Critique Balada Triste [2011]

Avis critique rédigé par Richard B. le mardi 17 mai 2011 à 08h29

 Guerre et passions chez Iglesia

En 1937, durant la guerre civile espagnole, un clown se trouve enrôlé de force dans l’armée. Bien qu'il combatte avec courage, il finit par être emprisonné, puis tué le jour même où son fils, Javier, avait fomenté son évasion. Des années plus tard, sous le régime de Franco, Javier est toujours décidé à suivre la voie de son père en devenant un clown triste. Engagé dans un cirque, Javier va très vite tomber sous le charme de la divine Natalia, trapéziste et compagne de Sergio, le clown joyeux de la troupe. Petit à petit, une rivalité commence à s'installer entre les deux hommes, d'autant que Sergio se révèle être au quotidien un homme très violent.

Lorsque l'on va voir un film d'Álex De La Iglesia, mieux vaut être averti que le mot conformisme n’est pas dans son vocabulaire. Poussé par une véritable passion pour le cinéma et toute la palette d'émotions que ce dernier peut amener, Álex De La Iglesia n'hésite pas à les mélanger même si certaines pourraient paraître incompatibles. Si son précédent et très réussi, "Crimes à Oxford", bien que formant un cocktail évident de thriller, de comédie et de sensualité, pouvait paraître comme son film le moins démesuré (ce qui était le cas), Álex De La Iglesia ne s'est pas pour autant assagi et il le prouve en grande largeur avec "Balada triste de trompeta".

Image Balada triste 1

Bien qu'étant un grand mélange de diverses thématiques, "Balada triste de trompeta" est malgré tout construit en deux parties bien distinctes. Le début se pose comme un film historique traitant toute une période tragique de l'histoire espagnole dans lequel sont glissés un drame familial et une compétition amoureuse autour d'une femme séduisante, indécise, battue et manipulatrice. Dans ce même segment, on trouvera à la fois une certaine dose d'humour bonne enfant, du romantisme, de la tristesse, et une certaine description de ce que pouvaient être la vie des gens du cirque à cette époque. Álex De La Iglesia prend son temps pour tout installer et sa caméra est maîtrisée, souple et ne se hasarde que rarement dans les excès visuels.

La seconde partie sombre quant à elle dans une folie totale, l'humour devient plus sombre, le tragique s’efface pour laisser place à la brutalité, voire la violence. Tous les personnages deviennent excessifs dans leurs actes, et on a l'impression de suivre une bataille infernale entre deux monstres (qui le sont devenus sur le fond comme sur la forme) n'hésitant pas à entraîner de nombreux dommages collatéraux dans leur conflit. Pour souligner ce revirement, Álex De La Iglesia fait semblant de perdre le contrôle de sa caméra, celle-ci se mettant à virevolter, avec un déchaînement dans les cadrages.

Image Balada triste 2

Le ton et la forme changent ainsi complètement, ce qui aura pour conséquence de déstabiliser et abandonner sur place quelques spectateurs, c'est aussi se qui séduira les autres, et encouragera même leur respect. "Balada triste de trompeta" se montre riche par la multitude de ses thématiques et dans sa façon d'aborder une mise en scène personnelle, peu conventionnelle, ne donnant ainsi pas l'impression de suivre un produit formaté, car il ne l'est pas. On reprochera tout de même au réalisateur et à son monteur de n'avoir pas totalement su maintenir le rythme, et si on savoure ce qui nous est proposé, l'attention décroche de temps à autre en raison de quelques scènes plus longues que ce qu’elles devraient être ou pas forcément essentielles à l'intrigue.

"Balada triste de trompeta"  aurait cependant pu tomber très vite dans le ridicule sans un casting solide, et force est ici de constater que le choix des acteurs est un sans-faute! En premier lieu, Carolina Bang est merveilleuse et a tout de la muse destructrice, peut-être manipulatrice, mais sans pour autant dénuée d'émotions et de bonté. Au final le meilleur des compliments serait de dire que Carolina Bang  interprète une "créature" que Hitchcock lui-même n'aurait pas reniée. Carlos Areces et Antonio de la Torre sont quant à eux les parfaites victimes et tortionnaires de la belle. Il fallait deux hommes aux profils physiques et psychologiques bien différents mais capables de se rejoindre dans une certaine folie et dans la maîtrise du faux-semblant. De La Iglesia les a de toute évidence trouvés, et les deux acteurs peuvent ainsi s'amuser dans un panel varié de sentiments et de comportements.

La conclusion de à propos du Film : Balada Triste [2011]

Auteur Richard B.
65

"Balada triste de trompeta" ne ressemble à aucun autre film et mélange toutes sortes de genres. Il abandonnera certainement quelques spectateurs sur le coté de la route (qui pourront lui trouver un manque de rythme ou un côté trop bordélique), les autres apprécieront un film non consensuel dans lequel l'humour et la tristesse ne sont jamais très loin. Certes pas totalement parfait dans son exercice,  "Balada triste de trompeta" est si riche dans ses personnages, son histoire et sa réalisation qu'il mérite au minimum votre curiosité, au mieux votre admiration.

On a aimé

  • une très bonne maîtrise de la caméra,
  • une histoire et des personnages riches,
  • Une forte personnalité.

On a moins bien aimé

  • Quelques problèmes de rythme,
  • le mélange des genres pourra déplaire à certain.

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