Critique Peter et Elliott le dragon [1978]

Avis critique rédigé par Bastien L. le mercredi 29 mars 2023 à 09h00

Coeur de Dragon

Il y a des films qui ont bercé notre enfance et face auxquels on a énormément de mal à être critique tant ils nous ont imprégné. Des films qu'on a vu tellement de fois, qu'on a tellement apprécié tellement que l'on est incapable de juger correctement. C'est un peu mon cas avec Peter et Elliott le dragon...

Comme souvent avec les productions Disney, il s'agit d'une adaptation. Ici une nouvelle non publiée Pete's Dragon and the USA (Forever After) de Selon I. Miller et S.S. Field dont Walt Disney acheta les droits d'adaptation en 1957 chargeant Miller d'en rédiger le scénario. Disney tergiversa quant à savoir comment l'adapter pensant un temps en faire un double-épisode pour sa série d'anthologies Disneyland avant de se raviser face à la complexité de l'adaptation. Le projet resta dans les cartons avec une tentative avortée en 1968 avant que le producteur Jerome Courtland demande au scénariste Malcolm Marmorstein d'écrire un scénario en 1975. Il se chargea de transformer une histoire contemporaine en histoire d'époque tandis que l'animateur et character designer Ken Anderson réussit à convaincre le studio de rendre le dragon Elliott beaucoup plus visible que ce qui était prévu. En parallèle, le réalisateur britannique Don Chaffey est choisi pour deux raisons principales : il a déjà travaillé pour Disney dans les années 1960 mais il a aussi prouvé qu'il était capable de réaliser des divertissements riches en effets spéciaux avec les classiques Jason et les Argonautes puis Un Million d'années avant J.C.. Devant sa caméra, vont se mélanger des acteurs peu expérimentés et des stars du grand écrans tels que Mickey Rooney ou Red Buttons sans oublier l'apport de futurs grands noms du cinéma d'animation comme Don Bluth ou Glen Keane devant donner vie à Elliott en l'intégrant à des prises de vue réelles. Le film sort dans les salles fin 1977 (1978 chez nous) pour un succès financier accompagné d'un accueil critique timide.

Le film se déroule dans la ville côtière fictive de Passamaquoddy au début du XXème siècle alors que le pré-adolescent Peter (Sean Marshall) fuit la famille Gogan ayant acheté son adoption afin de le traiter comme esclave. Il est accompagné par le dragon Elliott ayant la capacité de se rendre invisible. Néanmoins ce dernier est assez gaffeur et ses maladresses sont imputées à Peter qui doit alors se retrancher dans une grotte. Il est alors repéré par Nora (Helen Reddy) la gardienne du phare qui décide de le recueillir. Sur place, il rencontre aussi le père de Nora, Lampie (Mickey Rooney), étant le seul à avoir vu Elliott mais en état d'ivresse. Nora décide pourtant de jouer le jeu de Peter en faisant semblant de croire en l'existence du dragon afin de l'aider au mieux. En parallèle, le « docteur » Terminus (Jim Dale) charlatant notoire débarque en ville et semble intéressé par cette histoire de dragon. Peter va tout faire pour protéger Elliott tandis que les Gogan sont toujours à sa recherche...

Peter et Elliott le dragon pourrait s'apparenter à un film doudou. Un divertissement familial qui enchante petits et grands par son efficacité et la douceur qu'il instille dans de nombreuses scènes. Il faut aussi savoir que c'est un film musical offrant des chansons assez guillerettes et positives qui rythment paisiblement le film. Le scénario se déroule devant nos yeux sans grandes surprises avec un bon nombre de péripéties enchaînant les rencontres incongrues, les séquences d'humour efficace ou plus trépidantes avec des méchants qui tiennent plus de bouffons que de réelles menaces. De plus, chaque apparition (ou non apparition quand il se rend invisible) du dragon offre un peu plus de magie à l'ensemble. Rien de bien incroyable ni révolutionnaire en termes de narration mais un film plaisant permettant de se plonger avec légèreté dans un autre univers pendant 1h50. Le film parle évidemment de l'enfance à travers Peter dont la vie semble bien triste au début où Elliott peut apparaître comme un ami imaginaire (ce qu'il était dans l’œuvre originale) agissant comme un refuge mental. Le dragon se fait d'ailleurs de plus en plus discret au fur et à mesure que Peter intègre la vie de Nora devenant même une gêne par moments montrant son incompatibilité avec la nouvelle vie heureuse du garçon. Avant qu'il ne revienne en force quand les ennemis traumatisants de Peter sont de retour. Une thématique intéressante qui n'est pas trop appuyée contrairement à celle de la croyance en l'impossible symbolisée par le dragon ou l'espérance du retour improbable du fiancé de Nora perdu en mer depuis un an. Il y a aussi l'idée de la famille se construisant sur de bons sentiments sans forcément besoin de liens du sang traité dans l’opposition entre Nora et les Gogan.

Ce qui fait la force du film est incontestablement le décor de Passamaquody, petite ville idyllique au charme autant champêtre via une vision fantasmée d'une Amérique sûrement voulue comme plus tranquille ou insouciante. Ses maisons en bois, ses vergers, son port de pêche typique et son grand phare participent ainsi à rendre l'ensemble attachant nous aidant encore plus à se vautrer dans ce film doudou. De plus ce petit coin de paradis permet évidemment de proposer un contraste intéressant avec un Elliott tout droit sorti d'un dessin-animé mais aussi avec le Dr. Terminus dont le véhicule, les appareils ou les accoutrements accentuent le côté loufoque du personnage étant lui aussi tel un chien dans un jeu de quille. La direction artistique est donc très efficace notamment le design de Elliott qui fait toujours sourire par son côté balourd, gentil dragon au visage curieux et à l'esprit cabotin. Pour que cela fonctionne il fallait évidemment des effets spéciaux de qualité ce qui est grandement le cas. Alors certes, le film a vieilli donc certaines incrustations d'Elliott jurent un peu sur nos TV HD mais on reste quand même émerveillés plus de 45 ans après. Comme pour Mary Poppins ou L'Apprentie sorcière, le procédé à la vapeur de sodium est utilisé pour faire interagir Elliott avec différents personnages comme les éléments que cela soit sa première apparition en chanson ou le passage dans la grotte face à deux ivrognes venus le débusquer. Cela fonctionne d'autant plus dans un film plus rythmé où les éléments se font plus violents permettant au dragon de faire parler toute sa puissance comme sa magie via sa capacité de voler.

Et pour que cela fonctionne, le dragon bénéficie de l'immense savoir-faire des animateurs Disney qui ont parfaitement rendu crédibles les mouvements compliqués du dragon au physique ingrat tout en le rendant toujours très drôle à travers ses mimiques. Une véritable réussite à ce niveau. De son côté, le réalisateur Don Chaffey offre une mise en scène avant tout académique visant l'efficacité et surtout la qualité de rendre l'ensemble crédible malgré l'aspect cartoon de Elliott dans une ambiance plutôt réaliste. Le réalisateur prend plus le rôle d'un faiseur que d'un auteur s'offrant quand même quelques signatures comme des gros plans travaillés afin de rendre des situations inquiétantes. Il y a aussi des moments où il semble s'être fait plaisir multipliant les points de vue lors des scènes impliquant le phare permettant d'aérer sa mise en scène dans un lieu forcément étriqué. De leurs côtés, les acteurs s'avèrent convaincant à commencer par le jeune Sean Marshall (Le Shériff ne pardonne pas, The Fitzpatricks...) et sa bouille d'ange attachante alternant bien les différentes émotions de Peter. Pour ce qui est de Helen Reddy (747 en Péril...), elle est assez charismatique mettant surtout en avant ses talents de chanteuse, son premier métier. Enfin, on apprécie bien plus les numéros comiques de Mickey Rooney (Atomic Kid, Diamants sur canapé...) en père de Nora porté sur la boisson ou Jim Dale (la saga Carry On, Digby...) en bonimenteur opportuniste accompagné de son acolyte joué par un Red Buttons enchaînant les pitreries. Il faut aussi noter que les rôles secondaire et tertiaire sont bien plus dans le cabotinage et le surjeu afin d'accentuer l'aspect film pour enfants.

La conclusion de à propos du Film : Peter et Elliott le dragon [1978]

Auteur Bastien L.
76

Peter et Elliott le Dragon est un divertissement efficace très bien exécuté grâce à une direction artistique, une animation et des effets spéciaux solides. Une histoire simple remplie de bons sentiments qu'on prend plaisir à visionner afin de passer un bon moment en famille ou comme un refuge face à la morosité ambiante. Une œuvre légère et attachante avec ce que cela comporte de qualités comme de défauts.

On a aimé

  • Une production solide
  • Une histoire simple et intemporelle
  • Un humour bon enfant

On a moins bien aimé

  • Ca a pris son coup de vieux
  • Un jeu inégal des comédiens
  • Peut-être un peu trop sucré

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