Critique L'emmuré vivant [1990]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 4 septembre 2006 à 07h58

Maison de fous et filles hystériques...

Janet, une jeune prof de science, tombe amoureuse de la méthode de traitement psychothérapiques que Gary, le directeur de l’école de Ravenscroft, a mis au point pour traiter les adolescents à problèmes. Elle se rend donc dans son établissement pour y enseigner. Là, elle va faire la connaissance de l’étrange docteur Schaeffer et de ses nouveau élèves, dont la turbulente Debbie. Alors qu’elle est sujette à de nombreuses hallucinations mettant en scène un homme emmuré, Janet apprend que des jeunes filles disparaissent et que Debbie organise des soirées coquines dans les sous-sols de l’école.
Pour la troisième fois, Gérard Kikoïne s’éloigne du milieu du porno qu’il affectionne tant pour réaliser cette très libre adaptation de la nouvelle Buried Alive de Edgar Allan Poe. Pour ce faire, il oriente son traitement dans une voie qui rapproche cette histoire vaguement fantastique d’un giallo italien, un mélange entre le cinéma angoissant de Mario Bava et celui, plus violent, de Dario Argento (à la manière de Profondo Rosso, notamment, mais tout en restant moins riche en impressionnisme pictural que le maître italien).
Il faut dire que l’histoire s’y prête parfaitement. En utilisant comme élément principal une jeune et belle blonde quasi névrotique (Karen Witter, une Tippi Hedren du pauvre) et en nous faisant partager son point de vue, le spectateur en arrive à une vision déformée, salie, et malsaine, des autres personnages. On en vient à douter de la véracité des scènes, le climat devient glauque, étrangement gothique, l’environnement suspect, et la menace est omniprésente quoique impalpable. Il n’y a pas grand-chose à redire sur ce choix. Même si le cadre se veut moderne, on se trouve bien dans l’univers étrange d’Edgar Alan Poe.
Si le décor est excellemment planté, la réalisation, elle, est plutôt en retrait. Un peu trop timorée, la caméra de Kikoïne ne parvient pas réellement à donner de l’amplitude à un scénario un peu trop linéaire et prévisible (on trouve dés le début du film la clé du mystère), plombé par des incohérences, et qui fonctionne par des à-coups révélateurs, à la manière de coups de théâtre mal préparés. Au final, si l’Emmuré vivant nous inquiète parfois un peu, il ne nous fait jamais peur. Les séquences d’hallucinations, interprétées par la peu convaincante Karen Wutter, sont d’ailleurs particulièrement ratées et inutilement ‘’grand guignolesque’’ (on se croirait d’un coup transporté d’un film d’horreur gothique à un film de zombis). D’autant plus que ce sixième sens dont se voit dotée l’héroïne n’est dans le fond absolument pas justifiée.
Les satisfactions, il faut les tirer du coté de l’interprétation. Mettons un voile pudique sur la performance excessive et quasi-outrancière de la star américaine du X Ginger Lynn qui, dans le rôle de Debbie, n’arrive pas à réaliser qu’elle n’est pas dans un énième volet de New Wave Hookkers, mais penchons nous plutôt sur celles des guest-stars dénichées par Kikoïne. Même si Robert Vaughn a toujours tendance à vouloir trop en faire et que, cette fois-ci, encore, il dévoile bien trop rapidement son jeu, je dois dire qu’il est très impressionnant dans son interprétation de fou meurtrier froid et calculateur. Les séquences étrangement malsaines durant lesquelles il avoue sa flamme à Janet sont très efficaces, limite hallucinées. Une excellente performance qui me fait regretter que l’on ne l’ait pas plus souvent vu en méchant. J’ai encore plus apprécié le jeu génial de Donald Pleasence. Dans la peau de ce barge qu’est le docteur Schaeffer, il accomplit ce qu’il sait faire le mieux : l’individu physiquement faible et potentiellement dérangé. Une séquence croustillante d’électrochoc fatal dans un sous-sol abandonné (mais dont le courant est encore établi) mettra fin de manière spectaculaire à sa présence dans le film. Enfin, on signalera ma prestation, plus anecdotique, de Môssieur John Carradine lui-même, dans le rôle du méchant papa emmuré vivant.
Au niveau des effets et de la violence, je dois dire que j’en attendais beaucoup plus d’un pervers irrévérencieux comme Gérard Kikoïne. Le film est en effet étrangement sobre en scènes gores (surtout pour les années 80 !) et la plupart des actes de meurtres cèdent la place à de frustrantes ellipses, ou se résument à des exactions hors cadre. Il faut croire que la production américaine a parfaitement bien défini les limites à ne pas dépasser, et que le cinéaste, en quête d’une image de réalisateur conventionnel, a opté pour la sagesse.

La conclusion de à propos du Film : L'emmuré vivant [1990]

Auteur Nicolas L.
51

L’Emmuré vivant est une bonne surprise. Ce n’est certainement pas un chef-d’œuvre mais le spectateur amateur d’ambiance gothique pourra y trouver une satisfaction. La réalisation est un peu à la peine et le scénario un peu trop linéaire, c’est vrai, mais les performances de certains acteurs (Pleasence et Vaughn) ainsi que l’atmosphère qui baigne le film rattrapent aisément ces défauts. Gérard Kikoïne, ancien réalisateur mythique du porno français des années 80, montre à cette occasion qu’il a parfaitement réussit sa reconversion. Pourtant, l’Emmuré vivant sera son dernier film.

On a aimé

  • Atmosphère efficace
  • Cachet giallo intéressant
  • Robert Vaughn et Donald Pleasence, excellents

On a moins bien aimé

  • Réalisation un peu timorée
  • Quelques incohérences
  • Guère effrayant

Acheter le Film L'emmuré vivant en un clic

Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de L'emmuré vivant sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.

Retrouvez les annonces de nos dernières critiques sur les réseaux sociaux

Sur Facebook | Sur Twitter