Critique Sherlock Holmes et les monstruosités de Miskatonic #2 [2019]

Quinze années ont passé depuis que Sherlock et Watson ont découvert le monde de l’occulte et affronté le terrible et ambitieux Moriarty. Quinze années qui ont usé Holmes, coûté la vie à l’épouse aimée de Watson. Pourtant, les deux amis accourent sans hésiter à l’asile effrayant de Bedlam lorsqu’un contact de Gregson fait part d’un patient particulier. Bedlam est la contraction d’hôpital royale de Bethlem et pourtant le lieu est sinistrement proche d’une prison. Il y rencontre le fameux patient : un jeune homme atrocement mutilé qui a du mal à s’exprimer et grave sur les murs de sa chambre des mots dans un alphabet étrange. Holmes le reconnait immédiatement, du r’lyehen.

R’luhlloig

Grah’n wgah’n

Sgn’wahl nyth

L’esprit caché

Celui qui est perdu contrôle

Partage les lieux avec le serviteur

^{(Traduction approximative, le r’lyehen n’est heureusement pas enseigné encore dans nos écoles)}

Le patient semble venir de Boston mais il est totalement amnésique. Il faut maintenant que nos détectives découvrent son identité. Commence alors une enquête palpitante où Holmes fera appel à des irréguliers bien irréguliers et où nous lirons le journal de bord effrayant d’un scientifique de l’université prestigieuse de Miskatonic. Ce dernier faisait partie d’une expédition maudite visant à capturer une créature quasi-mythique. Mais quelle idée !

Pour ce second opus, James Lovegrove reprend le stratagème des documents retrouvés chez son ancêtre feu Henry Prothero Lovecraft de Providence, dans le Rhode Island. Ces écrits seraient de la main du docteur Watson lui-même et dès la préface nous voici immerger dans une « histoire vraie ». Le style est très fluide, accentuant le ressenti de Watson face aux événements. Les lecteurs retrouvent les sensations d’une véritable histoire de Sherlock Holmes. L’ajout de touches surnaturelles est inclus avec finesse dans ces aventures, le mythe est bien présent mais cela reste une enquête menée par le détective le plus célèbre au monde. Inventif, l’auteur associe parfaitement les univers d’Howard Phillips Lovecraft et de Sir Arthur Conan Doyle pour un roman qui se dévore d’une traite. La lecture du journal de bord intégré à l’enquête est captivante et s’intègre parfaitement dans la structure narrative principale. C’est un hommage à deux maîtres de la littérature, le tout dans une écriture très abordable.

Il reste un troisième manuscrit d’après James Lovegrove, ce qui laisse entrevoir un prochain roman des dossiers Cthulhu (yeah !) mais aussi que ce sera le dernier (non !). Les éditions Bragelonne en tous cas a plus que bien fait de traduire ces œuvres qu’elles nous proposent en grand format à tranche dorée avec des couvertures superbes. Un très bel objet pour un page-turner d’enquête occulte.