Critique Le Signe des ténèbres #1 [1989]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 21 février 2006 à 11h14
Bienvenu dans le monde tumultueux de D&D
Créé à la fin des années 80, une période qui représenta le véritable age d’or du jeu de rôle médieval-Fantastique, Le Signe des Ténèbres est le premier tome de ce qui allait devenir une des plus longues séries de la bande dessinée d’héroic fantasy, à savoir les Chroniques de la Lune Noire.
Sorti du cerveau bouillonnant d’un passionné, François Marcella-Froideval, l’esprit hanté par une multitude de jet de dés, de souffles de dragon cruels et de cris de guerre de paladins ambitieux, le scénario de cet opus s’inspire directement de cet univers fantastique et violent. Car Froideval sait de quoi il parle, n’a-t-il pas été un des collaborateurs de TSR US, au cotés du grand Gary Gigax (LE créateur du jeu de rôle), au milieu des années 80 ? Et ne parlons pas des longues années passées à la rédaction du magazine Casus Belli, ou il côtoiera durant cette longue période le monde à l’époque élitiste et flamboyant du jeu de rôle français (Anne Vétillard, Didier Guiserix, Denis Gerfaud, et bien d’autres).
Bref, Le Signe des Ténèbres, même s’il n’emprunte pas directement aux mondes les plus connus de D&D (les Royaumes Oubliés et Greyhawk), découle directement de ses expériences (à l’époques considérés comme si pernicieuses) autour d’une table de jeu. Et cela se sent, car il y a comme une odeur de vécu… Je peux vous le certifier, j’y étais.
Avec l’aide du dessinateur Olivier Ledroit (qui sera de l’aventure jusqu’au tome 5) et le soutien de l’éditeur Zenda, Froideval couche sur le papier, courant 1989, les aventures de Wismerhill et de l’elfe Pile-ou-Face. Il commence par une introduction, sorte de pré-générique cinématographique, qui nous pose en témoin face à un Oracle qui annonce à l’empereur de Lhynn de grands bouleversements. Pour nous dire : ‘’Bienvenue dans un monde magique et prophétique’’, y’a pas de chemin plus direct. Puis on plonge directement dans le quotidien des ploucs de la période (il y en a toujours). Dans les premières pages on partage l’apprentissage social de ‘’Wis’’, lorsqu’il va à la découverte de ses mystérieuses capacités magiques, de ses dons guerriers et des vertus de l’amour charnel. Des rapports sociaux rudes et virils, que cet ancien voleur de poules construit lors de ses tribulations guerrières au sein de l’armée des Chiens de Guerre, en compagnie du demi-ogre Ghorghor Bey, de son ami elfe et sa douce (mais virulente) Feidreiva.
Après une partie plutôt orienté ‘’intimiste’’, on bascule sur la fin dans le grandiose avec la phase de conquête, qui s’achève par le gigantesque affrontement entre les pillards de Ghorghor Bey et l’armée des Chevaliers de la Lumière de Fater Sinister, mélange ‘’dungeonesque’’ entre des chevaliers teutoniques et des membres du Ku-Klux-Klan. La bataille finale, fortement épique, est très réussie dans sa narration, grâce à une mise en page simple, mais qui met en valeur la démesure du combat, composée de planches avec de grands cadres en plans généraux (avec d’impressionnants avant-plans) abondamment fournis et dotés de peu de dialogues.
Toute le livre baigne bien sur dans la magie et la violence guerrière (avec un soupçon d’érotisme) mais on est heureux de trouver de l’humour, beaucoup d’humour, qui nous fait comprendre que Froideval ne prend pas très au sérieux cette histoire un peu puérile, il faut l’avouer. Il annonce d’ailleurs la couleur dés le début (page 12) avec cette joute guerrière entre un ‘’palouf’’ bien bourrin et un… lapin !
Au niveau des graphismes, il faut bien dire que Olivier Ledroit n’est vraiment pas au sommet de son art, loin s’en faut. On constate en effet que le jeune dessinateur de vingt ans ne maîtrise pas encore (ça va venir) toute sa technique car le trait est souvent hésitant et certains cadres sont franchement laids, disproportionnés et en ne respectant pas la continuité par rapport au plan précédent. D’autres heureusement sont nettement plus satisfaisants, qui démontre une évidente marge de progression. Cependant, ce n’est pas catastrophique car ces défauts de traits sont souvent rattrapés par une pertinente succession de cadres bien pensés qui dynamisent la narration, avec une utilisation judicieuse des variations de valeurs de vue (notamment la contre-plongée, très efficace).
La conclusion de Nicolas L. à propos de la Bande Dessinée : Le Signe des ténèbres #1 [1989]
Le Signe des Ténèbres est une bande dessinée pleine de sang, de fureurs, et d’humour. Avec un scénario qui n’en est qu’à ses débuts mais que l’on sent grandiose, et des personnages colorés et originaux, cette saga s’annonce sous les meilleures auspices, même si les graphismes demandent encore plus d’attention. Si vous êtes amateur de bière, de pizza et d’heroic fantasy qui sent bien fort sous les aisselles, ce petit bijou est fait pour vous.
On a aimé
- Un univers riche et dépaysant
- Un scénario qui annonce de grandes choses
- Un humour bien placé
- Une bonne utilisation des successions de cadre
On a moins bien aimé
- Faut aimer D&D et son univers viril
- Un trait encore souvent mal maîtrisé
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