Critique Le mort dans le filet [1960]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 3 novembre 2009 à 00h56
Les bimbos vs Spidermoisi
Le film s'ouvre sur une séquence d'audition où l'on voit un Alexander D'Arcy goguenard, en compagnie de sa girlfriend et d'un assistant loufoque, faire défiler dans son bureau une jolie petite brochette de starlettes, cela dans le but de constituer une troupe de danseuses de revue. Ainsi, dés l'ouverture du métrage, l'on est fixé sur les véritables intentions du réalisateur, qui sont d'offrir au spectateur quelques émois fripons, à base de jeunes femmes en bikini et en lingerie fine.
Tout ce beau monde finit par embarquer à bord d'un avion en stock-shot qui, pris dans un orage soudain, va tomber en vrille, la proie des flammes, comme s'il était la victime d'une attaque de chasseurs japonais. La terreur des passagers est illustrée par l'insert de deux des jeunes danseuses, le visage en gros plan, qui hurlent face à la caméra (les cris sont bien entendus le fruit d'un calamiteuse post-synchronisation et on devine sans peine que les comédiennes ne sont nullement dans un avion).
Alors que l'on pourrait s'attendre logiquement à la mort de tous les passagers, l'on se rend compte que les jeunes femmes s'en sortent toutes indemnes, conservant même leurs bas soigneusement accrochés à leurs porte-jarretelles et leurs chaussures à hauts talons. Il faut dire qu’elles ont eu la chance que l'avion s'abîme en mer. Elles dérivent donc désormais sur un bateau pneumatique, sous la tutelle d'Alex D'arcy, véritable coq trempé au milieu de huit poules mouillées qui prennent des poses style « radeau de la Méduse ». Notez bien que Jaime Nolan (aka Fritz Böttger) en a profité pour se débarrasser des deux pilotes subrepticement aperçus de dos durant la scène de vol.
Les naufragés vont finir par atteindre une île, les filles ramant frénétiquement avec leurs mains manucurées, d'Arcy conservant la seule rame. Une fois l’île abordée, ce gentleman va même les porter à terre l'une après l'autre (ce qui nous permet de revoir encore une fois les dessous de ces dames) avant de les poser délicatement sur les rochers. Puis, après avoir trouvé une source d'eau douce, le coq devenu paon décide de mener une expédition d'exploration.
Alors que le groupe progresse dans sa reconnaissance des lieux, l'une des jeunes filles trouve dans l'herbe un objet qu'elle a bien du mal à identifier. La pauvre.
- C'est un marteau", s'enthousiaste le mâle dominant."Cela veut dire qu'il y a des gens sur cette île. Et si je me fie à la longueur du manche, ce sont sûrement des mineurs. D'une mine d'uranium, probablement." Les filles, devant tant de clairvoyance, en restent muettes d'admiration, avant de piailler en coeur pour manifester leur joie.
Leurs pas vont finir par les mener à une cabane. Ouvrant la porte, les premières arrivées vont subir le terrible choc de découvrir un figurant agrippé à un vulgaire filet de corde. Ce figurant, c'est en fait un professeur. Il a été piégé dans ce que le réalisateur essaie de nous faire passer pour une toile d'araignée géante. Etant donné que la "victime" est simplement appuyée contre la "toile" et que ses pieds reposent bien au sol, pour le spectateur, la seule réaction possible est un incontrôlable fou rire.
Enfin remis du choc, le même spectateur va se rendre compte que, une fois les lieux nettoyés (ne me demandez pas où ils ont relégué le corps du scientifique), d'Arcy et son harem (parmi lequel on remarque surtout la bombshell Barbara Valentin) ne font plus aucun cas des éventuels dangers (pourtant, qui dit toile d'araignée géante...) et s'occupent à compter des boites de conserve, se doucher et se lancer dans un jeu de séduction flattant l'ego du seul mâle présent. Evidemment, tout ce manège va tourner au vinaigre, Georgia (la petite amie d'Alex d'Arcy), n'appréciant pas du tout, contrairement au spectateur masculin, que l'une des danseuses, débarrassée de sa robe, se frotte, telle une esclave lascive, à la jambe de son mec.
Un brin tendu (on le serait à moins!), Alex d'Arcy décide d'aller faire une balade, en nuit américaine aux éclairages fantasques, dans les bois. Histoire d’évacuer la pression. Il ne sait pas que, tapie dans l'ombre, l'une des plus ridicules araignées de l'histoire du cinéma l'attend au tournant (enfin plutôt planqué dans la souche d'un arbre en carton pâte). Evidemment, malgré la faible probabilité que cela se produise, Alex d'Arcy s'appuie à cet arbre pour admirer le paysage tout en fumant une cigarette. C'est alors qu'un accessoiriste, taquin, lui jette l'araignée dessus!
Tenant fermement l'araignée en latex, Alex d'Arcy se débat comme un fou. En vain, l'araignée lui inflige une morsure au cou avant de tomber au sol et de décéder en stop motion style "staccato", victime des balles à blanc tirées par le revolver de d'Arcy.
C'est alors que l'horreur se produit! Pendant que l'araignée vit ses derniers instants, sa victime, le brave Alex d'Arcy, mute! Il se transforme en... euh... Difficile à dire. Imaginez un type, le visage recouvert de pâte à pizza et de poils éparses, la bouche garnie de deux dents pointues. Le reste de sa panoplie monstrueuse se résumant à deux gants en forme de mains griffues. Désopilant.
On pense alors que le film va se résumer à une course poursuite entre le monstre et les jeunes femmes apeurées. Mais ce sacré Böttger a plus d'un tour dans son sac. Il veut surtout nous faire un peu plus profiter des formes de ses bimbos. Il introduit donc dans le scénario (oui, dans le scénario, je vous voie déjà sourire, bande de vicelards) deux nouveaux personnages; deux collègues du fameux scientifique. Ces deux nouveaux protagonistes vont surtout donner l'occasion au réalisateur d'entamer une sorte de drama amoureux absolument ringard, avec ses phases de séduction à base de danses équivoques, ses bastons amicales entre deux rivaux amoureux, et même une séquence de naïades nues, le tout sous une musique jazz horriblement inappropriée. Volages, les pin-ups en oublient carrément l’existence d’Alex d’Arcy…
Alors que l’on commence un peu à s’impatienter, le cinéaste rappelle à notre bon souvenir que l’on se trouve devant un film d’épouvante et entame une série de séquences brillant essentiellement par leur richesse en faux raccords (par exemple. le réalisateur introduit entre des plans larges exposant le mutant poursuivant une jeune femme à découvert des plans serrés sur son visage éclairé par une lampe de poche, alors qu’il est dissimulé dans un fourré). Aigrie, la créature va tuer l’une des danseuses, puis l’un des deux scientifiques (Bobby, le dragueur), les deux par strangulation (hors cadre), puis il va pousser une autre pin-up à se jeter, terrorisée, du haut d’une falaise.
Sa folie meurtrière va finir par l’entraîner dans la cabane ou il va se retrouver face au gentil Joe. Au cours du combat (essentiellement composé de lancers de tabourets et autres éléments de mobilier), Joe et Georgia vont réaliser que ce pathétique mutant a une peur panique du feu et, utilisant des torches, parviennent à le mettre en fuite. Ils vont d’ailleurs utiliser cette pyrophobie pour mener une battue. Armés de torches, Joe et les six filles survivantes vont repousser la créature jusque dans des sables mouvants qui lui seront fatals.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Le mort dans le filet [1960]
Lorsque l’on cause de mauvais films, on cite souvent comme référence les œuvres d’Ed Wood, le Robot Monster de Phil Tucker ou les nanars SF de Roger Corman. On oublie souvent que le cinéma européen est aussi riche en perles désopilantes que son homologue d’outre-atlantique. Le mort dans le filet, plus connu sous le titre Horrors of the Spider Island, est un digne représentant de cette vague de coproductions européennes qui concurrençaient dans le domaine du nanar la série B américaine. Le métrage de Fritz Böttger est très mauvais, certes, mais il apparaît comme si nul qu’il en devient désopilant. Le petit coté sexy ajoutant à son charme.
On a aimé
- Un must pour les amateurs de nanars
- Des bimbos, dont Barbarin Valentin
On a moins bien aimé
- Scénario idiot
- Réalisation fauchée
- FX calamiteux
- Jeu d’acteur approximatif
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