Critique Le Fléau des Morts #1 [2010]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 2 février 2011 à 23h53
Rage zombie
Le soldat leva les yeux vers lui. Puis il les écarquilla. Barker vit son expression et se retourna aussitôt. Il se retrouva nez à nez avec un porteur. Il leva son fusil, mais l'infesté se révéla trop rapide. Il lui bondit dessus, le poussa en arrière et enfonça ses dents dans son visage. Barker poussa un cri et sentit son propre sang couler dans sa bouche. Il parvint à positionner le canon de son arme sous le menton du porteur, puis ouvrit le feu. Le dessus du crâne explosa et une pluie de cervelle retomba sur le sol derrière lui...
Le fléau des morts est le premier tome d'une série de romans baptisée Le Virus Morningstar, un cycle qui restera hélas inachevé car Zachary Allan Recht, son auteur, est décédé alors qu'il était en pleine écriture du troisième opus (le romancier n'était âgé que de 26 ans!). Comme World War Z et bien d'autres oeuvres de ce type, Le fléau des morts pose son intrigue dans un univers apocalyptique où l'humanité voit son existence mise en péril par une invasion de "morts-vivants". Ici, c'est un virus originaire d'Afrique qui est responsable de la situation. Il ne tue pas les malades mais les transforme en porteurs, des fous furieux gonflés d'adrénaline qui sont dangereux non seulement en raison leur agressivité mais aussi par leurs propriétés contagieuses. Mais ce n'est pas tout. S'ils sont tués, les porteurs reviennent d'entre les morts sous la forme de véritables zombies, des cadavres ambulants et voraces dont le seul point vulnérable est le cerveau. Les porteurs appartenant au premier type sont désignés sous le terme de coureurs, ceux du second type sont nommés les rampants... et les survivants vont avoir à lutter avec ces deux types de contaminés. Vous l'avez compris, faisant preuve d’astuce, Z.A. Recht réunit en un seul récit les deux tendances actuelles: les zombies classiques à la George A. Romero, titubants mais increvables, et les bêtes fauves enragées de 28 jours plus tard.
D'une plume simple et efficace, typiquement anglo-saxonne (la traduction est de lecture agréable mais l'édition souffre hélas de nombreuses coquilles), l'auteur nous expose donc, à travers les témoignages de plusieurs groupes de personnages, les différentes étapes de cette terrible pandémie. Ainsi, la première partie de l'histoire se déroule principalement en Afrique, tout d'abord au Kenya, où le virus est identifié pour la première fois, puis en Egypte, où l'armée américaine a construit une barrière destinée à mettre en quarantaine le continent africain. On y fait la connaissance de l'aiguilleur du ciel Mbutu Ngasy, du général Francis Sherman, du photographe Denton, de l'infirmière Rebecca Hall, du soldat Brewster, des personnages qui, au fil des pages, finiront par s'affirmer et devenir très attachants. En même temps, Recht consacre une partie du récit à nous exposer, avec un esprit étonnamment critique, la réaction des autorités américaines qui jouent la carte de la désinformation, en recourant même à des méthodes illégales pour museler les médias. On y voit ainsi la journaliste Julie Ortiz, qui refuse de citer ses sources, séquestrée et molestée par des agents de la NSA.
Dans ce que l'on pourrait appeler la deuxième partie, on accompagne dans leurs périples deux groupes de survivants. Le plus important (en nombre) est composé des rescapés du corps expéditionnaire américain écrasé à Suez et de quelques réfugiés africains ramassés en route. Après leur évacuation sur un destroyer, ils effectuent un long voyage de retour vers les USA avant d'essayer de survivre dans une Amérique au décor post-apocalyptique. Le deuxième groupe, seulement trois personnes (un agent gouvernemental, la journaliste Ortiz, une virologue de l'armée), tente de sortir de la zone contaminée de Washington D.C. en évitant à la fois les porteurs et les agents du gouvernements qui sont à leur poursuite. Là encore, le romancier fait preuve d'habileté en nous exposant la réaction de deux entités de nature très différentes tout en multipliant les théâtres d’opération (le huis clos de l'USS Ramage, l'horreur rurale de Hyattsburg, le survival urbain de Washington). Les deux trames sont très fournies en situations tendues et l'action est très souvent au rendez-vous via de violents affrontements riches en descriptions gore. Les effectifs du premier groupe fondent à vue d'oeil, étant donné qu'ils ne peuvent opposer à des marées de zombies que quelques fusils d'assaut et des armes de poing, et que les munitions sont presque épuisées. Il est d'ailleurs amusant de noter que, roman américain oblige, aucun protagoniste de l'intrigue ne montre une quelconque réticence lorsqu'il s'agit d'user d'armes à feu (quelques détails nous laissent même entendre que Recht est un farouche partisan de la possession d'armes à feu). Les attaques de porteurs sont très bien retranscrites, avec des passages s'incrivant bien dans la lignée des films du genre, et l'auteur nous fait bien ressentir l'impuissance de l'homme a éviter sa destruction, comme lors de ce chapitre où des vagues de contaminées se jettent sur les fortifications américaines de Suez, de solides lignes défensives qui finissent cependant par crouler sous la poussée de dizaine de milliers de porteurs.
Pour ce qui est de l'intrigue en elle-même, il est certain que tout cela ne révolutionne pas le genre et que chaque passage rappellera au lecteur tel ou tel film, comic book ou roman. Recht n'invente rien, il se contente de recycler mais il le fait avec efficacité, à défaut de finesse (force est de dire que la peu subtile atmosphère militariste dégagée par le texte pourra gêner les lecteurs les plus exigeants). Au final, même s'il ne manque pas de clichés, l'ensemble est bien ficelé, l'héroïsme est souvent au rendez-vous et le récit reste en permanence très accrocheur, ce qui est essentiel pour rendre digne d'intérêt ce type de littérature populaire. Autre aspect notable, Recht s'attache nous familiariser avec chaque personnage, quand bien même il a décidé de le tuer au chapitre suivant. Cela à pour effet de donner du volume à toutes les situations et, encore plus important, entretient une incertitude génitrice de suspense, aucun personnage n'apparaissant comme invulnérable... hormis quelques uns, qui semblent sortir du lot. En effet, malgré cette volonté à vouloir attribuer à chaque protagoniste un considérable rôle à jouer dans l'enchaînement des évènements, Recht ne peut résister au désir de rendre plus remarquable certains d'entre eux, comme le général Sherman, un personnage vraiment attachant mais à l'aspect paternel un peu trop idéalisé. Cela met en évidence le jeune age de l'auteur, 23 ans, au moment où il rédigeait ce roman. On retrouve aussi cette naïveté dans les personnages féminins, qui bénéficient de portraits très flatteurs. Rebecca Hall, Julie Ortiz et le colonel Anna Demillio sont des femmes volontaires, dégourdies et très courageuses. Mais bon, pourquoi pas ?
La conclusion de Nicolas L. à propos du Roman : Le Fléau des Morts #1 [2010]
Bon, c'est vrai, Le fléau des morts n'est pas une oeuvre qui révolutionne le petit monde des zombie stories. Il n'en est pas pour autant inintéressant. En fait, ce roman de Z.A. Recht est un parfait exemple de ce que se doit d'être la littérature de genre, avec un récit accrocheur et bien ficelé, riche en passages mouvementés et horrifiques. Certes, on pourra reprocher à l'intrigue un manque d'originalité et au romancier de surfer sans grande finesse sur la mode zombie (quoiqu'en 2006, il était l'un des premiers à le faire), mais, franchement, il serait dommage de bouder juste pour cette raison ce très divertissant roman d'action horrifique.
On a aimé
- Une intrigue bien ficelée
- Les deux types de porteurs
- Un récit riche en péripéties
- Un aspect gore affirmée
- Des personnages intéressants
On a moins bien aimé
- Ne révolutionne pas le genre
Spectaculaire mais fort en clichés - Un style peu remarquable
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