec son boogeyman largement copié-collé sur Donnie Darko.
17 heures : Visionnage de The Silent House, réalisé par Gustavo Hernandez. Voilà peut-être ce qui fut la purge du festival. Si l'idée de faire tout un film en plan séquence s'avère séduisante, elle ne sert pas pour autant le film qui manque cruellement de rythme. Malheureusement, le scénario ne vient pas aider le métrage tant il est gratuitement alambiqué. Une fois les personnages principaux entrés dans cette maison, nous découvrons qu'il ne se passe rien hormis que la protagoniste entend des bruits dont elle cherche la provenance dans tous les recoins de la maison (allant même jusqu'à chercher dans les tiroirs ! ). Le peu d'action ne captive pas et le final s'avère totalement absurde. Voilà donc un somnifère en puissance...
Article rédigé par Romain B., Lionel B. et Emmanuelle T.
Publié le dimanche 30 janvier 2011 à 01h33
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