Critique À des millions de kilomètres de la terre [1958]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 19 janvier 2010 à 01h22
Le premier coup de maître d'un créateur de rêves
De retour de Venus, l'expédition du colonel Joe Parkman connait une difficile entrée dans l'atmosphère. La fusée finit par tomber non loin des côtes de Sicile. Sauvés in extremis par des pécheurs locaux, les deux passagers sont hospitalisés, l'un semblant souffrir d'une étrange affection. Dans le même temps, un jeune garçon, se promenant sur la plage récupère un container échappé de l'épave.
Maître de l'animation en volume image par image et de son intégration sur des prises de vue réelles, créateur du système Dynamation, Ray Harryhausen nous a offert en quarante années de carrière une exceptionnelle galerie qui a enchanté plusieurs générations de cinéphiles. Encore aujourd'hui, à l'époque du numérique, cet artiste de génie, considéré à juste titre comme le plus génial concepteur d'effets spéciaux de l'histoire du cinéma - et qui a totalement mis son talent au service du septième art - est cité en exemple, à travers bon nombre de ses films, dés que l'on aborde le thème de l'animation ou du fantastique en général.
Si l’on se penche sur sa filmographie, À des millions de kilomètres de la terre n'est certainement pas le film que le plus connu auquel Ray Harryhausen a participé. On pourrait même dire que ce métrage de Nathan Juran, dont le principal "défaut" est d'avoir été tourné en noir et blanc, a été quelque peu mis au placard. Il n'y a guère qu'au sein des cercles de fantasticophiles avisés et dans les rangs des fans du cinéma de Nathan Juran, très estimé réalisateur de séries B, que l'on se souvient que cette œuvre de science fiction ne manque pas de qualité.
C'est certain, et je l’admets volontiers, il ne faut pas chercher une quelconque excellence dans le scénario, guère original. Le script de 20 Million Miles to Earth mélange sans génie les éléments propres aux films d'invasions extra-terrestres et au mythe de King Kong et il n'est qu'un prétexte à mettre en scène un monstre un peu plus original qu'à l'habitude, projeté dans un univers familier. Non, la richesse du film, on la trouve dans le travail de Ray Harryhausen qui, à travers ce film au récit agréable (dans la pure tradition des séries B de l'époque) mais guère surprenant, commence à vraiment nous offrir des résultats surprenants de réalisme - ce qu'il n'avait pas vraiment réussi à faire dans ses précédentes grosses collaborations aux effets spéciaux (Le Monstre des Temps Perdus et Le Monstre vient de la mer). On pourrait presque dire que 20 Million Miles to Earth est le premier travail vraiment remarquable de l'artiste. Suivra un an plus tard Le Septième Voyage de Sinbad puis Les voyages de Gulliver (tous deux en couleur), films qui ne seront que les premiers chefs d'œuvre de ce collectionneur de distinctions.
Mais, tout d'abord, de quoi parle ce film? C'est très simple. Il met en vedette une créature extraterrestre (de la planète Vénus, plus précisément) ramenée sur Terre par les membres d'une mission d'exploration. Le contact de cet animal (un bipède reptilien) avec le biotope et l'atmosphère de notre planète le dote d'une vitesse de croissance extraordinairement rapide. Ainsi, de la taille d'un petit chien, la créature atteint au bout de quelques jours celle d'un tyrannosaure. Un animal un brin encombrant et coléreux qui détruit tout sur son passage. Parmi les personnes qui essaient d'enrailler la marche destructrice de la créature, on trouve des militaires, quelques scientifiques et l'inévitable couple glamour composé ici de William Hooper et l’élégante Joan Taylor (que l’on avait déjà pu voir un an auparavant dans Les soucoupes volantes attaquent). L’on est donc bien en face d’une série B SF de construction classique, à base de monstres géants.
Le film repose donc sur les créatures. Oui, les, car ce métrage qui utilise des techniques de surimpression de miniatures animées met en scène le monstre venu de l’espace, bien entendu, mais il fait aussi intervenir un éléphant au cours d’une admirable séquence de combat qui peut être considérée comme une sorte d’hommage à Willis H. O'Brien. A coté de cela, le procédé Dynamation qui, par l’utilisation d’un système plaçant l’animation en stop motion entre un écran de projection arrière et un matte painting, permet de mieux intégrer le trucage dans des prises de vue réelles est, bien qu’encore perfectible, plutôt réussi. L’on a ainsi le plaisir de voir quelques scènes assez réjouissantes, celle du combat contre l’éléphant, bien entendu, mais aussi celle qui se déroule dans une grange, où le héros nargue la créature avec une bêche.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : À des millions de kilomètres de la terre [1958]
Malgré qu’il soit un peu oublié, 20 Million Miles to Earth est une sympathique série B qui marqua un tournant dans la carrière de Ray Harryhausen - probablement plus que Le monstre des temps perdus, pourtant mieux connu. Dans ce film, aidé par Nathan Juran (c’est d’ailleurs leur première collaboration), le maitre des effets spéciaux nous laisse enfin entrevoir son énorme potentiel créatif, à travers le procédé Dynamation, bien entendu, mais aussi par son élégance à mettre en scène des créatures dotées d’une grande force poétique. Par la suite, l’artiste ne fera que confirmer cette première impression.
On a aimé
- Des effets de Ray Harryhausen encore perfectibles mais très corrects
- La créature, au look très réussi
- Une série B divertissante
- Un casting sympathique
On a moins bien aimé
- Un scénario sans grande originalité
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