Conférence presse avec Bruce Willis
découvrez plus de détails sur Clones et sa star
Le film Clones, qui sort le 28 octobre 2009 en France, est l’adaptation d'une bande dessinée intitulée en version originale, The surrogates (et qui sortira en France aussi le 21 octobre chez les éditions Delcourt). C’est Jonathan Mostow (Terminator 3) qui porte ce récit à l’écran et c'est Bruce Willis qui interprète le personnage principal de cette histoire. Un Bruce Willis d'ailleurs présent en France ce jeudi 1er octobre afin de promouvoir le film. Nous avons pu assister à la conférence de presse, en voici une retranscription écrite.
En parallèle, nous vous laissons découvrir, en dessous, quelques planches de la bande dessinée qui a inspiré le film.
Le film parle de clones; le vôtre à des cheveux, une certaine poitrine, qu'avez-vous pensez de votre Clone? Est-ce pour vous le clone idéal ? Avez-vous eu votre mot à dire sur le choix de votre clone ?
Pour tout vous dire, je n'ai pas eu grand-chose à dire, et quand j'ai vu mon clone j'ai presque trouvé cela embarrassant, le choix de cette perruque était évidemment celle du réalisateur, et j'avoue que lorsque j'ai vu mon visage digitalisé, bien justement je lui ai trouvé un look robotisé, mais c'est là justement peut-être l'intention du film. Mais pour ce qui est de moi, je suis tout à fait en phase avec mon aspect et il me va très bien.
Si vous aviez à choisir une scène dans le film qui définisse bien le film, laquelle serait-ce ?
En fait, je n'ai pas vraiment de scène favorite, j'aime bien quelques séquences où.... Bon, je dois dire qu'il est difficile d'explorer une telle histoire en seulement 90 minutes et j'aurais aimé aller plus loin sur certains aspects. Par exemple, j'aime bien cette scène où, au début, un jeune gars dans un Night-Club meurt et tombe de 100 pieds sur la piste de danse et qu'il rebondit. Voilà une chose que j'aurais aimé approfondir. J'apprécie aussi la scène dans laquelle un camion me fonce dessus et me détruit - on peut le dire comme ça - et que je regarde cette situation d'une certaine manière. Et bien, ce sont des moments que j'aurais exploré bien plus. Puis il n'y a pas du tout de scènes de sexe dans le film, on ne sait pas comment ils font, les clones. Vous, en tant que public, n'auriez-vous pas aimé voir comment il pratique ? Moi, en tout cas, oui !
Quelles sont les technologies que vous aimez ?
J'ai un ordinateur que je sais utiliser, j'ai un téléphone, mais je crois que c'est tout. Je ne suis pas un vraiment fan de technologie, je crois que la plupart des inventions technologiques ont été déjà inventées et qu'elles sont maintenant améliorées dans des buts qui servent des finalités complètement différentes et souvent liées à une économie de marché et de profil. Regardez la télévision, elle aurait pu devenir un instrument pour éduquer le monde, et à la place c'est devenu un élément pour vendre du savon, de la nourriture, des jouets, même si encore aujourd'hui on peut aussi utiliser la télévision comme une arme d'enseignement. Quand on regarde les outils récents comme Myspace, Facebook, on pourrait tout aussi bien les utiliser pour justement avoir de vraies informations, bien que je doive avouer que de ce côté c'est sur internet que je consulte les nouvelles.
Dans ce film nous avons découvert un Bruce Willis bien plus fragile que dans les « Die Hard », avez-vous aimé jouer de cette fragilité ?
C'est vrai que j'ai joué cette vulnérabilité avec plaisir, et que je n'aurais pas accepté le rôle s'il n'y avait pas au centre de cette histoire cet homme qui a perdu sa femme et qui désire la retrouver. Si cela n'avait été qu'un film de science-fiction sur les technologies, s'il n'y avait eu qu'un type qui sautait sur des bus ou un mec justement n'agissant qu'avec tous ces centenaires, et bien je crois que je n'aurais pas été aussi intéressé par ce personnage. Donc oui, cela m'a vraiment intéressé d'explorer l'autre facette de ce personnage, de cet homme qui finalement essaie de vaincre ses propres obstacles personnels et de retrouver la femme qu'il avait choisie. Je ne sais pas si c'est perçu comme le thème central du film, mais comme je l'ai dit tout à l'heure, il est très difficile en 90 minutes d'explorer une histoire si vaste et si riche.
Avez-vous participé à l'évolution du scénario et la réécriture ? Et êtes-vous content du résultat par rapport à ce que vous avez lu la première fois ?
C'est vrai que j'ai participé à l'écriture du scénario, en partie à cause du fait qu'il y eut à l'époque la grève des scénaristes à Hollywood, et que durant quelques mois personne n’a pu travailler sur l'histoire. De ce fait lorsque nous avons recommencé à travailler sur le scénario, c'était pendant le tournage. C'est un cas de figure toujours un peu délicat, parce qu'on ne sait jamais si on prend la bonne ou la mauvaise direction, on se demande si on choisit les bonnes choses, mais je pense ici que oui. Pour vous donner un exemple, dans le scénario original, il n’y avait pas du tout l'élément de la perte de leur fils. Donc, à partir de cet élément, il a fallu réinventer et rediriger certaines scènes. Et c'est vrai que cela reste délicat, car il manque une certaine distance pour juger du bien ou du mal de certains choix. Mais, franchement, j'aime bien ce film, comme je l'ai dit, j'aurais aimé qu'il dure plus longtemps, et il y a pas mal de scènes que vous ne verrez pas car, comme vous le savez, il y a la règle d'or des 1h30 qui s'applique - sauf lorsqu'on s'appelle Tarantino, où, là, on a le droit de faire un film de 3 heures. Bien que je ne sache pas si moi même j'aurais aimé regarder un film sur les clones durant 3 heures. Cela dit, j'aime beaucoup la science-fiction, et je garde toujours un très bon souvenir entre autres de l'armée des 12 singes ou du cinquième élément.
L'apparence est au cœur du film, le culte de la beauté, il y a une métaphore sur le système hollywoodien, comment vivez-vous ce culte de la beauté au sein des studios, vous, un homme de plus de 50 ans ?
Comme je l'ai dit, j'assume mon aspect, mon visage, et j'ai été presque choqué de me voir avec ce visage très lisse que même jeune je n'ai jamais eu. Je n'ai d'ailleurs jamais été blond ou avec ce type de coiffure, mais vous avez raison, Hollywood est vraiment le centre de la technologie cosmétique, on vient du monde entier pour avoir son visage refait, pour se le voir coupé ou tranché. C'est vrai que j'ai un problème avec ça, parce que pourquoi finalement on ne s'aime pas soit-même ? Pourquoi on ne s'accepte pas tel que l'on est ? Alors, c'est vrai que c'est un business énorme, où il y a énormément d'argent, mais moi je ne rentre pas dans ce jeu là. Moi, j'ai décidé de garder mon visage tel qu'il est, avec aucune intention de passer sous le bistouri.
Après Pulp fiction, vous jouez de nouveau avec Ving Rhams sur ce film, avez-vous échangé à ce sujet quelques mots ?
J'ai été très heureux de le retrouver, et nous avons bien évidemment parlé ensemble. Mais un de mes petits regrets à été que cette partie de l'histoire n'a pas pu être entièrement développée. Il y avait d'autres scènes que nous aurions dû avoir ensemble et qui ne sont pas dans le film final, mais je trouve que Ving est un mec absolument génial, un grand acteur, et dans cette histoire, cette partie avec cette communauté qui se rebelle était vraiment intéressante, est aurait méritée d'être plus explorée. Je reste certain que je retrouverai Ving dans d'autres films et d'autres aventures.
Qu'avez-vous appris après une si longue carrière ?
J'essaie de ne pas me prendre trop au sérieux. Je me rends compte que j'ai de moins en moins de théories concernant le jeu d'acteur. J'essaie au mieux de faire des choses nouvelles, de me débarrasser de mes personnages, pourtant je reste attiré tout le temps par le même type de personnage, c'est à dire un homme qui lutte pour dépasser ses propres problématiques. On me demande souvent pourquoi je joue souvent des rôles de flic, c'est certainement parce que pour moi, ils sont les véritables héros de ce monde. Lorsqu'on fait un métier où l'on sait qu'à tout moment on peut vous tirer dessus, ça, pour moi c'est héroïque, comme les gens, aussi, qui travaillent dans les hôpitaux, ou les ambulanciers. Si je le pouvais, toute ma carrière je continuerais d'interpréter ce genre de héros... qui sont à mes yeux les vrais héros.
Mais encore une fois j'essaie de ne pas trop me prendre au sérieux même si j'aime mon métier d'acteur. J'essaie de faire de nouvelles choses, mais j'avoue me surprendre à me répéter dans certains registres, même si j'essaie d'évoluer.
Que pensez-vous de cette société de clones, de cette déshumanisation de cette société, vers là où l'on va peut-être déjà, mais aussi si on se projette dans le futur, qu'aimeriez-vous que votre clone fasse à votre place ?
Je ne pense pas que l'avenir de notre planète soit autour du clonage. Nous savons déjà qu'il existe des clones d'animaux, des brebis, des chiens, et il n'est pas dit, bien sûr, qu'on n’a pas tenté de faire la même chose avec un être humain. Mais je ne crois pas que l'avenir soit fait de machines, avec des corps métalliques faits de verre et de fluides verdâtres... Il ne faut pas oublier que ce film est un divertissement, un divertissement tiré d'une bande dessinée, mais j'avoue aimer cette idée d'avoir un jour 95 ans, d'avoir donc plein d'informations dans ma tête et de pouvoir transmettre ça à un corps qui n'aurait en quelque sorte que 25 ans et qui me permettrait aussi de jouer avec mes arrières-arrières petits-fils.
Pour la seconde question, si j'avais le choix, j'aurais aimé être plus fort! Par exemple, soulever une voiture et la jeter sur quelqu'un. En fait, j'hésiterais beaucoup à me cloner, parce que, finalement, on essaie de faire ce qui est bien, en tout cas j'essaie. Lorsque j'étais plus jeune, quand la célébrité est venue, je dois reconnaître que je n'étais pas très humble, et que j'étais, disons-le, un peu un crétin! Voilà j'ai découvert davantage aujourd'hui que ce que je voulais, c'est être quelqu'un de bien, et évidemment pas ce clone. J'essaie vraiment de prendre la vie moins sérieusement qu'avant, et j'essaie d'agir au mieux, car au fond de nous on sait toujours si l'on agit en bien ou en mal. J'essaie d'être un exemple pour mes enfants, mais aussi pour moi-même.
Aimez-vous sauver le monde ? Quel est le film dans lequel vous avez préféré sauver le monde ?
Cela doit bien faire la dixième fois que je sauve le monde, mais je pense qu'il y a une relève un peu plus jeune, un Matt Damon par exemple. Ce n'est pas moi au départ qui ai voulu ce genre de rôles. En tout cas, ce que j'aime dans ce film-là, c'est qu'on n'est pas en train de sauver le monde, il n'y a pas cette espèce de « Happy end » un peu cucul la praline. Non on dit: maintenant que va-t-il se passer ?
Et concernant mon film préféré dans la catégorie « sauvetage du monde », je pense que c'est le cinquième élément qui reste pour moi un bon sauvetage, ce n'est pas un « happy-end » à l'américaine.
Lorsqu'on adapte une bande dessinée, il y a parfois des idées qui circulent qui peuvent être dérangeantes, essaie-t'on de les conserver ou au contraire de les dissoudre afin de l'adapter pour un plus grand public ?
Vous avez raison il y a des choses plus simplifiées pour le tournage, et même si effectivement d'autres zones auraient pu être explorées, il fallait que ça tienne dans un seul film. Donc c'est vrai que par exemple j'aurais aimé voir des clones en train de faire l'amour, car on en parle, mais on ne le voit jamais, ou il y a cette espèce de tube que je trouve étrange et qu'on aurait pu enlever. Sinon, cela ne concerne que moi, mais j'aurais aimé avoir une scène de genre « gladiator » ou deux clones s'affrontent, se démontent, se déchirent, et s'éclatent, et encore plus de ce qui arrive dans l'arène. En tout cas, c'est peut-être ce que j'aurais aimé voir moi aussi.
Publié le vendredi 2 octobre 2009 à 13h00
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