Critique Enfin la nuit [2011]
Avis critique rédigé par Amaury L. le dimanche 27 mai 2012 à 00h03
Sous un soleil éternellement noir...
« Un instant se passa entre nous deux. Yeux dans les yeux. En temps normal, j'aurais dû la retenir, essayer de la raisonner. Si le temps avait été normal, je me serais précipité pour la retenir au moment où elle se laissa tomber en arrière, vers la falaise artificielle, ses débris de récifs et l'eau en bas qui luisait. Mais je restai là, sans bouger. »
Enfin la nuit est le premier roman d'un jeune auteur nantais qui entre juste dans sa deuxième décennie d'existence. Camille Leboulanger affiche un écriture incroyablement mature et superbement envoûtante tout au long de ce roman d'une violence libérée, d'une humanité qui a perdu son ancrage journalier de son schème référent, jour/nuit. Car la nuit n’existe plus, le soleil durcit la vie de tous, noircit les âmes humaines.
Ce roman sombre dépeint le quotidien arythmique provoquée par la présence de ce jour sans fin d'un flic désabusé qui lutte autant pour sa survie physique que psychologique. Pas de sentimentalisme ou de romantisme surfait, Enfin la nuit est sans compromis, les personnages apprennent à vivre de faibles espoirs en désillusions, en côtoyant constamment la mort, pas sous une forme sereine ou naturelle, mais toujours sous ses aspects les plus repoussants. La barbarie et la gratuité meurtrière emplissent l'histoire de Thomas et de sa jeune protégée, une adolescente de seize ans, sans leur laisser de réels instants de plénitude, de joies faciles.
Enfin la nuit emmène le lecteur dans un road-movie désespéré où toute trace de civilités et standards sociétaux s'effacent progressivement pour libérer une nature humaine effrayante, où un homme bon devient un assassin impitoyable, ou un homme stable perd ses repères et se réfugie dans la folie ou le suicide.
Camille Leboulanger entraîne avec grand talent dans son univers post-apocalyptique décadent et violent, où la lutte et l'entraide gardent quelques résurgences fragiles. On dévore d'une traite tant la trame captive ce roman d'environ deux cents pages surprenant, original et renforcé par une écriture riche et brillante. Une nuit sombrement envoûtante.
« Et un jour, de l'autre côté de la mer, s'échoue un corps, emmailloté d'algues et rongé par le sel. Un corps qui a sauté, qui a dérivé le long du fleuve et qui s'est perdu dans les vagues jusqu'à ce que les choses se passent. Ce n'était qu'une question de temps, après tout. »
La conclusion de Amaury L. à propos du Roman : Enfin la nuit [2011]
Pour un premier roman, Camille Leboulanger, vingt ans affiché, étonne par l'élégance de son écriture et sa facilité à emmener le lecteur dans ce road-movie violent et sans concession. Avec une aisance narratrice étonnante, on suit le périple de Thomas, un flic désabusé, avec émotion et impatience tant Enfin la nuit impose un univers intriguant et sombre. La classe et le talent de Camille Leboulanger devraient rapidement l'imposer comme un des meilleurs auteurs français, tout styles confondus. Une vraie surprise et un vrai régal. Une nuit indispensable !
On a aimé
- Écriture talentueuse.
- Trame captivante.
- Univers intriguant.
- Sans concessions.
On a moins bien aimé
- Roman un peu court
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