Le meilleur et le pire de l'année 2008 par Manu B.
Coups de coeur et coups de gueule sur les sorties 2008

Comme l'année dernière, il est ô combien intéressant de dresser un bilan de l'année écoulée, assez décevante au cinéma, encore une fois bien surprenante en littérature SF, très décevante dans la musique de film et assez riche en cette fin d'année dans le jeu vidéo. Retour sur les faits marquants de 2008.

Littérature:

Les bonnes surprises:

Inédits: Retenons d'abord que nous avons été gratifiés du troisième volet de la patrouille du temps: La rançon du temps (le Belial'), qui nous offrent des textes inédits (prix spécial aux Utopiales, cette année) du grand écrivain américain Poul Anderson. Un autre grand écrivain anglo-saxon, James Graham Ballard était à l'honneur, cette année avec la parution de l'intégrale des nouvelles (nouvelles complètes), de 1956 à 1962 (Tristram). Vivement la suite. Nous avons eu du Barbéri, avec le recueil de nouvelles, L'homme qui parlait aux araignées (la Volte), qui reprend une vingtaine des meilleurs textes de l'auteur. Stephen Baxter a aussi été publié, avec deux romans de séries majeures (les enfants de la destinée et les univers multiples) (éditions Presses de la cité et Fleuve noir): Transcendance et Origine auront marqué les amateurs de hard-science, cette année. Retour gagnant de Francis Berthelot, puisqu'il publie son septième roman de la série le rêve du démiurge, Le petit cabaret des morts (le Belial'). Notez que le huitième est déjà écrit et le neuvième en cours d'écriture. Trois fois récompensée pour sa novella/nouvelle (Julia Verlanger, Lundi, Grand prix de l'imaginaire cat. Nouvelle), La vieille anglaise et le continent (Griffe d'encre), Jeanne-A Debats est la nouvelle star 2008. On ne pouvait ne pas mentionner Thierry Di Rollo qui est passé de la SF sombre au polar fantastique sombre; Le syndrome de l'éléphant (Denoël) est encore un beau texte. On n'oublie pas le roman de Cory Doctorow, dans la dèche au royaume enchanté (Gallimard), bien plus malin qu'il n'y paraît. Catherine Dufour nous a gratifié d'un très beau recueil de nouvelles, drôle ou sombre, L'accroissement mathématique du plaisir (le Belial') est une belle réussite.

Hal Duncan aura marqué la rentrée de septembre, avec son roman Vélum (Denoël). La suite Encre, est prévue pour fin 2009. Mélanie Fazi qu'on n'avait pas lue en tant qu'auteur depuis trop longtemps, a sorti Notre dame aux écailles (Bragelonne), recueil de nouvelles sombres, mélancoliques ou fantastiques. Laurent Genefort nous a baladé de corps en corps dans Mémoria (le Belial'). William Gibson signe son dixième roman, Code source (Au diable Vauvert), la suite d'identification des schémas. Il flirte de plus en plus avec la littérature blanche. Au nord-nord-ouest d'eden (Griffe d'encre), est le titre improbable de la novella de Gabriel Eugène Kopp, une version déjantée de l'apocalypse. Si vous aimez Tolkien, les elfes, les films d'action et de guerre, Le commando des immortels (Fleuve noir) de Christophe Lambert, est le roman qu'il vous faut. Le rare Serge Lehman a sorti son recueil Le haut-lieu et autres espaces inhabitables (Denoël), où il décline l'un de ses thèmes favoris, la réification. Bonne surprise également, la jeune Kelly Link nous montre, dans La jeune détective et autres histoires étranges (Denoël), que la fantasy d'aujourd'hui c'est beaucoup plus que les donjons/dragons/mages/chevaliers. C'est beaucoup plus subtil et ça lui a rapporté le prix de la nouvelle étrangère au Grand Prix de l'imaginaire, cette année. Xavier Mauméjean a planté le décor de son dernier roman dans un parc d'attractions pour Lilliputiens: Lilliputia (Calmann-Lévy). Prix Pullitzer, la route de Cormac McCarthy (l'Olivier) est un curieux roman post-apocalyptique. Premier roman de l'auteur Norbert Merjagnan, Les tours de Samarante (Denoël) est étonnamment bien écrit et augure d'un univers riche avec la prochaine parution de la suite. Dans le même univers que Perdido Street Station et les scarifiés, Le concile de fer (Fleuve Noir) relate dans un roman engagé, la révolte d'ouvriers du train. Jeff Noon aussi était à l'honneur avec la parution de NymphoRmation et Pixel juice (La Volte), respectivement prequel de Vurt et Pollen, et recueil de nouvelles époustouflant. Chuck Palahniuk est paru avec son roman Peste (Denoël), une biographie orale fictive complètement barge. Dans la même tendance, on a eu droit à Bad monkeys (10/18), de Matt Ruff. La fin d'année nous a réservé un quasi chef d'oeuvre de Dan Simmons: Terreur (Robert Laffont) est la version romancée de l'expédition Franklin. On a aimé aussi Les poubelles pleurent aussi (Griffe d'encre), une novella de Guillaume Suzanne, hommage à Fredric Brown. Enfin, saluons la parution de l'omnibus Mysterium regroupant La cabane de l'aiguilleur, Julian, Mysterium et quelques nouvelles (Denoël), du désormais incontournable Robert Charles Wilson.

Rééditions: James Graham Ballard a notamment été réédité (traductions révisées), dont trois de ses romans de l'apocalypse, La forêt de cristal, le monde englouti, Sécheresse (Denoël) et Sauvagerie (Tristram). On a retrouvé le futur sombre et religieux de Stéphane Beauverger dans Chromozone (Gallimard). Narcose (La Volte) a été republié pour nous refaire découvrir les aventures d'Anton Orosco. L'ogre de l'espace (Pocket) de Gregory Benford, est pourtant un des bons romans de l'auteur à découvrir. Nous avons eu droit à la réédition des aventures de Matt Carse dans L'omnibus du grand livre de Mars (Le Belial'): l'épée de Rhiannon, le peuple du talisman, le secret de Sinharat et les terriens arrivent. Avant marée stellaire, Jusqu'au coeur du soleil (Gallimard) est la prequel du cycle de David Brin. Pour bien commencer l'année est parue une version révisée de L'automate de Nuremberg (Gallimard) de Thomas Day, déjà parue dans le Bifrost n°42. Samuel Delany dont on attend probablement un recueil de textes contenant l'intersection Einstein et vice versa en 2009 a été réédité dans un omnibus (Bragelonne)avec au programme la fosse aux étoiles, la ballade de bêta-2, empire star et Nova. En plus de publier un recueil de nouvelles, Catherine Dufour est parue en poche avec ses dieux alcooliques Blanche neige et les lance-missiles et l'ivresse des providers (Livre de poche), à mettre à côté des annales du disque monde. Le magnifique recueil Serpentine de Mélanie Fazi (Bragelonne) a été republié. Signalons aussi le court roman Unica (Livre de poche) d'Elise Fontenaille sur le sujet sensible de la pédophilie. Vous reprendrez bien du Michel Jeury: Soleil chaud poisson des profondeurs et le temps incertain (Robert Laffont), en attendant les singes du temps, prévu en ce début d'année. Christophe Lambert aime les personnages de l'histoire, et les Zoulous, dans Zoulou kingdom (Pocket), en poche. A SFU, on a aimé Terremer d'Ursula Le Guin, et c'est tout naturellement qu'on a apprécié ses suites Contes de Terremer et Tehanu (Livre de poche). On aime aussi Christopher Priest et ses mises en abîme, dont Le glamour (Denoël) et La séparation (Gallimard). On a découvert le très beau roman de Keith Roberts: Pavane (Livre de poche). Aztechs (J'ai lu) est un recueil hautement recommandable de l'énigmatique auteur Lucius Shepard. On a découvert aussi le formidable roman de Robert Silverberg: L'homme programmé (Gallimard). Après Ilium en 2007, c'est Olympos (Pocket) qui est réédité, la deuxième partie de ce dyptique du grand auteur Dan Simmons.

Les déceptions:

Inédits: On attendait beaucoup du premier roman de Stephen Baxter. Trop. Gravité (Le Belial') n'est pas à la hauteur des attentes des fans du Baxter 2008. Mais soyons indulgents avec un premier texte qui n'est pas catastrophique. Premier roman d'Hélène Cruciani, Expéron (Griffe d'encre) n'est pas un roman pour moi. Les disparus (Bragelonne) aurait pu être un bon roman s'il n'y manquait une étincelle de folie, et un peu plus d'action. J'ai l'impression que la construction de l'intrigue est bancale. La science de Stephen King (Dunod) n'est pas le livre auquel je m'attendais. Les histoires de King sont juste le point de départ pour parler de la science. Cela aurait pu être Wells ou Verne. Etrange concept qui manque de pertinence dans les références d'auteurs de hard-science sans citer Baxter ou Egan ou Benford... Après sa fresque l'espace de la révélation et ses suites, Alastair Reynolds a un peu de mal à construire d'autres histoires. La pluie du siècle (Presses de la cité) n'est pas un chef d'oeuvre et donc une déception pour moi.

Rééditions: Si les machines de dieu avaient enchanté les critiques, Deepsix (Livre de poche) a moins suscité les passions. Disons que cela reste du bon space opera mais loin de l'excellent niveau de sa prequel. Stephen Baxter est un auteur que j'apprécie beaucoup. Ses sagas les enfants de la destinée et les univers multiples sont de vrais beaux morceaux de hard science. Ceci étant dit, pour évolution (Pocket), on nous a menti sur la marchandise, car il ne s'agit pas de retracer l'histoire de la vie, des origines des mammifères, puis de l'homme, un domaine qui m'intéresse particulièrement. Pure fiction = pure déception. Robert Heinlein est un auteur qui a écrit du très bon et du moins bon. Révolte sur la lune (Gallimard) fait partie de la seconde catégorie. De Jack Vance, Les langages de Pao n'est pas une grande page de la science fiction; c'est pourtant un intéressant développement du langage, sans plus.

Cinema

Les bonnes surprises:

Sorties ciné: Peu de film marquant cette année. Hancock étant celui qui m'a le plus diverti et agréablement surpris par Charlize Theron, décidément une bonne actrice. Petit cocorico pour Dante 01, qui est un beau film SF français, si ce n'est qu'il manque une fin et un scénario.

Sorties DVD: Ratatouille est un excellent film d'animation et Pixar fait encore des merveilles.

Les déceptions:

Sorties ciné: Légère déception pour le remake du jour où la Terre s'arrêta, pourtant pas exempt de qualités.

Sorties DVD: Eden Log mise sur l'ambiance et la photographie, au détriment de l'intrigue, très très mince. Dommage. Pareil pour Cloverfield qui aurait gagné à travailler les dialogues, totalement irréalistes. Enfin il y a eu Saw 4 dont la franchise commence à lasser.

Jeux Vidéos

Les bonnes surprises:

Crysis warhead, malgré son temps de jeu très très court (à peine 5-6 heures) nous replonge avec délice dans l'univers de Crysis en attendant une suite beaucoup plus longue. Fallout 3 a été rebaptisé par tout le monde l'Oblivion post-apo, perdant son identité de RPG au profit de celle d'un FPS. Le résultat aurait pu être pire et ça reste un jeu de bonne facture. Mass effect sur Pc est un pur RPG, dans la lignée des KOTORs. Il aurait gagné en étoffant encore plus la liberté du joueur et en le rendant moins linéaire. 10 ans après le premier Tomb Raider, nous étions revenu sur Wii avec Tomb raider anniversary. La différence était flagrante mais on s'était surpris à revivre l'aventure comme la première fois. Tomb Raider Underworld n'a qu'un défaut, celui de changer la maniabilité de Lara Croft par rapport à Tomb Raider anniversary, nécessitant un temps de prise en main pour commencer à s'y immerger complètement.

Les déceptions:

Bien entendu, il y a eu le Mario Kart Wii qui, s'il n'a pas réservé de grosse innovation sur le maniement du kart (laissez tomber le volant) nous a offert de parcourir d'anciens circuits. Néanmoins, le MKW Time Trial est moins passionnant que celui du Mario Kart Double Dash, où l'on avait passé des heures, voire des nuits complètes.

Bandes originales

Les bonnes surprises:

En vrac: je suis une légende de James Newton Howard, Indiana Jones et le royaume de crâne de cristal de John Williams, phénomènes de James Newton Howard, Wall-e de Thomas Newman, X-files I want to believe de Mark Snow, The dark Knight de Hans Zimmer et James Newton Howard et le jour où la Terre s'arrêta de Tyler Bates.

Les déceptions:

Sweeney Todd dont je n'ai pas apprécié la forme chantée.

Auteur : Manu B.
Publié le dimanche 11 janvier 2009 à 13h45

Commentaires sur l'article

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    Tu n'aurais pas zappé Doctorow, Oman?
    sarouken, le 11 janvier 2009 14h00
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    Bien vu, Sarouken. C'est corrigé.

    oman
    oman, le 11 janvier 2009 15h24
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    Guy Gavriel Kay chez Griffe d'encre, ce serait pas plutôt Kopp ?
    Gillou, le 12 janvier 2009 09h21
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    Décidément !
    D'autres coquilles à me signaler ?

    Merci Gillou.

    oman.
    oman, le 13 janvier 2009 07h50

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