Critique Chroniques de Tchernobyl [2012]
Avis critique rédigé par Vincent L. le vendredi 20 juillet 2012 à 13h32
Meurt, pourriture communiste !...
Après avoir offert au septième art ce monument de non-cinéma qu'est Paranormal Activity, Oren Peli ne sera bien malheureusement pas retombé dans l'anonymat. Capitalisant sur la renommée acquise avec son premier long-métrage, Peli se sera depuis reconverti en producteur heureux en proposant des suites à son bébé, tout aussi fauchées et sans intérêt, mais également sacrément rentables. Avec Insidious, on avait commencé à se dire que le bonhomme était passé à quelque chose de plus ambitieux, mais cela était sans compter sur une propension à retourner, avec un opportunisme certain, vers des found footages peu chers à produire et donc faciles à rentabiliser. Les chroniques de Tchernobyl est clairement de cet acabit, s'appuyant sur une idée de base jouant la carte du voyeurisme (envoyer un groupe de personnages sur les lieux de la catastrophe de Tchernobyl) pour proposer un film tentant tant bien que mal d'assurer le spectacle avec du vide.
Parce qu'en effet, Les chroniques de Tchernobyl est un long-métrage basé sur du rien. Passé l'idée de départ, qui consiste à envoyer des touristes américains visiter une cité fantôme frontalière de Tchernobyl, le scénario d'Oren Peli se contente de recycler cette très vieille idée de l'expédition qui tourne mal pour proposer une espèce de melting-pot indigeste, dans lequel il n'aura même pas pris soin de lier les uns aux autres les divers éléments utilisés. Pripyat, la ville où se déroule l'action, est ainsi le repère d'un certain nombre de dangers mortels pour l'homme, au rang desquels ont pourra citer (en vrac) des ours, des chiens sauvages, des poissons mutants, des russes irradiés, des scientifiques fous ou des agents gouvernementaux corrompus. Quelque part, on ne se situe finalement pas si loin de (mauvais) jeux vidéo, les diverses péripéties vécues par les personnages ne manquant pas d'évoquer une progression par niveau dans un Silent Hill du pauvre.
Cette accumulation de poncifs et de clichés, tant liés au format des films d'horreur ("faisons deux groupes de deux !") qu'à la représentation des russes au cinéma ("crève, pourriture communiste !"), a ainsi vite fait de désamorcer tout embryon de suspens et de tension. Tout au long du film, on se trouve ainsi tiraillé entre la franche rigolade (l'attaque des poissons mutants, aussi désopilante qu'inutile !), la consternation (le final, grand moment de bétise aussi nullissime que couru d'avance) et l'agacement face à cette incapacité à donner au film la moindre efficacité formelle (le sujet n'était pourtant pas dénué de potentiel, pour preuve, Alexandre Aja a réussi un bon remake de La colline a des yeux sur une idée tout aussi pourrie). On peut cependant faire ressortir une bonne chose de cet amas : le fait que la plaisanterie soit de courte durée, Les chroniques de Tchernobyl ne durant que quatre-vingt petites minutes.
Sur ce scénario franchement moisi (une constance dans le travail d'Oren Peli), Bradley Parker fait preuve, dans sa mise en scène, d'une absence totale de sens cinématographique. Ancien responsable d'effets visuels parachuté à la tête de ces Chroniques de Tchernobyl, Parker s'avère incapable d'exploiter quoi que ce soit dans son film pour parvenir à créer un semblant d'ambiance. Pourtant, force est de constater qu'il n'aurait pas fallu grand chose pour exploiter ce décorum post-apcalyptique bourré de potentiel ; en lieu et place, Parker préfère filmer les buildings de manière anecdotique (comme s'il tournait un documentaire sur sa cité), et ne prend même pas la peine d'exploiter certains aspects fortement cinégéniques (la grande roue notamment) pour uniquement se consacrer à ce qu'il peut y avoir de plus bas de plafond dans l'histoire racontée. Ainsi, si l'histoire du film s'était déroulée ailleurs, le résultat final aurait été en tout point identique.
On pourrait se dire, a priori, que tout cela est finalement bien normal étant donné que Les chroniques de Tchernobyl est un found footage. Néanmoins, si le film est bel et bien vendu ainsi, il s'avère finalement être un film très traditionnel ; passé une petite introduction de quelques minutes, la mise en scène quitte le camescope pour revenir à des techniques plus classiques, ne partageant avec le found footage que le principe de caméra témoin (on ne voit ni plus, ni moins que les divers personnages). Finalement, outre le fait d'avoir été arnaqué par une campagne promotionnelle mensongère, on se dit finalement que cela n'est pas plus mal : étant donné l'extrême médiocrité de l'ensemble, le fait d'avoir une caméra posée qui ne s'agite pas inutilement en toute circonstance rend le film plus regardable (on n'ose même pas imaginer ce qu'aurait donné ce long-métrage en mode Cloverfield-like).
Au final, s'il n'y a qu'une seule chose à sauver de ce naufrage, ce sont les prestations des comédiens. Certes, ils ne sont pas à proprement parler exceptionnels (difficile d'être bon lorsque les personnages ne sont pas travaillés au delà de leur simple identité), mais ils s'avèrent globalement convaincants dans le peu qu'ils ont à faire. La chose est d'autant plus remarquable lorsque l'on sait que les pauvres ont du improviser tous leurs dialogues (ce qui, objectivement, ne se voit pas tant que ça), et que Oren Peli et Bradley Cooper ne leur ont pas dévoilé tous les tenants et aboutissants du scénario pour pouvoir conserver la spontanéité de leur jeu. Finalement, au delà de la fumisterie du procédé (pourquoi les comédiens ne sont pas crédités comme co-scénaristes puisque les dialogues sont d'eux finalement), force est de constater que cela fonctionne suffisamment bien pour que les acteurs soient crédibles. C'est déjà ça...
La conclusion de Vincent L. à propos du Film : Chroniques de Tchernobyl [2012]
Oren Peli a encore frappé ! Les chroniques de Tchernobyl, son dernier né, est une nouvelle bouse cinématographique à ajouter à une filmographie déjà pas très glorieuse. Boosté par un scénario crétin de bout en bout, exploitant tous les poncifs du genre, réalisé sans une once d'efficacité, le film s'avère au final bien moins qualitatif qu'un grand nombre de direct to video qui, eux, n'ont pas la chance de pouvoir bénéficier d'une sortie cinéma. Pourtant, Les chroniques de Tchernobyl ne mérite clairement pas d'être découvert dans une salle obscure tant il s'avère nul sur la quasi-totalité de ses aspects.
On a aimé
- Des acteurs corrects,
- Un faux found-footage.
On a moins bien aimé
- Aucun rythme, aucun suspens,
- Mise en scène molle,
- Histoire grotesque,
- Decorum sous-exploité,
- Personnages sans intérêt,
- Des clichés, des clichés, encore des clichés.
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