Critique 10 000 [2008]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le dimanche 4 mai 2008 à 01h29
La folle histoire du Monde
Paumé dans des montagnes glaciales vit un clan d'indiens préhistoriques à la coupe rasta et aux dents d'une blancheur éclatante. Ses membres s'attribuent fièrement le nom de Yaggal (personnellement, j'ai également apprécié, vu les possibilités en jeux de mots nases que fournit cet attribut identitaire; Yaggal y pète, Yaggal au pain, etc.) . Entre deux parties d'osselets, deux séances de body-building et deux transes de Mère-Grand - leur vieille shaman allumée leur annonçant l’arrivée prochaine d’une sorte de Ragnarok - les Yaggals passent leur temps à attendre le retour des mammouths (ils leur donnent un autre nom mais je l'ai oublié), leur lance en plastique à la main.
Les gros pachydermes laineux remplaçant les bisons, ce sera les « démons à quatre pattes» qui se substitueront aux tuniques bleues. En effet, après avoir tué par un heureux concours de circonstance un mammouth (une des rares scènes sympa du film), les Yaggals sont attaqués par une horde de cavaliers sadiques aux profils arabes qui capturent un grand nombre d'autochtones, dont la jolie Evolet, la copine de D'Leh, une nenette aux lentilles aussi bleues que celles des fremen. Le Sherman de service, d’ailleurs, a des prétentions sur la belle (dont on ne verra même pas, hélas, le bout d’un sein), ce qui ne va pas manquer de semer le trouble chez les chasseurs d’esclaves.
D'Leh, c'est le bellâtre qui a tué le mammouth pour conquérir le statut de chef de tribu mais aussi pour mériter la main de sa copine Evolet, et ainsi faire la nique à son rival Ka'Ren(nananère...). Maintenant, il se retrouve bien déconfit car la moitié de sa tribu vient d'atterrir en esclavage sous le joug de ce peuple venu «d'au-delà des montagnes». Mais D'Leh ne se démonte pas, laissant Mère-Grand au village (bien vi, pas fou les démons a quatre pattes, ils n'ont pas gaulé la vieille...) en compagnie des quelques rescapés de la razzia, il part avec trois potes – dont Tic-tic l’ancien - à la poursuite des ravisseurs.
Heureusement, en cette époque reculée, le monde était beaucoup moins vaste. En effet, quelques jours de marche suffiront à amener nos trois héros des froides contrées nordiques à une contrée calquée sur l'Egypte antique. Mais le voyage ne sera cependant pas de toute tranquillité. En cours de route, D'Leh va se construire quelques amitiés parmi les masaïs et les pygmées; faire copain-copain avec un tigre aux dents de sabre taille XXL; combattre une horde de poulets géants croisés avec des velociraptors; et se paumer dans le désert au lieu de suivre le cours d'un fleuve. Bref, c'est très aventureux et très crédible, presque autant qu'un vieux film d'heroic fantasy spaghetti (sic).
Malgré toutes ces tribulations, nos trois héros, accompagnés de la plupart des tribus d'Afrique noire, arrivent à destination, au pays Goa'ulds. Oui, car, hyper-culotté ou très fier de son cinéma, Roland Emmerich nous propose soudainement une relecture moisie de son Stargate avec son peuple opprimé, sa mystérieuse et inquiétante entité supérieure, sa pyramide mystique, et finalement, sa révolution berbère populaire. On va même avoir droit à sa pauvre victime innocente, la jeune fiancée remplaçant ici l'autochtone simplet.
En gros bourrin, le cinéaste nous ressert la même recette pseudo-patriotique de bazar, avec ses envolées réthoriques niaises devant des foules enthousiastes empruntées à Braveheart... ou Patriot et Independence Day, puisqu'on cause du cinéma d'Emmerich. Ca bastonne sévère, c'est vrai, mais faute de la présence d'un méchant digne de ce nom pour s'opposer à D'Leh, aucune envolée dramatique ne se produit et la narration adopte le syndrome de électroencéphalogramme plat. Il faut dire aussi que la fadeur de la distribution n’arrange pas les choses.
L'un des rares aspects qui sauve un peu le film du pilori, c'est les effets spéciaux... et encore. Si certains sont très réussis, comme la séquence de la chasse aux mammouths ou les décors de la pyramide, d'autres sont assez laids. Le tigre aux dents de sabre, par exemple, se voit infliger un niveau d'incrustation très médiocre, ce qui rajoute une couche de plus à son inutilité – il ne joue quasiment aucun rôle dans le fil du récit- à part impressionner trois indigènes.
Autre élément positif: de par son hallucinante crétinerie, le film fait assez souvent rire. Par les dialogues tout d'abord, si niais qu'on dirait qu'ils ont été écrits par une gamine de huit ans. La séquence ou D'Leh rencontre le smilodon géant est par exemple désopilante. « Tu ne vas pas me manger, hein? » dit le chasseur avant de libérer le fauve. Et comment oublier cette romantique scène "disneyenne" sous les étoiles. Certains détails prêtent aussi à rire, comme ces mammouths laineux qui triment comme des bœufs à charrier des blocs de pierre en plein cagnard, ou des lancers de javelots dignes de records olympiques. Et ne parlons pas de ce happy end ridicule qui m'a laissé sur le cul!
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : 10 000 [2008]
Avec son scénario débile et sa réalisation lamentablement plate, le dernier délit de Roland Emmerich aurait pu être un nanar de luxe assez divertissant et moins malsain que l'Apocalypto de Gibson (avec lequel il partage grosso-modo le même récit). Seulement, voilà, le tâcheron teuton n'a pas réussi à reconstituer atmosphère sympathique des vieux films des années 60, faute d'un casting charismatique et d'une générosité dans le traitement. Le résultat: une forte sensation d'ennui entrecoupée parfois d'un rire devant ce déballage niais et bourré de clichés.
On a aimé
- Quelques séquences d'action
- Les mammouths, les décors
- Involontairement drôle
On a moins bien aimé
- Le scénario niais et bourré de clichés
- Interprétation sans relief
- Réalisation insipide
- Dialogues crétins
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