Critique Wolfskin [2010]
Avis critique rédigé par Nicolas W. le jeudi 4 novembre 2010 à 21h41
Ne jamais ennuyer un peau-de-loup
"Un peau-de-loup contre cinq villageois, c'est équitable, non ? Je réfléchirai à ça après avoir goûté la chair de mon ennemi."
Un homme pénètre seul sur le territoire d'un petit village perdu dans la forêt. Cet homme n'est pas comme les autres car il fait partie des peaux-de-loup, des guerriers vénérant le Dieu Wrod. Non content d'être de féroces combattants, ils peuvent entrer dans une frénésie meurtrière en mangeant des champignons noirs. Seulement voilà, ils tuent alors sans distinction. Ce peau-de-loup est fermement décidé à ne plus y avoir recourt jusqu'à ce qu'il rencontre le vieux Noï qui dirige ce qu'il reste du village.
Surtout connu pour sa sublime série Transmetropolitan (critiqué ici), Warren Ellis n'a plus rien à prouver dans l'art du scénario. L'éditeur Milady graphics nous gratifie depuis peu des œuvres de l'anglais parues sous le label Avatar Press. Parmi celles-ci, nous avons déjà eu les très bons Black Summer (critiqué ici) et No Hero (critiqué là). Avec Wolfskin, nous revenons donc un an avant la parution des deux œuvres susnommées, et à la première collaboration du scénariste avec le dessinateur Juan Jose Ryp. Que nous propose donc Warren Ellis cette fois-ci ?
Ellis nous entraîne dans un monde fantasy aux allures de Conan le barbare - le héros peau-de-loup y ramène forcément - avec son style si particulièrement outrancier. On ne s'étonnera guère de retrouver un langage cru et fortement anachronique dans la bouche du guerrier, ni des sanglants affrontements qui jalonnent le récit, ni même de la nudité frontale. L'intrigue oppose quant à elle deux leaders aux points de vue bien différents et déchirant de ce fait le village. Tout le nœud du problème consiste à savoir qui bénéficiera de l'appui formidable du peau-de-loup. Finalement, le résultat s'avère loin d'être convaincant, tout juste sympathique... On apprécie surtout l'absence de longueur dans le récit.
Ce guerrier d'ailleurs apparait plus humain qu'au premier coup d'œil. Il est un Berserk qui, dans les légendes nordiques, apparait comme un combattant capable d'entrer dans une fureur divine pour décupler ses forces. La transformation se fait ici grâce à l'ingestion de champignons noirs. Le problème, c'est qu'il tue sans distinction hommes, femmes et enfants, qu'ils soient des alliés ou des ennemis. Cela pèse sur notre héros mais le sujet reste survolé par l'auteur. Du reste, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent, excepté de pleines pages de combats sanglants. La subtilité fait cruellement défaut à ce Wolfskin.
Côté dessin, Juan Jose Ryp livre exactement le même travail que sur Black Summer ou No Hero. Les planches elles-mêmes ne s'avèrent pas désagréables à regarder mais la tendance de Ryp à surcharger ses images agace à la longue, si bien que la dernière partie (publiée plus tard à l'origine) voit l'entrée en scène du dessinateur Gianluca Pagliarani en lieu et place de Ryp. Malheureusement, pas de gros changement à l'horizon car si les planches s'aèrent, elles perdent tout caractère pour un dessin sans âme.
"Tu es le meilleur de mes peau-de-loup. Tu m'offres de nombreuses morts et manger ma chair te guide à ma porte. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour faire commerce avec ton Dieu ?"
Remerciements à Amandine V. pour la relecture.
La conclusion de Nicolas W. à propos de la Bande Dessinée : Wolfskin [2010]
Wolfskin se révèle un comics anecdotique dans l'œuvre de Warren Ellis. On ne pourra guère conseiller sa lecture qu'aux fans inconditionnels de l'anglais ou aux amateurs d'action. Les autres parcourront les pages de ce récit-défouloir avec un intérêt tout relatif.
On a aimé
- Des combats bien sanglants
- Une histoire sympathique
- La dimension mythologique
On a moins bien aimé
- Aucune subtilité
- Pas de grandes idées
- Un dessin trop surchargé
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