Critique Isla Dorada [2011]

Avis critique rédigé par Benoît F. le vendredi 28 janvier 2011 à 15h37

CHACUN SA ROUTE, CHACUN SON CHEMIN…

Après Illusio et Pony Express, Isla Dorada est le troisième jeu édité par Funforge. Il s’agit en fait d’une coédition avec Fantasy Flight Games, entreprise de renommée internationale dont les productions se distinguent par un esthétisme soigné et une abondance de matériels de jeu.

Venons-en au contexte. L’action se déroule dans les années 30 alors que l’expédition Columbia voyage en quête de trésors et de merveilles. Malheureusement, leur zeppelin dernier cri (aaaah !!!) s’écrase sur une île dont les autochtones ne sont pas franchement prêts à partager les richesses. Ni une ni deux, nos fiers aventuriers entreprennent l’exploration de cette île légendaire sur laquelle des civilisations millénaires ont laissé leur empreinte. Le groupe se forme et chacun compulse son manuel de survie dédicacé par Frank chasseur de fauve. L’entraide sera de mise mais jusqu’à quel point ?

 

LA ISLA BONITA

L’ensemble du matériel est somptueusement illustré par Xavier Gueniffey Durin (dit Naïade) et Georges Bouchelaghem, qui s’est principalement occupé du design du plateau de jeu. Ce dernier représente l’île dans toute sa splendeur, sillonnée par de nombreux chemins reliant les sites les uns aux autres.

Les nombreuses cartes, 224 au total, sont du même acabit : joliment illustrées et aisément identifiables. Le reste du matériel se compose de 16 pions Exploration servant à marquer les lieux visités tout en indiquant le décompte des tours de jeu, d’un sceptre qui sera confié au chef d’expédition, d’une quarantaine de pièces d’or en carton et de trois énormes figurines. Celles-ci ne passeront pas inaperçues tant leur taille paraît disproportionnée par rapport à leur utilité : la figurine Expédition se devait d’être imposante afin de marquer clairement la position du groupe ; a contrario, celles représentant Bigfoot et le Léviathan auront tendance à nuire à la lisibilité du plateau de jeu. Néanmoins, la sculpture est fine et la réalisation remarquable ; nul ne résistera à l’envie de les manipuler.

D’autre part, la rédaction des règles est relativement claire et bien organisée. Les aides de jeu viendront vous soutenir face à l’abondance de cartes aux effets divers et variés. On regrettera seulement l’absence de classement alphabétique sur la page consacrée aux cartes Destinée. Les noms des sites n’étant pas forcément simples à retenir, ce genre de classement eut été sans doute plus commode.

 

ENCHERES ET CONTRE TOUS

Le système de jeu est relativement simple à appréhender et son but est encore plus aisé à saisir : avoir le plus haut score à la fin du 16ème tour de jeu. Les points seront calculés en fonction du nombre de pièces d’or que vous aurez encore en votre possession, de la valeur totale des trésors et malédictions  posés devant vous au cours de la partie, des objectifs remplis et mentionnés sur vos cartes Destinée.

Chacun reçoit dix pièces d’or au début de la partie. Ce sera là votre seule pécule tout au long de l’aventure. La particularité de Isla Dorada réside dans le fait que les joueurs se déplacent, ensemble, vers une destination commune désignée par le vainqueur d’une enchère.

Un tour de jeu se déroule de la façon suivante :

- Enchère : chaque joueur peut proposer une destination en partant du lieu où se trouve la figurine Expédition. Pour cela, les participants vont enchérir par le biais de cartes Aventure correspondant au chemin tracé sur le plateau de jeu. Par exemple, les cartes Yak servent à payer un déplacement sur une piste marron (montagne). Le gagnant de l’enchère devient alors le chef d’expédition.

Les cartes Aventure permettant d'enchérir

- Déplacement : la figurine Expédition et un pion Exploration sont placés sur le site de destination.

- Malédiction : si un joueur a en main une carte Malédiction indiquant le site sur lequel se trouve la figurine Expédition, il doit la jouer en la plaçant devant lui.

Cartes Malédiction, Destinée et Trésor

- Trouver les trésors : de la même manière, les joueurs ayant en main une ou plusieurs cartes Trésor indiquant le lieu de destination peuvent les placer devant eux.

- Contact radio : aux 4ème et 9ème tours, les joueurs reçoivent de nouvelles cartes Trésor.

- Pioche de cartes Aventure : une par joueur en commençant par le chef d’expédition et au choix parmi les 4 cartes face visible ou en sollicitant la pioche face cachée. Pour une pièce d’or, il vous sera possible de tirer une carte supplémentaire.

Quelques cartes spéciales

La partie s’achève dès que le 16ème pion Exploration est placé sur un site. On procède alors au décompte final.

 

ENTRE « MORTELLE RANDONNEE » ET « GORILLES DANS LA BRUME »

Isla Dorada est un jeu très tape-à-l’œil. Son esthétisme très travaillé et fort à propos attirera inévitablement les regards. De même, le thème « pulp » développé par ce jeu intéressera un large public friand d’univers hauts en couleur.

Néanmoins, la durée des parties demeure un tantinet longue pour s’adresser à un public familial ou néophyte. En effet, l’heure et demi sera allègrement dépassée à partir de quatre participants. Sur cela, un sentiment de frustration, lié au manque de contrôle des joueurs sur l’évolution de la partie, risque de faire son apparition. En effet, chacun aura l’impression de réussir un coup malgré lui. Il faut le savoir : dans Isla Dorada, on ne maîtrise pas tout. Cet aspect pourrait être considéré comme positif si seulement certains joueurs n’avaient pas l’impression d’être mis à l’écart à cause d’une main de cartes Aventure moins étoffée que celle de leurs adversaires.

D’autre part, l’auteur s’inspire, et ne s’en cache pas, de mécanismes développés par certains de ses camarades. On notera la forte influence de Elfenland et de son extension Elfengold d’Alan R. Moon, célèbre pour être l’auteur du best seller ludique : Les Aventuriers du Rail. Bruno Faidutti emprunte également le principe de déplacement commun  à Ulysses d’Andrea Angiolino et Piergiorgio Paglia. Non pas qu’il soit malvenu de s’inspirer de système de jeu ayant fait leurs preuves, mais dans le cas de Isla Dorada, le « ciment ludique » a du mal à prendre : les cartes spéciales sont trop nombreuses et parfois très puissantes (cartes Samedi et Panda) ; les cartes Malédiction n’ont pas toutes la même valeur ce qui peut instaurer un sentiment d’injustice lors de la révélation de celles-ci ; enfin les cartes Destinée proposent des objectifs parfois déséquilibrés en termes de rentabilité et de difficulté dans leur réalisation.

La configuration de jeu idéale paraît être celle réunissant trois participants. Dans ce cas de figure, le sentiment de contrôle sur la partie sera renforcé. Evidemment, plus les joueurs seront nombreux plus l’incertitude de la destination finale sera pesante. L’interaction est omniprésente dans la mesure où chaque agissement de l’un des joueurs aura des effets sur les autres : difficile d’établir un plan de vol lorsque cinq de vos camarades viennent vous mettre des bâtons dans les roues. En cela, la variante proposée à la fin du livret de règles est plutôt intéressante : lors de la phase d’enchère, les joueurs peuvent soutenir l’enchère d’un adversaire ayant désigné une destination attrayante pour eux. Voilà un moyen de contrôle supplémentaire qui aurait mérité d’être intégré aux règles de base.

Finalement, si vous remportez une partie de Isla Dorada, vous aurez du mal à vous expliquer le pourquoi du comment. Non pas que la victoire soit le but de tout loisir ludique, bien au contraire. Mais il est parfois intéressant de revenir sur ses pas afin d’examiner le déroulement de votre partie. Isla Dorada est, avant tout, un jeu d’opportuniste au sens absolu du terme. Aucune partie ne ressemblera à une autre, ce qui peut être perçu comme un atout en ce qui concerne le renouvellement du jeu.

La conclusion de à propos du Jeu de société : Isla Dorada [2011]

Auteur Benoît F.
50

A première vue, Isla Dorada a bénéficié d’un travail éditorial de grande qualité. Funforge et Fantasy Flight Games peuvent être fiers de leur produit. Cependant, les mécanismes de jeu souffrent d’un certain manque d’originalité tout en distillant la sensation de subir le jeu. Cela ne fait pas de Isla Dorada un mauvais jeu mais tout laisse à penser qu’il aura du mal à trouver son public. En cela Pony Express, édité précédemment par Funforge, était beaucoup plus abouti.

On a aimé

  • La qualité du matériel
  • Les illustrations
  • Le déplacement commun du groupe

On a moins bien aimé

  • La sensation de subir le jeu
  • Des déséquilibres au niveau des cartes Malédiction et Destinée
  • Long et rébarbatif

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