Critique Le masque de Fu Manchu [1966]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 12 mai 2008 à 14h38

La Menace Jaune fonctionne au gaz

Malgré qu’il ait en personne assisté à l’exécution du maléfique docteur Fu-Manchu, Nayland Smith, le célèbre détective de Scotland Yards, arrive encore à douter de sa mort.
Ses craintes vont se révéler fondées quand une vague de morts violentes par strangulation se répand dans la capitale londonienne. Et quand ses hommes lui amènent une écharpe rouge, accessoire de mort des assassins fanatiques de Fu-Manchu, pour Nayland Smith, cela ne fait plus aucun doute : la mise à mort du mandarin maléfique n’était qu’un simulacre !


La Menace Jaune est de retour à Londres ! Et seul Nayland Smith est à même de l’arrêter ! Comme d’habitude, Fu-Manchu utilise le lit de la Tamise et les égouts pour répandre son venin asiatique au cœur de la bonne société britannique. Cette fois-ci, c’est le secret d’un gaz qui l’intéresse, un gaz qui abaissé à une certaine température devient un poison volatile extrêmement violent, la moindre molécule pouvant tuer un millier d’individus. Pour arriver à ses fins – s’emparer de la formule et conquérir le monde -, il ne va pas hésiter à enlever des éminents scientifiques et même exterminer la population d’une petite bourgade de la côte anglaise…
Réalisé par Don Sharp (l’un des plus doués faiseurs de la Hammer), Le Masque de Fu-Manchu voit s’affronter Christopher Lee et Richard Greene (c’est ici leur première collaboration sur ce cycle). Et comme il sera toujours le cas, la mécanique dramatique bien huilée fonctionne à la perfection tant les deux comédiens sont antithétiques. Dans le rôle de Fu-Manchu, Christopher Lee parvient sans mal à nous faire oublier sa morphologie absolument pas asiatique et, avec comme seuls artifices un costume de mandarin et de fines moustaches tombantes, il entretient parfaitement le cliché créé par Sax Rohmer. De l’autre coté, Richard Greene compose un Nayland Smith plus british que celui de Lewis Stone (le Masque d'or , 1933) et qui partage de nombreux points communs avec un certain Sherlock Holmes (ainsi faisant, il est plus conforme au personnage créé par l’auteur britannique).

Le scénario, à la fois pulp et classique, transporte les protagonistes de Londres au Tibet. Très amusant, il est cependant plombé par de nombreuses maladresses. La plus flagrante découle des impressionnantes facultés d’hypnose de Fu-Manchu. En effet, ce dernier semble oublier parfois d’utiliser cet art alors que cela lui faciliterait nettement la tache, notamment quand il tente de convaincre le docteur Muller de travailler pour son compte – ou même quand il se retrouve face à Nayland Smith. J’ai également trouvé ce script un peu trop sage, avec des séquences de tortures guère originales ou osées. Même Lin Tang, la fille du mégalomane chinois, qui se doit de représenter le Mal sous son aspect raffiné et sadique, manque de piquant. Le ton, finalement, reste celui d’une BD bon enfant.
Comme je vous le disais plus haut, le film s’achève dans des séquences se déroulant au Tibet. Là, le rythme devient un poil plus aventureux (il s’était déjà un peu décoincé quelques minutes plus tôt au cours d’une poursuite automobile un peu mollassonne mais divertissante) avec la mise en place d’une étrange connivence entre des moines tibétains et Fu-Manchu. La naïveté est de mise – voir Nayland Smith planqué sous une robe jaune, du haut de ses 1m80, se balader incognito au milieu de moines lui rendant 20cm, est tout simplement hilarant – et les tribulations pas crédibles du tout. Des aspects qui éloignent vraiment le film de cette narration « à la Sherlock Holmes » qui était adoptée jusqu’alors.

Du coté des seconds rôles, celui de Lin Tang est interprété par Tsai Chin (elle sera dans tous les autres volets de la série), la plus célèbre des actrices chinoises de la période et que l’on a pu voir dernièrement dans Casino Royal sous les traits de madame Wu – c’est d’ailleurs son deuxième James Bond puisqu’elle occupa aussi un rôle dans On ne vit que deux fois (1967). La jeune anglaise en péril, élément indissociable de ce genre de film, est incarnée par la jolie James Bond’s Girl Karin Dor, une actrice allemande qui débuta dans la série de westerns « choucroute » Winnetou et tourna bon nombre de Krimi. Elle est alors au faîte de sa notoriété et l’une des comédiennes germaniques parmi les plus convoitées (elle retrouvera d’ailleurs un an plus tard Christopher Lee dans Le Vampire et le Sang des Vierges où elle incarnera la magnétique baronne Liliane von Brabant). A noter aussi la présence du grand Walter Rilla dans le rôle du professeur Muller…

La conclusion de à propos du Film : Le masque de Fu Manchu [1966]

Auteur Nicolas L.
60

Première collaboration du quatuor Harry Alan Towers, Don Sharp, Richard Greene et Christopher Lee, Le Masque de Fu-Manchu est une sympathique série B mêlant éléments policiers et aventureux. Certes, l’ensemble apparaît comme un peu trop sage et présente quelques maladresses scénaristiques, mais sa vision reste divertissante. Tant par l’esprit BD bon enfant que par le jeu d’excellents comédiens. A voir en famille…

On a aimé

  • Récit divertissant
  • Bonne interprétation
  • Pour toute la famille
  • Un esprit BD très affirmé

On a moins bien aimé

  • Des incohérences et des maladresses
  • Un manque de piquant dans les personnages « vilains ».
  • Un ton un peu trop léger

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