Critique Chimichanga #1 [2013]
Avis critique rédigé par Richard B. le dimanche 31 mars 2013 à 19h31
La Magnifique parade « Freaks » de Powell.
Eric Powell, entre deux aventures du Goon et quelques illustres autres collaborations, décide de s'essayer dans le registre du conte pour la jeunesse et, comme nous l'espérions en découvrant la couverture, l'objet est assez unique dans son domaine...
L'histoire est celle d'une jeune fille prénommée Luna, adorable jeune fille à barbe vivant parmi les gens du cirque itinérant du Père La Ridicule. Un jour, un oiseau vient à déposer un œuf imposant devant la maison d'une sorcière. Luna, qui passait justement non loin de la résidence, accepte d'échanger quelques brins de barbe contre un chariot et l'œuf en question. Alors qu'elle reprend sa route, l'œuf éclot et libère un monstre poilu. Prise dès le départ d'affection pour la créature, elle décide de la prendre sous sa protection et de la baptiser Chimichanga.
Artiste autodidacte et particulièrement talentueux, Eric Powell s’est vu un beau jour abordé par une chaîne de télévision spécialisée dans la programmation jeunesse. Celle-ci lui demanda s'il n'aurait pas quelques idées à soumettre pour un concept de série animée pour enfant. Espérant se faire beaucoup d'argent et étant lui-même père de famille, il accepta la proposition. Mais les premières esquisses tournant autour du Chimichanga ne séduisirent pas la chaîne, trouvant l'univers de l'auteur trop farfelu pour un jeune public. La collaboration s'arrêta donc là. Il se trouve cependant que les enfants de Powell restèrent fascinés par les croquis de leur paternel et exprimèrent le souhait d’en savoir davantage sur la créature. Cédant à la persévérance de son plus jeune fils, il décida alors de transposer le Chimichanga dans une bande dessinée.
Pour autant, à la lecture de l'ouvrage, même si le monstre poilu de Powell possède une forte présence et apparait comme l’élément déclencheur de l'intrigue et que l'album porte son nom, il n'est pas le personnage principal, cette place est plutôt réservée à Luna, la jeune fille à barbe. On l'apprend au fur et à mesure de cette aventure - ainsi que potentiellement d'autres à venir - qu'il s'agit avant toute chose de la sienne. Et l’on ne s’en plaindra pas tant la jeune fille se montre quasiment aussi charismatique que le géant poilu. Puis, chez Powell, que serait le Goon sans Francky ? D’ailleurs, entre parenthèses, si vous ne connaissez pas encore le Goon, vous vous devez de courir immédiatement dans une librairie pour effacer cette lacune. L'auteur aime les duos et mettre en scène des seconds couteaux ne manquant ni de personnalités, ni d'allure, des marginaux ou des "loosers" que l'on aime à croiser régulièrement. Sur ce point, Goon ou Chimichanga fonctionne de la même manière. C'est du pur bonheur, et il faut reconnaître que Powell est un génie lorsqu'il s'agit de créer des personnages.
Dans Chimichanga , le méchant n'est pas un prêtre Zombi, mais le président d'un laboratoire de recherches médicales. Lorsqu'il entrevoit les possibilités d’enrichissement à concevoir un antiflatulent - aux effets particulièrement précaires - tout lui sera bon pour arriver à ses fins. Dans le cas présent, il tente de mettre la main sur Luna, dont la barbe se trouve être l'ingrédient majeur du produit. Certes l'histoire peu paraître un poil caricatural, et surtout on a du mal à entrevoir ce qu'une critique des laboratoires pharmaceutiques peut faire dans un conte destiné aux jeunes, reste que cela engendre des situations complètement farfelues, purement jouissives et surtout capables de faire rire, justement, autant les enfants que les adultes. D'un côté, les gamins prendront du plaisir avec le côté "Crados*1" et l'humour parfois « prout prout » de l'album, et, de l'autre, les adultes se régaleront de quelques répliques savoureuses autour de ses fameux laboratoires et du business tournant autour, ou encore du côté "Freaks*2" de celui-ci.
Visuellement, Powell conserve sa patte cartoon, avec une impression de crayonnée scanné et noirci et accompagné par des couleurs de Dave Stewart, au rendu assez semblable à de l'aquarelle. Le résultat est juste exceptionnel - comme toujours chez cet auteur serais-je tenté de dire - d'autant que la fluidité de mouvement, de lecture et les expressions ne font jamais défaut. En plus, le tout est servi dans une première édition cartonnée avec reliure et un carnet de croquis de 6 pages, agrémenté des commentaires de l'auteur.
*1 Crados : carte à collectionner de personnages aux apparences scabreuses, inspiré de la série américaine "Garbage Pail Kids"
*2 Freaks : film des années 30, dont l'action se déroule dans un cirque qui met en scènes d'étranges personnages possédant quelques anomalies physiques.
La conclusion de Richard B. à propos de la Bande Dessinée : Chimichanga #1 [2013]
Le dos de couverture de Chimichanga parle de "chef d'œuvre de tendresse et de beauté", que ce dernier "emprunte autant aux univers décalés de Burton que de Fellini pour offrir un conte magique". Nous ne pouvons qu'être d'accord, et presque ajouter qu'il s'agit là d'une petite perle réellement indispensable, un cadeau idéal à offrir ou se faire offrir, et que le rédacteur de ses lignes est complètement tombé amoureux de la nouvelle création de l'auteur de The Goon. Chef d’œuvre, oui, mais qui plus est, indispensable !
On a aimé
- Que du bon !
On a moins bien aimé
- RAS chef !
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