Critique Le Professeur Foldingue #1 [1996]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 10 juillet 2007 à 15h37

Docteur Prout et mister Queutard

Le débonnaire professeur Klump est un sympathique enseignant de chimie qui souffre d’un handicap certains : une surcharge pondérale plus que conséquente. En plus de devoir gérer les dégâts d’une maladresse issue de son excès de poids, il doit également faire face devant l’animosité du doyen du lycée et lutter contre sa timidité maladive. Un jour, il pense avoir trouvé la solution, contenu dans une éprouvette de son laboratoire…


Quand Eddie Murphy se met à faire du Jerry Lewis, cela donne le professeur Foldingue. Et quand on sait que c’est le très potache Tom Shadyac qui s’est collé à l’adaptation de Docteur Jerry et Mister Love, ce petit bijou humoristique des années 60, et si l’on connaît la « subtilité intellectuelle » de l’individu, l’on se doute bien que cela ne va pas faire dans la dentelle, mais plutôt dans le gros qui tache. Et en effet, dans les mains de cet adepte de l’humour gras, le script originel se transforme soudainement en une sorte de brouet pipi-caca-prout (surtout prout d’ailleurs) qui, même s’il véhicule les mêmes messages de tolérance, se veut nettement plus direct et se situe définitivement en dessous de la ceinture.
Tout d’abord, sachez que dans ce film, Eddie Murphy joue sept rôles, alors si vous ne supportez pas l’acteur, vous allez sacrément en baver. Je conseille même aux allergiques d’aller voir ailleurs pour éviter des crises de vomissements intempestifs, avec risque d’apoplexie. Un conseil d’autant plus justifié par le fait que le comédien en a rarement autant fait dans le registre « comico-hystérique » qu’à l’occasion de ce film, hypocrite faux pamphlet contre la ségrégation et l’à priori physique - construit par un homme que l’on soupçonne comme aucunement concerné par le sujet. Tant et si bien que, même s’il se moque assez directement de son image de play-boy au sourire Pepsodent, il finit par devenir très pénible dans ses exubérances de Buddy Love, un personnage soit disant irrésistible (ah bon ?) mais assurément agaçant et pas marrant du tout. En fait, je le préfère (tout est relatif hein ? Faut pas déconner quand même…) sous l’identité de ce professeur gaffeur et sensible, à des années lumière de la personnalité du comédien et de ses rôles habituels - sans compter que les maquillages de Rick Baker sont fabuleux et totalement innovants pour l’époque. Par contre, lors des séquences où il incarne le reste de la famille Foldingue, il est tout bonnement insupportable de connerie et de vulgarité pas drôle, confondant le terme de potache avec celui de dégueulasse, et résumant la comédie à de la scatophilie de maternelle.
Finalement, si l’on était vache, l’on pourrait résumer ce Professeur Foldingue à du prout et du cul, un mélange étrange au cours duquel on assiste à des interminables séquences de pétomanes aptes à ne satisfaire que les enfants de moins de 10 ans enchaînant abruptement sur d’autres durant lesquelles un type s’extasie sur sa queue ou de généreuses croupes offertes, bien cambrées et filmées en gros plan. Difficile par conséquent de définir le public type, à part le Bidochon lobotimisé à grands coups de pacs de Kro. Mais heureusement, il n’y a pas que cela. Le film comporte également son petit lot de gags sympas. Rien de transcendant, mais des choses plutôt marrantes comme cette invasion d’hamsters sur un campus, le rigolo animal de laboratoire obèse du professeur ou le clin d’œil à Rocky. Cela ne vole jamais haut, mais cela vaut bien mieux que la minable leçon de vie (la philosophie primaire du retour de balançoire) que nous offrent le duo Shadyac-Murphy lors d’un règlement de compte verbal avec un humoriste encore moins drôle que Bigard au stade de France.
Au niveau des effets spéciaux, le professeur Foldingue alterne les maquillages et les prothèses latex des studios du maître Rick Baker avec les effets numériques de Rhythm & Hues. Rien à dire à ce niveau là, et même si plus de 10 ans après sa sortie, la synthèse de ce film apparaît comme un peu datée, le résultat reste supérieur à tout ce que l’on voit actuellement dans les séries B.
Pour finir, un truc. Il est intéressant de se rappeler que, alors que la carrière d’Eddie Murphy s’enlisait dans une série de flops, c’est la sortie de deux remake - ce professeur Foldingue et Dr Dolittle – qui a relancé le comédien sur la voie du succès. Tant mieux pour lui, mais j’ai du mal à admettre qu’un produit aussi médiocre puisse contribuer à la gloire d’un acteur. J’avais jugé ce film très mauvais à sa sortie, pensant que dans le style « vulgaire pas drôle » on ne pouvait faire mieux. J’avais tort. Il y a peu, j’ai vu Norbit, qui explose les limites du néant artistique. En tout cas, ce professeur Foldingue prouve par les faits un truc : que tout le monde ne peut pas faire du Farelli sans risquer de se vautrer et que, même potache, la comédie est un art difficile.

La conclusion de à propos du Film : Le Professeur Foldingue #1 [1996]

Auteur Nicolas L.
35

Remake avoué du docteur Jerry & Mister Love, lui-même déclinaison comique du mythe du docteur Jekyll et mister Hyde, le Professeur Foldingue est une grosse farce potache à l’humour poussif et au message humaniste à la sincérité douteuse. Personnellement, j’ai trouvé le film guère drôle, Eddie Murphy crispant et le scénario peu attrayant. Un conseil, si vous voulez voir une bonne parodie de l’œuvre de Stevenson, orientez vous vers le film de Jerry Lewis, vous y gagnerez au change.

On a aimé

  • Les effets spéciaux
  • Le concept originel
  • Eddie Murphy se moquant de son image

On a moins bien aimé

  • Vulgaire et guère marrant
  • Eddy Murphy, crispant
  • Philosophie à la sincérité douteuse

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