Critique Chroniques du pays des Mères [1996]

Avis critique rédigé par Lujayne M. le jeudi 16 août 2007 à 09h36

Lent voyage dans un lointain futur

Avec ces édifiantes "Chroniques", la franco-canadienne Elisabeth Vonarburg nous raconte la vie de Lisbeï, jeune femme d'un lointain futur, dans une société matriarcale dûe au fait qu'il nait désormais très peu d'homme, et que la période de fertilité de chacun est réduite. La vie des "Familles" est réglée depuis des centaines d'années : les petites filles "Vertes" deviennent "Rouges" dès qu'elles ont l'âge de procréer. Par insémination artificielle, elles auront une demi-douzaine d'enfants, pendant une quinzaine d'anneés. De ces enfants, majoritairement des filles, beaucoup mourront en bas âge ou seront trop malformées pour survivre. Vers 25 ou 30 ans, ces femmes deviendront "Bleues", infertiles, et pourront alors se consacrer à d'autres tâches, selon leurs envies et aptitudes... De leur côté, les hommes, Verts, Rouges, et Bleus, sont à la fois choyés pour leur rareté, et tenus à l'écart : après tout, c'est de leur faute si, au temps ou ils dominaient, est arrivé le Déclin, qui a rendu des régions entières inhabitables et a bouleversé les cycles de fertilité...
Ce qui frappe à première vue, c'est le style. Ici, tout est féminisé, et tout est inversé. On fait des "enfantes", des "bébées", on monte à "chevale"... Le féminin domine : un groupe avec un homme et plusieurs femmes sera désigné par "elles". Et un homme ne peut pas être "exploratrice" ou "Médecine", voyons !
On pourrait craindre un féminisme outrancier, comme souvent dans la science-fiction féminine. Mais heureusement, l'auteur ne tombe pas dans ce travers, réussissant à rendre tout ses personnages attachants, et à nous faire réfléchir sans verser dans le militantisme.On a même une version féminine du Christ, nommée Garde, morte et ressuscitée des centaines d'années auparavant.
Et tout au long du récit, au delà des considérations sur le rôle de l'homme et de la femme, c'est aussi une interrogation sur la différence entre légende et réalité, comment l'Histoire est perçue et rapportée, et utilisée...
Concernant l'histoire en elle-même, racontant la vie de Lisbeï de Béthély, alternant narration et extraits du journal de l'héroïne, on ne peut que se laisser emporter par ce monde étrange, qui a parfois des réminiscences connues, mais dont le passé flou (le Déclin, puis les Harems - où les rares hommes ont pris le pouvoir - suivi des Ruches - où les femmes se sont révoltées et sont devenues de violentes reines guerrières - avant d'arriver, finalement, au système pacifique des Familles et des Mères), sans cesse évoqué, mais jamais clarifié, nous tient toujours en haleine.
On pourra reprocher une certaine baisse de rythme au milieu du livre, beaucoup de discussions et de blabla... mais cela apporte encore à l'atmosphère étrange et envoutante de ce roman... dont la fin, à coup sûr, vous surprendra ! Car voilà bien une fin qui ne résout rien, qui oblige à remettre les 600 et quelques précédentes pages sous une autre perspective, et qui du coup pose bien d'autres questions !

La conclusion de à propos du Roman : Chroniques du pays des Mères [1996]

Auteur Lujayne M.
80

Voilà donc un roman attachant, surprenant, lent (ne cherchez pas d'action ici !) mais intéressant, qui ne pourra pas vous laisser indifférent... Et qui vous donnera envie d'en savoir plus sur ce "Pays des Mères" etsur son passé ! A noter, dans le même univers, l'auteur a écrit "Le Silence de la Cité", qui se passe au moment du Déclin, et qui peut-être apportera des réponses...

On a aimé

  • l'ambiance
  • les personnages

On a moins bien aimé

  • un peu lent parfois

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