Rencontre @vec...PATRICK ERIS
une interview courriel

L'auteur Patrick Eris s'est prêté gracieusement au jeu d'une interview courriel. Scifi-Universe l'en remercie grandement...
-Peux-tu te présenter à nos internautes ?
Patrick Eris, traducteur et auteur depuis un bon temps déjà, et je n’ai pas envie que ça change !
-Etre auteur, c’est pour toi un moyen de pouvoir donner ton avis de manière fictionnelle sur un sujet qui te tient à cœur ou simplement l’envie de conter des histoires ?
Réponse de Normand : je pense qu’il y a des deux. Bien sûr, je reste très attaché au fait d’avoir une bonne histoire logique qui agrippe le lecteur, même s’il s’agit juste de suivre un personnage comme dans “La première mort”, mais je présume qu’à moins de faire des livres très plats, on y met forcément des thèmes qui intéressent, soit généraux, soit plus propres aux personnages. Par exemple, j’aime bien celui de Jiro qui me permet d’aborder un thème majeur, même s’il n’apparaît que dans un seul chapitre. Mais je ne suis pas vraiment un auteur “à message”, je m’intéresse plus à l’évolution des personnages qu’aux systèmes. Comme dirait Desproges, je suis un auteur dégagé !
-Quelles sont tes influences majeures pour tes "travaux" d’écritures ?
C’est difficile à dire, parce que tout ce qu’on voit, lit ou entends peut être enregistré, parfois d’une façon inconsciente, et resservir un jour. Par exemple, le point de départ de “Fils de la Haine” vient des photos de “tetsuo 2” vues dans un magazine, avec ses incroyables biomécaniques ; avant même d’avoir vu le film, cela m’a fait partir dans cette direction. A moins d’avoir fait une thèse sur un auteur en particulier, il est difficile de démêler l’écheveau de tout ce qui peut influencer un texte…
-Comme je sais que tu es un amateur du "genre", pourrais-tu nous donner ta définition du Fantastique ?
Il y en a autant que de lecteurs ! Je ne sais plus qui l’a défini comme la “transgression du quotidien”. Ce qui peut valoir aussi pour des textes insolites non fantastiques, d’ailleurs… Mais je m’y tiendrai.
-Comment se passe la préparation d’un roman ? As-tu des habitudes de travail dont tu ne peux te passer ?
Pas vraiment. J’ai toujours écrit dans des conditions assez chaotiques, et maintenant, l’ordinateur portable permet de multiplier les possibilités. Par contre, je commence rarement un roman sans avoir idée de l’intrigue ou de la fin.
-Quelle est l’étape la plus difficile dans l’écriture ou l’élaboration d’un roman ?
Lorsqu’on a un début d’idée et qu’on n’arrive pas à la développer. J’en ai plusieurs qui sont restés en plan comme ça. Sinon, traiter avec les éditeurs peut être assez déprimant…
-A l’inverse quelle est l’étape la plus agréable ?
Lorsque le texte semble couler tout seul, sans difficulté et exactement de la façon dont on le souhaite.
-En octobre 2005, ton dernier roman Fils de la Haine a été publié aux éditions Rivière Blanche, comment s’est déroulée cette publication ? Etait-ce une envie d’être publié chez cette maison d’édition qui est un hommage à la défunte FNA ?
C’était d’abord parce que je connais Philippe depuis des lustres, j’avais déjà travaillé avec lui sur “Rock Stars”. Je ne sais comment est venu l’idée de lui envoyer ce roman, qui avait été refusé par à peu près tout le monde. Vu les critiques positives, il faut croire que je m’en tire bien ! Mais en effet, je suis très content du travail de RB.
-D’ailleurs Fils de la Haine est nominé au prix Lion Noir du Salon du livre Policier de Neuilly-Plaisance, cela te fait plaisir ? Et comment appréhendes-tu cette nomination ?
C’est réconfortant, car cela prouve qu’on est de plus en plus réceptif au mélange de genre. Il faut dire que le genre polar ne cesse de chercher à exploser ses propres limites… Une démarche qui me plaît bien ! C’est souvent là, hors des sentiers battus, qu’on trouve ce qu’il y a de plus intéressant.
-Quel a été le leitmotiv ou l’obsession créatrice inhérente à l’élaboration de ton roman Fils de la Haine ?
Difficile à dire, puisque je procède plutôt par strates d’idées qui se superposent. Mais cela m’a permis de caser une histoire “de monstre” traditionnelle, ce que j’ai toujours aimé !
-Bien évidemment dans celui-ci, on décèle tes influences cinématographiques coréennes et chinoises ! Au sujet du personnage Ghost qui évolue dans la Trame, venait-il du DA Ghost in The Shell ? On peut également remarquer que quelque unes des scènes de combat sont dignes du Il était une fois en Chine de Tsui Hark ?!
Bon compliment ! En fait, je ne suis pas sûr d’avoir tout compris à “Ghost in the Shell”, que je n’ai pas revu depuis sa sortie ! En fait, à l’origine, j’ai développé le roman pour la série avortée MACNO, chez Baleine — où j’ai aussi publié un poulpe — et l’idée d’une IA vivante était déjà dans la Bible. Mais je suis heureux d’avoir pu chercher plus loin… Sinon, oui, les quelques scènes de combat viennent évidemment du cinéma de Hong kong ! Là, je me délecte des films de fantômes asiatiques, cela ressortira peut-être dans un projet… Au passage, pour FDLH, on me cite souvent l’influence de mangas ou de jeux vidéos que je ne connais pas du tout ! Comme quoi…
-J’ai beaucoup aimé la différence qu’il y a entre les personnages Syan Shanda, intègre et terre à terre, avec la jolie Jiki, fragile et toute poétique. Etait-ce volontaire ou cette différence s’est établie par elle-même au cours de l’élaboration de ton roman pour mettre encore plus en avant la différence qui existe entre la basse réalité et la profonde réalité ?
Tout à fait, ces personnages sont évidents, car ils sont l’exact complément l’un de l’autre — le ying et le yang, pourrait-on dire; et c’est ce qui rend leur alliance efficace ! Quand aux termes de haute et basse réalité, je les ai piqués à mon ami Jean-Marc Ligny (avec son accord !), car je les trouve d’une précision remarquable. Ils devraient passer dans le langage commun, comme Robot (inventé par Karel capek) ou Télévision (de Hugo Campbell, si je ne m’abuse)
-Et toi, dans quelle réalité évolues-tu ?
Celui qui pourra me le dire me rendra bien service ! En tout cas, j’ai l’impression que ce qu’on appelle la réalité devient de plus en plus démente. Le personnage de Jiki est d’ailleurs rattrapé, puisque de jeunes Japonais commencent à ne plus quitter leur chambre. C’est digne d’un roman apocalyptique, non ?
-Tu t’es beaucoup documenté sur l’histoire du réseau internet, sur son évolution et notamment sur le NSK ?
Pas tant que ça, en fait ! Je ne voulais pas devenir trop technique, d’autant que la trame est à Internet ce que mon iMac est aux ordinateurs des années soixante !
-Tu l’imagines comment notre avenir d’internautes ?
Bouffé par le tout-commercial, bien sûr. Entre la chasse au téléchargement, le flicage et le déferlement publicitaire, on va retirer le goût du net. Et je me demande qui Big business accusera cette fois-ci… En effet, il sera temps de passer à autre chose.
-En ce qui concerne tes personnages lequel as-tu pris le plus de plaisir à créer ou tout simplement lequel est ton préféré?
Sur FDLH, ce serait difficile à dire, je les aime tous à leur façon, puisque aucun ne pourrait fonctionner sans les autres, du plus important au plus petit (Le personnage de Maï Lung, proie médiatique pour être témoin d’un des massacres, qui renvoie à ces “reality show” qui formatent la réalité actuelle). Dans toute ma carrière, je dirais que j’ai une tendresse pour Val Kingsley, l’héroïne de “La première mort”. J’avais dans l’idée de faire une trilogie avec ce personnage, mais l’éditeur a mis la clé sous la porte avant. Mais je ne renonce pas, d’autant qu’il y a un projet assez avancé d’adaptation cinématographique de ce même roman, dont je cosigne le scénario… Qui sait, sa version cinématographique me permettra peut-être de clore son histoire !
-J’ai également beaucoup aimé la construction de Fils de la Haine. Tous les interludes qui se passent à Moscou, à Saint Petersburg ou de même que le point de vu narratif changeant. Cela fut difficile à réaliser ? Etait-ce pensé depuis le début? En tout cas c’est très réussi !
Merci, car c’était très difficile de garder en même temps une narration limpide ! Sinon, j’aime tout ce qui est exotique. J’aimerais voyager davantage, si je le pouvais, il n’y a rien de plus formateur pour la création. Il est amusant de voir que Catherine Simon a utilisé quelques fondations semblables pour donner “Le goût de l’immortalité”, qui est un vrai chef d’œuvre !
-Ce fut important pour toi d’inclure au début de chaque partie de ton roman des passages de groupes musicaux tels qu’E. Neubauten, NIN ou Morgoth ?
Bien sûr ! C’est une façon de rendre à César… Je m’inspire tellement de la musique que je ne peux que lui rendre hommage par ce biais. Il m’est d’ailleurs arrivé d’offrir aux artistes des romans ou nouvelles où ils étaient cités !
-Quels sont tes futurs projets ? Es-tu déjà entrain d’écrire un prochain roman ?
Plusieurs choses en cours, toutes très différentes : de la fantasy, un roman historique, du polar… A moins de faire un échéancier, je ne sais comment je vais m’en sortir ! Un petit bonus à cette interview ^_^… Pourrais-tu te prêter au jeu du portrait chinois ?
Houlà, je ne suis pas très doué pour ça !
Si tu étais :
-Un Livre : La BD “The crow” de J.O. Barr.
-Un Mot : Pffffft…
-Une Phrase : “La bave du crapaud n’empêche pas la caravane de passer” !
-Un Film : Peut-être “Rusty James” de Coppola
-Une Chanson : “Bouge de là” de Sapho (Il faudra l’écouter pour comprendre !). Ou “Stranger” de New Model Army.
-Un Objet : Un chandelier
-Un Animal : Un loup (Oh, le prétentieux !)
-Une Couleur : Bleu sombre
-Un Sentiment : La futilité
-Une Fin : La fin des haricots ? Et Encore Merci à Patrick Eris ^^

Auteur : Lucie M.
Publié le lundi 6 mars 2006 à 07h00

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