Critique Gravity [2013]
Avis critique rédigé par Richard B. le jeudi 19 septembre 2013 à 00h17
Dans l'espace, personne ne vous entendra crier...
Tout comme le Messie, Gravity était attendu. Pour de bonnes raisons. Tout d'abord, il s'agit du nouveau film d'Alfonso Cuarón ; homme qui a par le passé laissé une impression plus que positive avec Les Fils de l'homme - en plus d'avoir signé (et de très loin) le meilleur film de la saga Harry Potter. Puis, plusieurs rumeurs alléchantes, ainsi que des extraits particulièrement accrocheurs ont fini par générer chez le cinéphile une forte impatience. Reste que le plus souvent le passé a montré qu'à trop attendre un film, on peut être déçu à l'arrivée, d'autant qu'on était loin d'être certain que Gravity allait tenir ses promesses - en dehors des morceaux de bravoure montrés dans les bandes annonces. Le film désormais dévoilé, qu'en est-il vraiment ?
Le docteur Ryan Stone (Sandra Bullock), une brillante experte en ingénierie médicale, effectue sa toute première mission dans l'espace. Elle est accompagnée de quelques astronautes chevronnés, dont Matt Kowalsky (George Clooney) qui effectue son dernier vol avant de prendre sa retraite. Alors qu'ils effectuent une opération « de routine », les débris d'un satellite percutent la navette. Suite à cet accident, Stone se retrouve projetée dans le vide sidéral, sans contact avec la Terre et avec une réserve d'oxygène très limitée. Peu à peu, elle cède à la panique...
Dire que Gravity représente le film le plus ambitieux vu depuis des lustres serait peut-être mentir, mais, pour autant, ne pas être très loin de la vérité. En effet, s'il est vrai que le film écrit par Alfonso Cuarón et son fils Jonás Cuarón n’annonce pas les ambitions d'un 2001, l'odyssée de l'espace et que le scénario (avec ce nouvel incident qui, à la manière d’un effet domino, s’enchaîne pilepoil derrière le précédent) peut paraître improbable, il n'en reste pas moins que le film est profondément humain, et qu’il bénéficie d’un véritable fond. Bien entendu, un peu comme dans Les Fils de l'homme, on peut y déceler un propos légèrement biblique (même si par le passé le réalisateur a préféré évoquer pour son précédent film le terme « archétype spirituel »), et si dans Gravity il n'est pas question de la naissance d'un sauveur, Cuarón offre une nouvelle lecture « spirituelle », certes assez subtile pour être vue telle une fable poétique autour de la survie ou surtout comme un hymne à la vie. Reste que son film ne se contente pas d'être un simple survival ou film-catastrophe. Mais ce qui est peut-être le plus novateur, et qui fait la force première de Gravity, c'est de voir à quel point l'histoire et l'image s’additionnent pour former une sorte d'expérience unique. Avec Gravity, on ne suit pas une histoire qui se déroule dans l'espace, on est dans l'histoire, on est dans l'espace, on est au côté du personnage de Sandra Bullock et on partage son calvaire. On pourrait facilement lier tout cela à la réalisation, et d'ailleurs il n'y aura que des choses flatteuses à dire autour de celle-ci, mais on décèle aisément que l'écriture du script mettait déjà en évidence à la fois les grands axes qui allaient conduire à une certaine mise en scène, mais aussi définissant précisément les événements à vivre avec les personnages et ce qu'on apprendrait d'eux.
Pour le reste, Gravity c'est surtout un modèle de réalisation. Cuarón ne fait pas que se placer dans la lignée des grands réalisateurs, il fait bien plus que cela, il rentre dans le cercle restreint de ceux qui ont réinventé la mise en scène, à la manière d’un Hitchcock ou d’un Kubrick. Il serait aisé de parler de ce plan séquence d'introduction plein de virtuosité – à la durée assez considérable – qui nous entraîne directement en orbite autour de la Terre, mais cela serait trop résumer. Le génie, on le retrouve bien de la première à la dernière image. Avec Gravity, c'est un peu comme si Cuarón revenait à l'essence même du cinéma : faire croire au public que ce qui est à l'image est réel. Cuarón nous permet en quelque sorte de revivre la naïveté du public des films de Méliès, une époque où celui-ci réagissait vivement lorsqu'une fusée venait à s'écraser sur l’œil gauche de la Lune. Durant toute la durée du métrage, le spectateur est en totale immersion et il apparaît impossible de penser à autre chose que ce qui se passe sur l'écran. On est fasciné par l’immensité de l'espace, avec une forte impression d'y être et d'assister au spectacle à travers le hublot d'une navette. La 3D n'est pas pour rien dans cette expérience, et étrangement ce n’est pas lors du plan séquence star que celle-ci nous apparaîtra comme indispensable, mais bien par la suite alors que l’on évolue dans un simple scaphandre ou à l'intérieur d'un compartiment. Chaque élément visuel semble être pensé pour amener un sentiment, une réflexion, une sensation. Pas un seul plan de Gravity ne semble gratuit, une telle ambition de mise en scène ne s'était pas vue depuis fort longtemps et cela même si, étrangement, de par quelques détails discrets, on peut penser qu'un film comme Abyss à certainement influencé Cuarón sur sa façon de filmer le vide et l'isolement. Alors, oui, il est facile d'imaginer quelques personnes décrier le travail de Steven Price (Attack the block), avec une musique très (trop ?) présente, et pourtant il est indéniable que dans l’ensemble elle accompagne merveilleusement les images et apporte un véritable complément d'émotion.
Il est aussi impossible de ne pas parler de toutes ses techniciens des effets spéciaux dont les noms resteront inconnus, mais qui se sont surpassés pour donner vie aux images photo réalistes du film de Cuarón, dont pas un plan ne semble raté. Certes, Gravity est bien moins tape-à-l’œil qu'un Man of Steel ou que, plus récemment, le dernier Star Trek (qu'au demeurant, j'ai beaucoup aimé). Reste qu'ici la subtilité des FX font que l'on croit à chaque instant être dans un univers réaliste, alors que le film s'est essentiellement fait sur fond bleu. C'est un peu comme une suite logique à Avatar : la technologie et les génies derrière leur écran, ainsi que les programmes toujours plus performants, ont une nouvelle fois relevé une barrière. Peut-être est-ce juste le sujet en lui-même qui a facilité cela, pour autant pas une seconde l’on ne pense au numérique.
Gravity sera aussi – du moins peut-être - l'opportunité pour Sandra Bullock de rafler une nouvelle fois un oscar après celui déjà gagné sur The Blind Side. L'actrice livre ici clairement et de très loin sa meilleure performance, son implication transpire la sincérité et elle arrive à véhiculer la moindre émotion avec une facilité qu'on aurait jusqu'ici jamais cru d'elle. Certes ; Bullock est une actrice attachante qui a participé à quelques bons films, mais dans le cadre de Gravity on peut parler d'une réelle performance puisqu'elle tient une grosse partie du film à elle seule avec juste de temps à autre George Clooney pour l'accompagner dans quelques péripéties. Un Clooney qui lui aussi ne démérite pas et ne manque pas de charisme avec ses yeux bleus... pardon marron (mais pas facile de bien voir la couleur des yeux dans l'espace, non?)
La conclusion de Richard B. à propos du Film : Gravity [2013]
S'il est vrai que le scénario peut paraître improbable, il ne manque pas de fond et surtout d’éléments pour nous captiver sur toute la longueur du film. L'expérience cinématographique que nous offre Gravity est unique. Le spectateur est en immersion totale et, en cela, Gravity est une œuvre qui va immanquablement faire date. Il y a les films qui se contentent de copier une formule en esquivant toute forme de danger, qui sont plaisants, mais on oublie trop souvent qu’il y a ceux qui dépassent les limites et prennent des risques même si par la suite ils se montrent difficiles à étiqueter. Et si la réussite est au rendez-vous, comme ici, ils s'offrent une place au panthéon des œuvres qui marquent à jamais le cinéma. Il y aura un avant et un après Gravity, et Cuarón s'impose définitivement comme l'égal des plus grands réalisateurs.
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