Critique Decoys 2: Alien Seduction [2007]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 6 mars 2007 à 15h55

Froid dehors mais bien chaud dedans…

Vous souvenez-vous de ce film ovni sorti il y a deux ou trois ans et qui portait le titre hilarant de « decoys » - hélas traduit dans la version française par un plus approprié mais bien plus triste Sœurs de Glace. Non ? Et bien, brièvement, disons que cette série B de bonne facture racontait une incroyable histoire d’extra-terrestres femelles qui, déguisées en humaines, recherchaient à s’accoupler pour assurer la pérennité de leur race. Je ne vais pas faire l’affront aux cinéphiles que vous êtes de rappeler que ce script ressemble étrangement à celui de La Mutante (quoi ? Je viens de le faire? Bah, tant pis alors…) à la différence prêt que ces créatures de l’espace – surnommées les Chanterelles (ou les Girolles) – ont besoin, pour être fécondes, de forniquer dans une température extérieure inférieure à zéro. Vous imaginez le topo… Déjà, que dés qu’il fait moins de 10 degrés, je n’arrive même plus à trouver ma zigounette pour faire pipi…

Comme David Vincent, il les a vu... mieux, il a couché avec

Tout ça pour vous dire qu’une suite a été donnée à ce petit chef d’œuvre d’originalité et qu’il a pour nom un très original Decoys 2 (ce qui fait quatre… hum… désolé). En gros, on prend les mêmes et on recommence ; le seul male survivant du premier volet a trouvé refuge comme aide documentaliste dans une université, il essaye d’oublier ce qu’il a vu en absorbant des drogues à la douzaine sous la surveillance d’une bimbo-psychiatre interprétée par une Dina Meyer échevelée et craquante à souhait. Mais, comme par hasard, et malgré la taille du continent américain, la profondeur de la Fosse du Japon ou connerie de Michael Youn, la seule alien survivante du premier volet va se retrouver dans le même bled perdu, employée dans le même hôpital que la psy, et portant le même Wonderbra. Question réalisme, difficile de faire pire….
Bref, finalement, dans de telles circonstances, l’on aurait pu s’attendre à une simple et ennuyeuse redite du premier opus si un fait majeur ne s’était produit en cours de production. Un événement qui pourrait paraître anodin mais qui, en réalité, va complètement changer la donne et la nature de ce second film : la présence au poste de réalisateur de Jeffery Lando. Pour tous ceux qui ne connaitraient pas cet énergumène, sachez qu’il n’est pas un parent du célèbre contrebandier ami de Ian Solo (pas à ma connaissance en tout cas), mais un cinéaste canadien complètement déjanté, auteur de quelques perles du cinéma Z. Un mec prenant à malin plaisir à plonger des bimbos à moitié à poil dans des hectolitres de bave extra-terreste et à filmer des pseudo-militaires armés d’armes en caoutchouc face à des figurants croulants sous le poids de déguisements de créatures improbables. Et même si à l’occasion de ce « gros » budget qui lui est confié, il se retient un peu (Insecticidal, par exemple, est un film ou des filles presque tout le temps à poil affrontent des insectes géants dans un dortoir), il n’a pas pu s’empêcher d’y apposer sa griffe tordue.
Si ça ne vous encourage pas à faire des études...

Et c’est en cela que Decoys 2 est vraiment poilant. Par son coté Z réellement assumé, au cœur d’un film bénéficiant toutefois de moyens pour série B. Il en résulte un ton décalé, vraiment fun, avec des punch-line délirantes (« Si tu vois une blonde venir en souriant vers toi, déclame sérieusement le héros à son nouvel ami, vérifie qu’elle ait bien un nombril. »). Ainsi, le spectateur, pour peu qu’il apprécie l’humour au 10ième degré (sinon il va sûrement péter un plomb, vous voilà prévenu), va alors se régaler à ce festival d’approximations scénaristiques, avec son défilé de pétasses blondes connes comme des manches - et méchantes comme des teignes – se déhanchant au milieu d’universitaires en rut qui courent, la bave au lèvres et le regard brillant, après le moindre cul qui passe. - La fac, c’est vraiment le nid à meufs, annonce fièrement un étudiant aussi laid qu’une chemise de Carlos. On peut se vider le poireau comme des fous. Après, dans la vie active, ton choix se retrouve plus restreint. » Ben voyons, on a sûrement pas eu le même cursus universitaire…
Aussi débile que cette justification d’un l’acte sexuel pour faciliter une fécondation qui finalement se fait par la bouche, l’attitude des personnages principaux va amener chez le spectateur soit un désespérant sentiment de solitude, soit une hilarité débridée. Excités comme des babouins en chasse, les jeunes « étudiants » tombent sans détour dans les pièges hypnotiques des pétasses de l’espace. Car, oui, j’ai oublié de vous dire, dés que les extra-terrrestres ont les yeux qui deviennent d’un bleu Liz Hurley, elles lisent dans vos pensées et peuvent prendre l’apparence de vos fantasmes. Cela m’amène à dire que ces jeunes là ont des fantasmes bien sages (une fille en tenue d’écolière, une en cuir, beuh… qu’elle imagination.. Dieu fasse que je ne croise jamais le chemin de ces créatures). On nage donc dans le n’importe quoi et, de plus (heureusement d’ailleurs), Jeffery Lando insiste sur le coté stupide des situations. Comme lorsque l’un des héros - au cours de l’exploration d’une morgue désaffectée - décide que le groupe doit se séparer. - Moi, je vais par là, vous deux, vous allez par là, dit-il soudainement. - Je ne pense pas que cela soit une bonne idée, répond l’un des deux autres. - Faisons le quand même ! Et le mec s’éloigne dans l’obscurité. Con mais poilant.
Y'a comme un truc de bizarre

Ne vous attendez pas non plus à un festival d’effets spéciaux transcendants. Il y en a beaucoup, surtout lors des « accouplements », avec de longues tentacules numériques qui sortent du torse de l’alien ainsi qu’une espèce de trompe au bout de laquelle se trouve une sorte de petite fleur (on a beau être alien, l’on n’en est pas moins femme), mais ils tendent plus vers des FX de jeu vidéo des années Amiga que vers le nec plus ultra de chez Weta. Puis vient le moment où les créatures quittent leur déguisement hypnotique ‘’blonde aux grosses miches’’ pour apparaître dans leur état naturel. Et là, on rie à en perdre le contrôle de ses sphincters. Ces redoutables créatures de l’espace, présentées au début du film comme des êtres puissants et dotées d’une intelligence supérieure, sont non seulement connes comme des cruches, mais de plus aussi laides que des Kermit d’un mètre soixante passés au four à micro-ondes. Et ne parlons pas de la reine de ces Chanterelles. Comme dans les jeux vidéo en vogue, il s’agit exactement de la même créature, mais dotée d’une couleur différente et d’une taille plus grande (elle a plus de seins aussi). Histoire que l’on pige que son niveau est supérieur. Sûrement le boss de fin.
Un boss de fin plutôt impudique

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Decoys 2: Alien Seduction [2007]

Auteur Nicolas L.
42

La Mutante version Picard, The Faculty version Vivagel, voilà de quelle manière on pourrait décrire Decoys 2. Mais attention, en nettement plus con, plus drôle et, dans le fond, plus original que les films ci-dessus nommés. Avec un humour a mis chemin entre un épisode de Scoobidoo et une parodie de SF des années 80, le film surprend dans un premier temps et risque d’agacer dans un deuxième. Par contre, si vous arrivez à passer sans dommage ces deux obstacles - comme moi - vous allez sûrement bien rigoler à cette accumulation de clichés et d’effets ridicules que ose mettre en scène ce nanar rafraîchissant, que dis-je… réfrigérant.

On a aimé

  • Un nanar, un vrai
  • Jolies filles, ma foi
  • Si con, si bon…

On a moins bien aimé

  • Bon, faut aimer l’humour au dixième degré
  • Effets spéciaux à deux sous
  • Scénario et dialogues très cons

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