Critique Sixième Sens [2000]

Le Dr. Malcolm Crowe est un bon pédopsychiatre, un très bon, même. Un soir, en compagnie de sa femme Anna, après qu'ils aient fêté le diplôme d'honneur du mérite social remis par la ville de Philadelphie pour toutes les actions de Crowe, ils trouvent un ancien patient du psychiatre dans leur chambre qui, après une litanie de reproches, fait feu sur Malcolm et se suicide.
L'automne suivant, Malcolm a rendez-vous avec un patient nommé Cole Sear, neuf ans, aux parents divorcés, un être anxieux, isolé ayant des problèmes de sociabilité. Mais avant l'entrevue, le garçon se réfugie dans l'église la plus proche, comme s'il était effrayé par quelque chose ou quelqu'un...


Le sixième sens: Docteur Malcolm Crowe (Bruce Willis) et Anna Crowe (Olivia Williams)

En 1999, M. Night Shyamalan en est à son troisième film, après deux films qui sont passés presque inaperçus (Prier avec colère, l'histoire d'un Indien résidant en Amérique et retournant en Inde; Eveil à la vie, une comédie dramatique racontant la vie d'une famille catholique). Mais il tient, avec Sixième Sens, un scénario qui risque de faire parler de lui: l'histoire d'un gamin de neuf ans, suivi par un psychiatre, qui voit les morts.

C'est un succès. Avec un budget de 40 millions de dollars, le film en rapporte un peu plus de 25 millions la première semaine de sa sortie. Au total et dans le monde, c'est la formidable somme de 650 millions de dollars que rapportera le film. C'est un succès auprès du public mais aussi de la critique avec pas moins de six nominations aux oscars (dont réalisateur, scénario, meilleur second rôle masculin pour Haley Joel Osment et meilleur second rôle féminin pour Toni Collette) et deux aux Golden Globes. Il a reçu le Nébula du meilleur scénario. 


Le sixième sens: Docteur Malcolm Crowe (Bruce Willis), Anna Crowe (Olivia Williams) et Lynn Sear (Toni Collette)

Le film aborde des thèmes chers au réalisateur, à savoir la foi et la vie après la mort (Eveil à la vie, Signes et Le Village) et les pouvoirs paranormaux (Incassable). M. Night Shyamalan a tendance a mettre en balance deux convictions opposées, deux points de vue qui s'affrontent et ici, c'est la science du Dr Malcolm Crowe aux visions des morts du jeune Cole. Pour se faire, il compte sur un trio d'acteurs qui font des merveilles dans leurs rôles respectifs: Bruce Willis (qui tient certainement là son meilleur rôle), Toni Collette et surtout Haley Joel Osment, la découverte qu'on qualifie tout de suite de jeune prodige.

Comme souvent dans ses films, le réalisateur préfère suggérer que montrer, ce qui est d'une rare efficacité, pour ce genre de film. La scène où Lynn Sear découvre tous les tiroirs de sa cuisine ouverts provoque un vrai frisson. Mais au-delà de la formidable performance du jeune acteur qui rayonne de sensibilité et de douleur sourde à cause de son don, c'est au niveau technique et de la disposition des acteurs dans chaque scène qui font la réussite du film, quand on connaît le dénouement.


Le sixième sens: Cole Sear (Haley Joel Osment) et le Docteur Malcolm Crowe (Bruce Willis)

Cela fait maintenant dix ans que ce film est sorti et M. Night Shyamalan a, depuis, réalisé cinq films, mais il n'a jamais réussi à atteindre ce niveau scénaristique. C'est, à l'heure actuelle, son seul chef d'oeuvre.