Critique Banana Motherfucker [2011]
Avis critique rédigé par Jonathan C. le jeudi 1 décembre 2011 à 21h40
L'Enfer des bananes
Après avoir vu Banana Motherfucker, vous ne verrez plus les bananes du même œil. Découvert dans la sélection internationale du PIFFF, ce court métrage porte délicieusement bien son titre plein de promesses. Le studio portugais Clones nous avait déjà offert les délirants Papa Wrestling (ou quand un catcheur mexicain massacre une bande de gamins pour avoir martyrisé son fils) et l'imprononçable Blarghaaahrgarg (ou quand un dératisateur est attaqué dans son appartement par un monstre glouton, sorte de Jabba The Hut sans yeux mais avec des dents), tout deux réalisé par Fernando Alle. Avec Banana Motherfucker, réalisé par Pedro Florencio (qui était déjà sur Blarghaaahrgarg), ils restent dans les inspirations du cinéma bis et de la série Z (films de catcheurs mexicains, films de monstres, films de zombies…), toujours dans le gore craspec-kitsch et dans l'irruption d’une absurdité meurtrière au sein du quotidien. Ou comment faire du comique gore de qualité avec trois fois rien et beaucoup d'imagination. Banana Motherfucker vient rappeler que ce qui fait aussi un bon court métrage, c'est sa simplicité. Il n'y a pas le temps pour développer une histoire, mais il y a le temps de mettre en scène une idée. Et une seule bonne idée suffit déjà amplement à faire un court métrage efficace ET intelligent. Bien que pas spécialement profond ou passionnant (c'est peu de le dire), Banana Motherfucker a le mérite de s'en tenir uniquement à son idée du début à la fin et à en exploiter, en crescendo, tous les ressorts comiques.
Dans l’esprit du jouissif Treevenge de Jason Eisener (Hobo With a Shotgun), court métrage culte dans lequel des sapins de Noël se rebellaient contre les humains (ça finissait sur un carnage d'anthologie), Banana Motherfucker suit une invasion dévastatrice de bananes tueuses, de leur jungle d’origine (dans laquelle un réalisateur excentrique et son équipe sont venus chercher « la véritable horreur », en français dans le texte, et réveillent ainsi un Mal mystérieux) jusque dans le monde entier. Comme les sapins de Treevenge, les bananes peuvent enfin se venger des humains. Avec un pitch aussi rocambolesque (quoique inspiré d'une rumeur : des bananes en provenance du Costa Rica étaient contaminées par une maladie effrayante, la fasciite nécrosante ou "mangeuse de chair"), qui n'est pas sans rappeler la farce du Retour des tomates tueuses, Pedro Florencio ne se prend évidemment pas au sérieux et joue la carte du gore cheap (hommage à Bruno Mattei et au bis rital, que ce soit dans la jungle ou dans la ville), de la violence hystérique (ça charcute et ça hurle), de l’amateurisme potache (avec acteurs mauvais mais à fond dans le trip, cf. le réalisateur fou qui parle en franco-portugais), du gag craignos (la banane dans le cul : culte !) et du pastiche clin d’œil (des scènes célèbres des Les Dents de la Mer, Cannibal Holocaust, Indiana Jones, Apocalypse Now, Evil Dead, Freddy - Les griffes de la nuit, les films de Romero et autres films de contagion sont revisitées à la sauce bananes tueuses), et c’est quand on croit que c’est fini (l’hilarant carnage dans la jungle) que ça repart de plus belle dans le n’importe quoi (la contamination en ville). Difficile de s’ennuyer pendant ces 15 minutes de joyeux massacre bananier.
Comme les deux précédents courts métrages tout aussi fauchés de chez Clones, ça a toujours l'air tourné à l'arrache (ce qui renforce les références bis et Z), d'ailleurs ça l'est (formellement c'est aussi limité que Blarghaaahrgarg et Papa Wrestling, c'est juste plus ambitieux dans le fond), mais c'est débordant d'imagination gonzo, très généreux en sang rouge vif, en effets trash (la tête écrasée, les membres tranchés, les yeux exorbités, la banane plantée dans l’œil...que du bonheur !) et en mises à mort cartoonesques (se faire poignarder par des bananes, c'est pas courant au cinéma), rappelant le Bad Taste de Peter Jackson ou le fabuleux Bagman, en tout de même plus modéré (difficile de faire pire que Bagman en court métrage de gore fauché mais ultra-généreux). Aussi rudimentaires et artisanaux soient-ils, les trucages donnent la vie à ces bananes voraces, rapides, agiles et fourbes mais aussi la mort à leurs nombreuses victimes humaines. L'accumulation rigolarde de morts dans la deuxième partie (ou il n'y a plus du tout d'histoire, juste un carnage à grande échelle), comme si chaque habitant de la ville s'était prêté au jeu, dégage une vraie folie (la race humain décimée et dominée par les bananes) et en même temps une bonne humeur communicative (on aurait presque envie de s'y mettre). Le style caméra portée est très adapté à ce chaos burlesque et à la série Z. Il faut avoir la culture nanar dans le sang pour prendre son pied devant Banana Motherfucker, comme son titre peut d'ailleurs l'indiquer. A découvrir dés que possible.
Visionnez le teaser de Banana Motherfucker, qui annonce la couleur (jaune et rouge) : TRAILER BANANA MOTHERFUCKER
En attendant, vous pouvez toujours vous (re)plonger dans :
PAPA WRESTLING : (cliquez sur le titre pour ouvrir le lien)
La conclusion de Jonathan C. à propos du Court-Métrage : Banana Motherfucker [2011]
Un quart d’heure d’invasion de bananes et de massacres d'humains dans un déluge d’effets cheap, de gore rudimentaire et de mises à mort délirantes ? C’est Banana Motherfucker, court métrage fauché mais généreux et jouissif qui, dans un style frénétique, surfe sur l’imagerie de la série B et Z mais aussi sur les grands classiques le temps de quelques scènes parodiques. Simple, efficace, très drôle.
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