Critique Le Monde de Dory [2016]
Avis critique rédigé par Bastien L. le samedi 25 juin 2016 à 09h54
Bonjour ! Je suis dory !.... Bonjour ! Je suis Dory !
Critique de la VF en 2D.
Pixar est-il toujours le leader incontesté de la production de films d'animation en images de synthèses ? Entre 1996, année de la sortie de Toy Story et 2010, avec la sortie de Toy Story 3, il n'y avait quasiment aucun débat possible. Et puis la magie s'est quelque peu estompée avec des productions toujours aussi sublimes et sympathiques mais à qui il manquait le supplément d'âme qui fait la force du studio américain. Après Cars 2, Rebelle et Monstres Academy légèrement décevants, Pixar fit un retour en grâce avec Vice-Versa qui devint culte instantanément malgré Le Voyage d'Arlo plus mineur par la suite. D'où le retour très attendu de Marin, Nemo et Dory en ce début d'été 2016.
D'abord réticent à l'idée des suites (sauf en ce qui concerne sa licence phare Toy Story), Pixar s'est fait une raison avec les productions de Cars 2 ainsi que de Monstres Academy donc il semblait logique que Le Monde de Némo soit aussi prolongé. Le film de 2003 fut un énorme succès critique et même le plus gros succès public du duo Disney/Pixar avant d'être détrôné en 2010 par Toy Story 3 du point de vue du box-office. Mais Le Monde de Némo reste une œuvre culte pour beaucoup d'enfants et d'adultes depuis maintenant près de 15 ans. Pour tenter de réitérer l'exploit, Pixar fait revenir le grand Andrew Stanton après l'échec cuisant de son premier film live John Carter. Stanton est un pilier de la maison Pixar (comme peuvent l'être John Lasseter ou Pete Docter) ayant travaillé sur un bon nombre de ses œuvres majeurs depuis le premier Toy Story (en tant que scénariste, poste qu'il occupe sur beaucoup de films) et réalisant rien de moins que 1001 Pattes, Le Monde de Némo et Wall-E... Un sacré palmarès qui fait de lui la personne idéale pour réaliser cette suite aux allures de spin-off des aventures du poisson amnésique. On retrouve à ses côtés un autre grand ancien, Angus MacLane, qui est chez Pixar depuis 1987 ayant travaillé sur beaucoup de films et qui a réalisé des courts-métrages issus des univers de Wall-E et de Toy Story. Un duo chevronné, qui est aussi scénariste du film, qui doit confirmer le retour en grande forme de Pixar dans le monde de l'animation.
Des personnages principaux du Monde de Némo, l'amnésique mais énergique Dory fut incontestablement une grand réussite et une source de répliques cultes pour les spectateurs. Ce Chirurgien bleu (c'est le nom du poisson...) devient donc la star du métrage avec pour mission la recherche de ses parents. En effet, on sait peu de choses sur elle si ce n'est ses problèmes de pertes de mémoire plus ou moins immédiate qui expliquent sa solitude au moment de croiser Marin parti à la recherche de son fils. Un enchaînement d’événements fait que Dory se rappelle par bribes de sa famille et surtout de sa propre disparition l'ayant éloigné des siens. Elle se rappelle néanmoins que ses parents vivent près des côtes californiennes où elle découvre un immense institut de la vie marine qui est un mélange entre un centre de soins/recherches sur les espèces marines et un aquarium ouvert au public. C'est accompagnée de Marin et Nemo que Dory va tout faire pour s'infiltrer et chercher ses parents malgré un problème délicat : ses pertes de mémoires très fréquentes la faisant souvent foncer tête baisser vers le danger... Elle pourra néanmoins compter sur l'aide de ses amis poissons-clowns mais aussi d'un poulpe roi de l'évasion, d'une requin-baleine malvoyant, d'un beluga hypocondriaque, de lions de mer faignants, de loutres trop mignonnes mais aussi de Claire Chazal (sic)...
Encore une fois, Andrew Stanton et Pixar montrent toute leur science en ce qui concerne l'écriture d'un film d'animation vraiment destiné à toute la famille. C'est un divertissement calibré qui va plaire immanquablement aux enfants, adolescents et adultes (plus ou moins vieux) car il dispose de ce qu'il faut de rythme, de péripéties, de gags et de moments émouvants. L'utilisation éculée du MacGuffin (procédé scénaristique qui met un avant un but, une personne voire un objet ou une idée que les héros recherchent pendant tout le film faisant ainsi avancer l'intrigue) symbolisé ici par les parents de Dory fonctionne très bien car c'est un élément moteur qui permet à tous les personnages et toutes les péripéties d'exister entre eux de manière logique. L'ensemble fait preuve d'une grande fluidité qui est renforcé par un autre trait de génie propre à Pixar : des personnages secondaires comme tertiaires aussi géniaux que marquants. Chaque rencontre est souvent un petit moment de bonheur à savourer. Les dialogues s'enchaînent à merveille et on est secoué d'émotions du début à la fin mais jamais de manière gratuite. Le plus bel exemple est finalement le handicap de Dory : c'est un grand ressors comique mais aussi un moyen de dynamiser l'action quand l'héroïne avance sans réfléchir tout en étant très émouvant car c'est la cause de la solitude d'une femme qui s'est perdue étant enfant oubliant peu à peu d'où elle venait comme sa famille...
Le long-métrage fonctionne aussi car le casting français est à la hauteur comme souvent pour un Pixar. On entend avec plaisir les retours de Céline Monsarrat et de Franck Dubosc pour interpréter Dory tandis qu'une ribambelle d'acteurs et de professionnels du doublage composent le reste de la distribution. Les acteurs arrivent vraiment à nous emmener dans ce tourbillon d'émotions qui joue beaucoup sur l'appréciation du film. On apprécie aussi le zoo-anthropomorphisme toujours aussi bien géré (notamment les prénoms souvent très basiques des personnages secondaires) contrastant avec la beauté du milieu aquatique. Malgré toutes ses qualités, l'effet « suite » se fait quand même ressentir et la quête de Dory ressemble parfois un peu trop à celle de Marin... Disons que l'effet de surprise est atténué et que le film verse parfois un peu trop dans la nostalgie lors de certaines scènes... Il faut aussi avouer que si le film est de grande qualité, il ne parvient pas tout à fait à être au niveau des plus grands classiques du studio du fait de son statut de suite justement... Peut-être aussi parce que les prises de risques sont assez minimes car tout a été fait avec une grande efficacité mais sans pour autant trop déstabiliser un public qui est toujours en terrain connu.
Là où Pixar ne déçoit évidemment pas, c'est un point de vue technique. Le film est une nouvelle fois une grande réussite à ce niveau réussissant à être proprement sublime montrant que l'industrie pousse de plus en plus loin les limites du possible après les prouesses de Zootopie ou Kung Fu Panda 3 plus tôt dans l'année. La gestion de l'eau qui avait impressionné en 2003 est encore plus photo-réaliste en 2016 avec ses différentes variantes (surface, profondeur, aquarium...) et sa fluidité autour des personnages en mouvement. C'est une nouvelle fois tellement bluffant... Il en est de même pour l'animation des fonds marins et des personnages qui gagnent en fluidité et en détails montrant le chemin parcouru par cette équipe de pionniers. Tous les personnages sont magnifiquement réalisés et leurs mimiques et autres expressions du visage collent parfaitement avec leurs espèces offrant parfois de bons gags de situation. Concernant la réalisation de Andrew Stanton, elle se fait très classique mais surtout très efficace. Le cinéaste montre quand même son talent poindre quand il s'agit de nous émouvoir comme il a su si bien le faire dans Wall-E notamment. Il sait donner un vrai sens du rythme sans aucune confusion à son film tout en étant dans une lenteur limite contemplative à certains moments histoire de mettre en image la solitude et la perte de repères de Dory...
La conclusion de Bastien L. à propos du Film d'animation : Le Monde de Dory [2016]
Le Monde de Dory est une incontestable réussite en remplissant haut la main tous les critères que l'on était en droit d'attendre pour la suite tant attendue du Monde de Nemo. L'histoire est calibrée pour plaire à toutes la famille nous offrant ce qu'il faut d'humour, de suspense, d'excitation et de tendresse pour ressortir du cinéma avec une grande satisfaction. Les équipes de Pixar montre une nouvelle fois qu'ils savent répondre aux attentes de leur public notamment du point de vue technique où on est une nouvelle fois époustouflé. Le seul inconvénient est que ce film reste une suite inférieure au premier épisode comme aux grands films Pixar des années 2000.
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