Critique Tranchant d'Acier #1 [2005]

C'est sans véritable enthousiasme que je me suis plongée dans la Trilogie d'Axis, précédemment publiée en grand format chez Bragelonne, et en cours de ré-édition en format poche chez ce même Bragelonne, sous leur nouveau label Milady. Sans grand enthousiasme, donc, car le quatrième de couverture du premier tome me semblait lu et relu : deux demi-frères qui se détestent, une belle jeune femme entre les deux, l'éveil d'une Prophétie, des méchants très méchants... la tambouille classique de la Fantasy, quoi.
Heureusement, je m'étais trompée.
Dés les premières pages, en fait, l'auteur réussit à nous happer. Il n'est jamais facile d'entrer dans un nouvel univers, mais ici, l'accroche est immédiate. Il faut dire qu'on ne voit pas souvent un bébé se frayer un passage hors du ventre de sa mère avec les dents...
Trente ans plus tard, nous faisons connaissance de Borneheld l'arrogant et de son demi-frère Axis Tranchant d'Acier, alors que des créatures inconnues harcèlent les frontières du nord et que l'hiver ne veut pas lâcher prise. Axis doit escorter la belle Faraday, promise de Borneheld, et bien entendu il va se passer quelque chose entre ces deux-là...
Mais ce qui aurait pu devenir un océan de mièvrerie déjà vue est fort heureusement sauvé de l'eau de rose, et de loin, par un traitement très intéressant des personnages, des personnages secondaires rarement si méchants - ou si bons - qu'il n'y parait de prime abord, une mythologie intéressante, et des êtres humains qui se révèlent avoir été, dans les temps anciens, les véritables oppresseurs ! Les races qui partageaient ce monde avec les humains ont été Proscrites par leurs vainqueurs, qui ont inculqué en leurs descendants l'idée qu'ils étaient des monstres. Or, face au péril qui menace, les trois peuples vont devoir s'allier ou mourir...
Si certains rebondissements se devinent aisément, ce n'est pas le cas de tous, et c'est avec le plus grand intérêt que l'on suit les aventures d'Axis, Faraday, Azhure, Odgen et les autres. Ils se retrouvent assez vite séparés, trouvent l'amitié ou la haine là où ils ne l'attendaient pas, et chaque cheminement est des plus intéressants. L'inspiration "tolkiennienne" est bien là, notamment dans la description très "elfique" des Icarii, le peuple des hommes volants, mais on ne retrouve pas par exemple le souffle poétique d'un G. Gavriel Kay dans la Tapisserie de Fionavar. Ce n'est donc pas de la grande littérature, mais c'est suffisamment bien écrit, avec des rebondissements et des personnages plutôt complexes et prometteurs, pour nous happer jusqu'au bout.