Critique Le repaire de Cthulhu #2 [2012]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 13 juillet 2013 à 12h28

Quand Nemo l’a bien Profond

Le premier tome de 20,000 siècles sous les mers abandonnait le lecteur sur le plus abrupt des cliffhangers : touché par l’aura maléfique d’un artefact lovecraftien, le capitaine Nemo, au cours d’un zoom arrière plein de dramaturgie, s’écroulait, raide mort. Mais, évidemment, tout cela n’avait comme unique but que de mettre le lecteur sous tension et aiguiser son appétit. Non seulement le célèbre génie anarchiste n’est pas mort mais, de plus, il va tomber amoureux de celle à qui il doit la vie.  Reste à savoir si cet amour va suffire à sauver le capitaine de la malédiction qui le frappe. C’est ce que Richard D. Nolane et Patrick A. Dumas vont nous inviter à découvrir de Le repaire de Cthulhu, deuxième volet de ce diptyque appartenant à la collection Soleil 1800.

Le récit conté dans le premier opus de 20,000 siècles sous les mers se posait comme les préparatifs d’une expédition visant à détruire une monstrueuse créature marine issue de l’imaginaire d'Howard Phillips Lovecraft: le Grand Cthulhu. Désormais, il est temps de passer aux actes. Hors, bien que bénéficiant de crédits illimités pour effectuer cette tache, le professeur Wendell de Miskatonic University ne disposait pas, jusqu’alors, du submersible capable d’atteindre les profondeurs de la cité de R’Lyeh, prison du dieu extraterrestre. Avec le Nautilus, c’est désormais chose faite. Victime d’une malédiction, le capitaine Nemo a en effet tout intérêt à collaborer, s’il ne veut pas, à terme, perdre son humanité. Il est accompagné du professeur Aronnax, spécialiste des monstres marins et ancien « compagnon de route » et de miss Dupin, une journaliste émancipée qui va avoir son rôle à jouer dans l’aventure.

Avec ce deuxième tome, Richard D. Nolane et Patrick A. Dumas nous entrainent au fond des mers pour une aventure extraordinaire tout en répondant, par l’intermédiaire de flashback et de visions cauchemardesques, aux nombreuses interrogations que l’on aurait pu se poser à la lecture du premier volet. Dans l’ensemble, l’intrigue apparait comme bien ficelée et cela même si le scénariste use parfois des caprices de la destinée comme facilité scénaristique (la rencontre entre Wendell et Nemo, le grand cauchemar de Nemo qui fait office de raccourci). Loin de forcer artificiellement l’aspect geek de l’œuvre, il exploite de manière très naturelle tous les éléments empruntés à la littérature fantastique post-victorienne et finit par construire sa propre histoire originale.  On est cependant un peu déçu.

Non pas que Le repaire de Cthulhu soit de lecture désagréable. Bien au contraire, l’épisode du fameux passage du Nord-Ouest est excellemment traité, digne des meilleurs épisodes de Voyage au fond des mers! C’est seulement que l’intrigue est finalement assez peu surprenante et linéaire et que, surtout, l’adversité manque de force horrifique. Ainsi, le fan de Lovecraft sera d’accord pour trouver que les Profonds introduits en masse dans cet album (ils sont les principaux adversaires des héros) sont bien moins impressionnants que ceux décrits par l’écrivain de Providence dans ses écrits. Alors qu’il excelle dans les dessins architecturaux (moins présents que dans le premier tome), Patrick A. Dumas nous expose ici des créatures marines humanoïdes assez proches de ceux du continent des hommes-poissons, pas les horribles créatures dégénérées, mi-humaines, mi-batraciennes, qui habitent Le Cauchemar d’Innsmouth. Tout cela n’est guère impressionnant. Enfin, l’arrivée à R’Lyeh se devait d’être plus spectaculaire. Les intentions sont là mais, couchées sur le papier, victimes d’un découpage trop peu rythmé et d’une imagerie très sage, elles se traduisent par un spectacle manquant de punch et d’horreur.

La conclusion de à propos de la Bande Dessinée : Le repaire de Cthulhu #2 [2012]

Auteur Nicolas L.
70

S’il est toujours agréable, pour l’amateur de récits lovecraftiens, de voir se matérialiser sur le papier les fantasmes d’un fantastique écrivain, force est d’admettre que le point fort de 20,000 siècles sous les mers ne repose pas sur cet aspect. En effet, dans ce tome, l’horreur lovecraftienne se voit effacée par un traitement général bien trop sage. Non, au final, ce diptyque vaut surtout le coup d’œil pour son aspect pulp, avec un récit bien fignolé par David D. Nolane qui se fait plaisir, et nous aussi par la même occasion, en réunissant dans une même histoire pleine de références des personnages mythiques.

On a aimé

  • Une intrigue bien ficelée
  • Un joli fantasme de geek
  • Des dessins de qualité

On a moins bien aimé

  • Un récit assez linéaire
  • Pas assez horrifique
  • Un final un peu trop mou

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