Critique Carnage en haute mer [2010]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 11 février 2011 à 17h55

L’invasion des hommes-lamproies venus de nulle part

"Cela ressemblait à une lamproie, tu sais, ces poissons venimeux, avec leurs étranges boursoufflures sur la tête, qui paralysent leurs proies en projetant sur elles un venin!", dit un jeune pécheur à sa copine après avoir été mordu par l'un des monstres de Carnage en haute mer. Oui, bon, sauf que sa définition de la lamproie est assez fantaisiste, que l'agression se déroulait dans un bois, que la créature ne présentait absolument aucune boursoufflure sur la tête et qu'en guise de nageoires et d'une longue queue, elle possédait deux bras et deux jambes. De là à dire que le jeune homme avait abusé de certaines substances hallucinogènes, il n'y a qu'un pas que, par respect dû aux parents, nous ne franchirons pas...

D'ailleurs, qu'est-ce qu'il foutait dans cette forêt, hein? Ben, il cherchait simplement du bois pour alimenter un joli feu de cheminée, histoire de profiter à fond d'un week-end qui se voulait romantique. Deux jeunes couples en explosion hormonale, secrètement retirés dans un bungalow cosy, sur une petite île déserte, tout cela est prometteur, à la condition de ne pas oublier ses préservatifs au port et ne pas être importuné par des monstres amphibiens et arboricoles. Pas de bol, c'est exactement ce qu'il va se passer. Pour les monstres, hein, car pour les préservatifs, on ne le saura jamais, les pauvres n'ayant même pas eu le temps de descendre leurs braguettes. Bref, voilà nos deux tourtereaux (le couple black s'est rapidement fait becqueter) piégés sur une île (car ces monstres sont cons comme des pageots mais ils ont tout de même pensé à leur piquer leur bateau) fourmillant de créatures anthropophages bondissantes. Heureusement pour sa survie, la jeune fille est une experte dans l'usage peu orthodoxe du harpon juxtaposé à canon court et possède un tempérament berserk.

Sur le continent, où réside le gentil papa de la jeune fille citée plus haut, la situation n'est guère meilleure. Et le problème est nettement plus grave que les récentes mauvaises pèches, les factures impayées qui s'accumulent ou ce vieux marin ivrogne qui fait chier son monde. Certaines des créatures ont en effet décidé de faire du coin leur terrain de jeu, utilisant leurs capacités de camouflage pour se la péter Predator et sauter sur des rednecks ahuris qui vident leurs chargeurs au moindre bruissement de feuilles. Ensuite, usant de leur salive ou de leur langue préhensile (ou des deux) pour immobiliser leurs victimes, elles les dévorent entièrement, ne laissant sur place que tripes et boyaux, histoire de faire gerber le pauvre gus qui tombera immanquablement sur la scène quelques minutes plus tard. Et c'est là que l'ex Parker Lewis (qui ne perd jamais, souvenez-vous en) intervient! Aidé d'une spécialiste en biologie marine, le papa va donc se dresser contre cette invasion, en tentant tout d'abord d'empêcher la destruction de la petite communauté de Cedar Bay (qui est bien discrète, ils ont fuit ou quoi?) puis en se rendant sur l'île pour y sauver sa fille... et, par la même occasion, détruire le nid de ces monstres.

Il faut l'avouer, Carnage en haute mer (titre français absolument stupide puisque l'action ne se déroule jamais en haute mer mais sur la terre ferme) est un nanar assez poilant. Récupérant tous les clichés du genre, le scénario de ce téléfilm réalisé par Paul Ziller (un spécialiste du nawak fauché avec notamment un désopilant Yéti) est un mélange hétéroclite, à l'aspect débile complètement assumé, de Predator, Les Dents de la Mer, L'Etrange Creature du lac noir (pour le design des monstres), Aliens, le retour et bon nombre de métrages mettant en scène des invasions de mutants aquatiques en liberté ou d'insectes géants génétiquement modifiés. Dans ces conditions, vous vous doutez bien que ce n'est pas l'originalité du script qui peut faire la force du film mais plutôt la manière foutraque dont il devra être mis en scène. Et là, bingo! Car force est de dire que Paul Ziller fait très fort dans le domaine du n'importe quoi, que cela soit dans l'absence de direction d'acteur (Corin Nemec, en total free style, cigare au bec et cheveux au vent, est absolument ridicule et absolument pas crédible dans sa panoplie de loup de mer) ou dans la succession de séquences d'action toutes aussi crétines les unes que les autres.

Egalement très fort; on ne saura jamais d'où ces monstres viennent. Le scénariste ne s'est même pas donné la peine de nous fournir une explication. La biologiste (interprétée par Camille Sullivan; Tornade de glace, Goblin) nous parle un moment d'algues tueuses et d'abysses sous-marins. Elle parle aussi de tsunami, de cuisine créole, de tas de choses, je ne sais plus; en fait, plutôt que prêter attention à ses propos, j'ai préféré admirer ses jolies fesses, plutôt bien mises en valeur (dans un short puis dans une combinaison de plongée). Pour elle, une seule chose est sûre, c'est monstres amphibiens viennent des profondeurs aquatiques. On la croit sur parole, d'autant plus qu'une plongée effectuée au large permette de découvrir les restes d'un œuf éclos. Donc, tout colle jusqu'à ce que l'on découvre que cette espèce... pond ses œufs sur terre (plus précisément dans une vieille épave échouée). Là, on ne comprend plus rien. WTF! diraient les djeuns.  Mais bon, peu importe, on finit par se faire une raison car, de toute manière, le métrage accumule les incohérences et l'on en est plus à une près. La pire étant peut-être que personne ne songe, une fois la situation complètement dégradée et l'autorité locale dépecée, à faire appel à une aide extérieure, comme le FBI, la Garde Nationale ou le service d'Immigration.

Par contre, on ne va pas se plaindre d'une autre accumulation: celle d'effets gore très rigolos. En effet, ces monstres sortis d'on ne sait d'où se nourrissent assez salement, principalement par grosses bouchées goulues. C'est vrai, au début du film, l'on est un peu inquiet lorsque l'on voit deux agressions traitées en hors cadre. On se dit:"merde, qu'est-ce qu'il nous fait le père Ziller?  Puis, cela s'arrange avec, au programme, des multiples éventrations, un shérif coupé en deux et surtout, une superbe décapitation en plan large qui a fait briller mes yeux d'amateurs d'effets Grand-Guignol approximatifs. Franchement, pour un téléfilm Cinetel destiné à une programmation Syfy, Carnage en haute mer fait dans le registre du gore (fauché) bien plus que le minimum syndical. Même constat en ce qui concerne les créatures modélisées en CGI, que l'on voit beaucoup (sauf quand elles sont "transparentes"). Leur évidente perfectibilité n'empêche pas qu'elles sont plutôt bien foutues et incrustées dans l'image de manière convenable (comme dans la séquence où nombre d'entre elles prennent d'assaut le bungalow).

La conclusion de à propos du Téléfilm : Carnage en haute mer [2010]

Auteur Nicolas L.
40

Carnage en haute mer est un nanar. Pas le plus réjouissant des nanars, cela manque trop de nichons et d’esprit potache pour ce faire, mais pas le plus déplaisant non plus. On a donc droit à un scénario débile, interprété par des comédiens en total free style et une réalisation mettant en avant des monstres improbables, perfectibles mais rigolos. Les amateurs apprécieront, les gens normaux désespèreront.

On a aimé

  • Un nanar divertissant
  • Techniquement limité mais pas calamiteux
  • Des monstres improbables mais rigolos

On a moins bien aimé

  • Un scénario débile
  • Des acteurs en free style
  • Ni suspens, ni tension
  • Des effets spéciaux perfectibles

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