Critique Detective Dee et le mystère de la flamme fantôme [2011]

En l’an 690, durant l’ascension de l’impératrice Wu ZeTian, alors que sa cérémonie du couronnement se prépare, de mystérieuses morts surviennent et mettent en péril son intronisation. L’impératrice, se sentant menacée, décide alors de faire appel au juge Ti, un super détective karateka, qui séjourne depuis huit ans en prison pour insolence et insubordination…

Autour des origines et de l'histoire.

Detective Dee est issu de l'imagination de l'écrivain néerlandais Robert van Gulik dont plusieurs romans content les aventures du Juge Ti. Ce personnage littéraire est lui-même inspiré de Di Renjie qui officiait comme chancelier à l'époque de l'impératrice Wu ZeTian.

Tsui Hark, réalisateur du mémorable « il était une fois en chine », avec un personnage tel que le Juge Li a trouvé ici matière à une belle franchise, à la condition, bien sûr, que le succès soit au rendez-vous. Cet enquêteur chinois fait bien entendu penser au personnage de Sherlock Holmes. En effet ce dernier semble partager avec le personnage de Sir Arthur Conan Doyle, ou encore avec Charlie Chan, un célèbre détective de serial dans les années 30,  l'art de l'intelligence et de la déduction, ainsi qu’une remarquable mémoire. Il faudra cependant ici y ajouter l'art de la souplesse et du combat, un mariage efficace pour un récit se situant, qui plus est, dans une période fascinante de l'histoire de Chine.

Tous les éléments sont donc posés pour permettre à Tsui Hark de livrer un grand film d'aventure, du moins si l'exercice d'adaptation cinématographique se trouve réussi. Le scénariste Chia-Lu Chang semble cependant ne pas s'être inspiré d'un des romans en particulier. En effet, bien que n'ayant lu aucun des romans (mais juste leurs résumés), aucune trame ne semble présenter une intrigue vraiment similaire. Le scénariste semble donc s'être surtout focalisé sur le personnage lui-même et la situation politique de cette période qui a la particularité de voir, pour la première et seule fois, une femme gouverner la Chine. Chia-Lu Chang nous propose donc de suivre une intrigue qui oscille entre complot politique, meurtres étranges, magie et légendes chinoises. Tout cela entremêlé de séquences d'action collant à la pure tradition du « Wu Xia Pian (film de sabre) ». De ce point de vue, pour l’amateur, il serait indélicat de faire la fine bouche, tout étant fait pour séduire le spectateur en quête de dépaysements et de rebondissements.

Un aspect technique soigné malgré quelques failles !

Dernièrement, Tsui Hark nous a un peu déçu - il faut dire que le réalisateur avait mis la barre très haute avec des films comme The Blade, le syndicat du crime 3 ou encore les deux premiers volets de Il était une fois en chine - on est content de le voir revenir à une réalisation qui, sans atteindre les réussites précédemment citées, rappelle combien il peut se montrer efficace. La caméra virevolte de manière harmonieuse, les séquences d'actions se montrent dantesques et très lisibles, et il arrive à entretenir du dynamisme et du rythme même lors des séquences plus dialoguées.

Parmi les autres qualités visuelles on appréciera particulièrement les décors du film, et les matte painting qui sont par moment vraiment très impressionnants et qui n’ont rien à envier aux travaux des grosses machines hollywoodiennes. Les décors, les environnements sont même si fascinants qu'on aimerait en voir plus.

Mais voilà, nul n'est parfait, et Detective Dee souffre de fortes irrégularités au niveau de certain CGI, comme lors d'une séquence dans laquelle notre héros affronte des cerfs entièrement conçus en image de synthèse, filmée certes de manière remarquable, mais aux effets spéciaux hautement décelables qui en viennent à gâcher la chorégraphie, pourtant exemplaire, de l'ensemble. On regrettera aussi quelque ellipses assez étranges, en particulier lors d’un passage - essentiel à la compréhension du déroulement - dans lequel il semble manquer des plans, voire une séquence entière. Un aspect d'autant plus gênant dans la mesure où ce passage est sensé introduire un élément tragique.

Le casting.

Du côté du casting il y a peu de chose à mettre réellement en avant, ni trop à décrier, d’ailleurs. Les acteurs, en particulier la star asiatique Andy Lau, se contentent de faire leur travail sans pour autant dégager quelques choses qui élèveraient leur interprétation à un niveau supérieur. Tout ce beau monde ne semble pas s'ennuyer, se démène même plutôt bien lors des séquences demandant des prouesses physiques, mais on ne peut s'empêcher de penser qu'ils n'y voient pas là le rôle de leur vie et offrent le minimum syndical en la matière.