Rencontre avec... Paul Cauuet
Aster IV : la fin d'une aventure
Aujourd'hui, c'est une journée « émotion » puisque je vous y propose une interview de Paul Cauuet, à l’occasion de la parution du quatrième et dernier tome de la série Aster. Émotion, puisque la toute première interview de Guillaume Clavery et Paul Cauuet remonte déjà à 2003. Ce qui, excusez-moi du peu, ne me rajeunit pas - « petite larme à l'œil » Disponible depuis le 19 mars 2008, Tattva marque donc la fin d'une aventure – celle d'Aster -, mais il y a pas de doute que de nouvelles arriveront très vite.
Aster depuis le mercredi 19 mars marque la conclusion de plusieurs années de travail sur cette série, qu'est ce que cela représente pour toi ?
Une pierre dans le jardin de la Bande Dessinée ! Plus sérieusement, c’est ma première série, mes premiers albums, c’est assez émouvant quelque part. Cela représente presque 5 ans de travail !
Ce dernier tome est de 64 pages, je suppose que cela représente un travail considérable ?
Ah oui, là, j’avoue, ce fut long ! Je tiens à m’excuser auprès des lecteurs, 2 ans entre le tome 3 et le 4, c’est inacceptable ! Vous pourrez me jeter des pierres quand vous me verrez ! ;-) Quand Delcourt nous a proposé 16 pages de plus pour ce dernier tome, Guillaume et moi avons sauté sur l’occasion, cela nous permettait de finir « en beauté ». Alors, oui, forcément, c’est plus long… Surtout quand on arrive à la planche 30 (les 2/3 d’un album classique de 46 pages !) et qu’il nous reste encore la moitié à faire !
Ta technique de travail a-t-elle évolué depuis le tome 3 ?
Oui, en tout cas, à partir de la planche 14 où j’ai laissé tomber l’encrage au feutre pour le crayon. Ça faisait un moment que je voulais tester cette technique (crayonné bleu + cleanage au crayon ordinaire). Elle offre plus de souplesse, de rapidité d’exécution. Seulement, à l’impression, certaines planches voient le trait disparaitre ou s’effacer, cela est dû au fait que je n’ai pas assez poussé les niveaux de mes noirs. Ces quatre albums d’Aster sont un laboratoire pour moi, je suis passé du pinceau à l’encre de chine, au crayon, en passant par la plume et le feutre. Je ne pense pas encore avoir trouvé ma technique idéale, mais c’est ça qui est intéressant ! Je cherche, je cherche…
Certains personnages, que l'on croyait mort à l'issue du tome 3, reviennent, qu'est-ce qui a guidé le choix de leur retour ?
Je sais que beaucoup de lecteurs ont cru, à la fin du tome 3, que le 4ème shri’yad était Niman ! Or c’est bien Gadriel ! Seulement j’ai voulu lui faire une silhouette ressemblant à Niman (cheveux défaits, vêtements déchirés) pour que le lecteur, comme les personnages, n’en soient plus bien sûr. J’ai dû rectifier le tir en dédicaces ! C’est pour ça que Niman réapparait à la première page du tome 4, émergeant de la neige. On refermait le tome3 sur une scène plutôt spectaculaire, où Gadriel se voyait transformé en kebab géant ! Cette expérience, loin de le tuer, va le changer « profondément » ! Finalement, on retrouve presque tous les personnages aperçus dans les tomes 2 et 3 (pillards du Mirak, Ksatriyas, Membres du Culte…). Tous les acteurs de la série se retrouvent dans cet ultime volet.
Sans dévoiler la fin, penses-tu que celle-ci conclue bien la série et ne laisse aucun doute sur son prolongement ?
Absolument. Quand j’ai rencontré Guillaume, au siècle dernier, il avait déjà la fin de l’histoire. C’est ce qui m’a plu avant tout. Je trouvais ça tellement original, et j’avais hâte de dessiner « la révélation finale » ! Nous avons toujours vu Aster avec un début et une fin. Une fin qui ne laissait pas de place à une quelconque séquelle, même si, à la fin du tome4, bien que la série soit bouclée, on peut se prêter à imaginer la suite des aventures de ce monde. Leur histoire continue, pas la série. Je suis clair, là ?
Ce quatrième volume est particulièrement plus violent avec une scène assez dure sur un des personnages clefs où ce dernier se retrouve dénudé et lentement torturé. Pourtant la scène, aussi dure qu'elle soit, est plus subjective que démonstrative ?
C’est vrai. Bon, une scène de torture, c’est jamais vraiment rigolo, hein ! Sauf à écrire ou à dessiner ! Là, j’avoue, c’est moi qui ai dévêtu le personnage en question. C’est quand même plus pratique de torturer quelqu’un sans ses vêtements, non ? Oui, c’est une fille, en plus… La scène en question est assez glauque, il faut l’avouer, avec un méchant très cynique, et des rapaces affamés ! On a toujours privilégié le côté suggestion plutôt que de montrer directement la violence. C’est toujours plus dramatique quand on devine ce qu’il pourrait se passer, ça fait travailler notre imagination.
Que retiendras-tu de l'expérience Aster ?
Que la bande dessinée est un métier de fou ! À l’époque du premier tome, on s’est jeté dans le bain, sans savoir trop comment faire, on est tombé, on s’est relevé, on s’est engueulé, on a bien rigolé, on a beaucoup bossé, on a appris plein de choses, et c’est loin d’être fini ! Quand je regarde en arrière et que je vois l’évolution de mon travail, j’ai l’impression que chaque tome a été réalisé par une personne différente. C’est ce qui me motive le plus ! Aster, c’est notre première fois, et l’on n’oublie jamais la première fois ;-)
Guillaume Clavery le scénariste de cet aventure doit énormément attendre les retours de cette album puisqu'ici c'est la série dans son ensemble qui sera jugé et donc plus l'histoire que le dessin ?
Exact. Je pense qu’on attend tous les deux les avis des lecteurs. On pourra toujours répondre aux questions et aux interrogations des lecteurs en dédicaces. Le service après-vente est ouvert !
Penses tu qu'il est important de bien relire tout les albums avant d'attaquer ce quatrième tome ?
Oui, c’est conseillé ! Ne serait-ce que pour se remémorer les noms de certains personnages. Et puis, deux ans entre le tome 3 et 4 c’est long !
Sur quel projet travailles-tu actuellement ?
Une série sf/action/comédie, avec Wilfrid Lupano (Alim le Tanneur, L’Ivresse des Fantômes…) au scénario, à paraitre chez Delcourt aussi, en 2009. C’est très drôle, très fun. Pour faire court, c’est l’histoire d’une famille de gitans, mais dans le futur. En gros, un mix entre Chat Noir Chat Blanc de Kusturica et Star Wars ! Ça promet, quoi !
Publié le mercredi 26 mars 2008 à 17h58
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Aster
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Paul Cauuet
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