Critique Barbarians [1987]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 1 octobre 2005 à 08h44
Deux abrutis amateurs de gonflette marquent l’Heroic-Fantasy
Dans la bucolique campagne de la banlieue romaine, un convoi de chariot rempli de gens bariolés se balade au rythme de quelques chevaux essoufflés, à la robe d’un blanc sale. C’est alors qu’une dizaine de cavaliers revêtus d’armures en plastique et d’armes en caoutchouc chargent furieusement au ralenti le pacifique cortège. On est terrifié.
Cette horde sauvage est dirigée non pas par un Kadin, ni un Kador, mais par un Kadar, interprété par un Richard Lynch attifé comme une drag-queen et doté d’un impressionnant chignon du meilleur effet. Le puissant Kadar se prend pour Gros Minet et veut attraper Canary, la reine des Radniks – c’est le peuple bariolé – qui possède un puissant rubis capable de… euh, je sais pas. Cela a été précisé ? Enfin bref…
Kadar choppe la blonde Canary et la met en cage, non sans auparavant se faire arracher deux doigts de sa main en plastique par deux jeunes jumeaux, Cutchek et Gore. Pour les punir, le tyran habillé comme une folle les confie à China la sorcière qui porte un beignet sur la tête – jolie fille au demeurant - et au Bourreau, un Michael Berryman équipé d’une corne frontale ridicule dont on ne voit vraiment aucune utilité, à part s’enfiler dans le beignet de China (si, si, vous pouvez vérifier, ça entre).
Après que China ait jeté par un sort magique une tonne de barbe à papa sur les gamins (en réfléchissant bien, c’était peut-être une toile d’araignée), le Bourreau les amène dans les mines où ils bossent le jour à porter des cailloux et où ils sont fouettés tous les soirs par des colosses casqués – fait très important car ils vont alors détester tous les mecs en casque (voir la rubrique citation pour une description complète). La vision insoutenable de cette violence étant appuyée par les gesticulations effrayantes et les borborygmes éructés par le Bourreau. Un truc comme voinzyfrêpleu !!rahhhhgnaha !
Un jour, Kadar et China en ont plein les bottes de nourrir les deux gamins qui, avec le temps qui passe (pour les jumeaux seulement car personne d’autres ne vieillit), sont devenus des colosses huilés et demeurés. Ils décident donc de les casquer et de les faire s’affronter. Les deux abrutis commencent a se taper dessus dans une arène construite en mortier de bouse de vache, une espèce de réplique fauchée du Dôme du Tonnerre, mais comme ils sont très nuls, ils se contentent de déglinguer leur casque et de couper les bras en plastique des figurants. Ils finissent par se reconnaître mutuellement et sortent de l’arène de papier mâché en la démontant complètement. Les deux barbares fuient Cinecità à cheval– on se demande alors quand ils auraient pu apprendre l’équitation (dans les mines ?) - et se réfugient dans un bois environnant.
Là, par hasard, il tombe sur le camp des Radniks et leur nouveau chef, un personnage hallucinant doté d’une coiffure gigantesque et tordue. Après quelques palabres, on leur voit confier la mission de libérer Canary, et en compagnie d’une jolie italienne au sourire Pepsodent, ils prennent la route du harem de Kadar, qui est séparé de la forêt par un garde plutôt mou, et deux rochers en polystyrène. Mais l’affaire se complique car Canary leur dit qu’ils doivent aller chercher le rubis dans des marais puants et qu’ils doivent tuer le dragon avec l’armure et l’épée d’un chevalier.
On commence à se dire que les deux sangliers qui rigolent comme des otaries bourrées ne vont pas avoir la partie facile surtout qu’ils sont suivis par China, le Bourreau et sa garde, qui sont également pris en chasse par Kadar, Canary et sa garde (équipée de casques qui me rappellent celui de Moranis dans la Folle Histoire de l’Espace). Le dragon résout le problème en tuant presque tout le monde, aidé en cela par des espèces de zebullons qui bondissent hors de l’eau (des zombies peut-être ?).
Les deux débiles se retrouvent donc face au dragon, une merveille de technologie cinématographique composée d’un tuyaux de canalisation ornée d’une tête en plastique dont seul la mâchoire et des sourcils à la Muppet bougent de haut en bas. Se planquant dans un trou, les jumeaux éventrent le dragon et après une bonne douche de sirop de menthe trouvent à l’intérieur le cadavre de la Dame au Beignet et le rubis tant recherché.
C’est alors que les scénaristes, décidemment très imaginatifs, nous révèlent que le rubis sert à désigner la reine des Radniks en le glissant dans le nombril d’une vierge sans qu’il ne tombe (le rubis, pas le nombril). Le type a la coiffure improbable essaye sans succès le bijou en toc sur deux stagiaires de production grassouillettes avant de trouver la Reine en la fille Pepsodent – elle n’est pas vierge mais comme le déclare le chef, on s’en fout un peu – et tout le monde crie ouais ouais de manière très convaincante. Pendant ce temps, les barbares tuent Kadar en rigolant comme des bossus.
Produit par la Cannon de Menahem Golan et Yoram Globus - les exécutifs les plus incompétents de l’époque mais qui nous ont offert grâce à cela des perles inoubliables (les Alan Quatermain, Delta Force et autres Cobra) - Barbarians est en fait la dernière production italienne de film de genre, car à part l’argent américain, toute l’équipe est transalpine. Réalisé par Ruggero Deodato, un faiseur compétent qui s’est révélé dans les films de cannibales, ce nanar jouissif vaut surtout par les deux jumeaux, David Paul et Peter Paul, les deux acteurs en strings moule-burnes les plus nullissimes de l’histoire du cinéma.
Et c’est leur prestation d’extra-terrestre qui fait le charme d’un film qui alterne un humour volontaire nase et des situations involontairement ridicules. Car Barbarians n’est pas une parodie, l’histoire d’aventure est très sérieuse. Seuls les jumeaux, décidemment intenables, dotés de la maturité d’un enfant demeuré d’une classe maternelle, sont décalés, et d’une débilité jamais vue. Et le plus fort, c’est que l'on sent que cela leur est tout à fait naturel – l’acteur George Eastman qui incarne le vendeur d’arme dans le film, disait d’eux qu’ils sont les pires acteurs qu’il ait jamais rencontré, et quand on connaît sa filmo, on réalise la portée de la déclaration – et qu’ils sont bien incapables de faire autre chose que de se disputer, de marcher tout le temps comme s’ils avaient envie de chier, de peloter le cul des filles et de gueuler comme des bêtes.
Les autres comédiens sont également servis, en matière de costumes je veux dire. Richard Lynch, en général excellent acteur, se laisse embarquer dans cette stupidité avec un professionnalisme admirable, surtout en acceptant de revêtir cet accoutrement récupéré dans une Gay-Pride. Quand à Micheal Berryman, la gueule la plus dingue du cinéma de genre, on regrette que son rôle s’arrête à quelques mimiques et grognements incompréhensibles. La jeune copine des mous du bulbe est interprétée par Eva LaRue Callahan, un joli brin de fille qui aura ses moments de gloire dans la soap Santa Barbara (1988-1990) avant de replonger pour notre plus grand plaisir dans le bis avec des œuvres comme Robocop III et Ghoulies III. Depuis 2005, elle a intégré le casting de la série policière CSI :Miami (avec David Caruso).
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Barbarians [1987]
Attention nanar surnoté par un amateur qui s’assume. Vertige immortel du cinéma bis des années 80, Barbarians est un nanar généreux et bon enfant qui peut tout aussi bien déclencher vos zygomatiques de manière continue comme agacer fortement les spectateurs qui n’ont pas de goût pour l’humour potache. Bourré d’ellipses maladroites, de dialogues stupides et d’erreurs de raccords, le film vaut surtout pour le jeu complètement hors norme des frangins Paul qui, dans un remake foireux d’Abbott et Costello meets Conan, nous font rire par leur absolue absence de talent.
On a aimé
- Rien, mais, punaise, qu’est-ce que j’ai rigolé
On a moins bien aimé
- Tout
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